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Xavier Dupont de Ligonnès : "Tout le monde attend dans l'émotion, des aveux, un récit et un début d'explications"

"La déchéance sociale et ses efforts désespérés pour tenir les fins de mois, il n'y arrivait plus", explique la journaliste Anne-Sophie Martin qui a enquêté sur l'affaire.

Article rédigé par franceinfo
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La journaliste Anne-Sophie Martin a écrit un livre sur l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès, "Le disparu". (RING 2016)

Correctif. Contrairement à ce qui avait été annoncé vendredi 11 octobre dans la soirée, l’homme arrêté à l’aéroport de Glasgow, en Ecosse (Royaume-Uni), n’est pas le Français Xavier Dupont de Ligonnès. Les résultats des analyses ADN et de la comparaison des empreintes digitales sont négatifs. Les informations rapportées dans l'article ci-dessous ne sont pas à jour.

Un homme soupçonné d'être Xavier Dupont de Ligonnès a été interpellé en Écosse vendredi 11 octobre. Xavier Dupont de Ligonnès est recherché depuis 2011, suspecté d'avoir tué sa femme et ses enfants en 2011 à Nantes.

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"Tout le monde attend dans l'émotion des aveux, un récit et un début d'explications", a réagi vendredi 11 octobre sur franceinfo Anne-Sophie Martin, journaliste et réalisatrice de France 2, qui a enquêté sur l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès. Elle est l'auteur d'un livre, Le disparu. Elle raconte "sa déchéance sociale" et sa "grande détresse psychologique".

franceinfo : C'est l'une des plus mystérieuses énigmes criminelles ?

Anne-Sophie Martin : J'ai pensé après cette enquête et les confidences des proches, que le suspect numéro un, si c'était lui, ne s'était pas suicidé, mais était survivant et était en fuite. Sachant qu'au départ de cette histoire, il y a un décalage entre la découverte des corps le 21 avril 2011 et la disparition de cet homme qui quitte Nantes le 10 avril et dont on retrouvera trace jusqu'au 15 avril. Cela fait 7 jours d'écart. Je pense qu'il y avait un retard à l'allumage qui arrive dans certaines enquêtes. Du coup, il pouvait très bien être parti assez aisément et avec une espèce de débrouillardise extrêmement efficace et qu'on ne le retrouverait pas de sitôt. Il y a des années, je parlais d'une cavale plus qu'un suicide. On a beaucoup cherché son corps dans l'arrière-pays du Var. Mais je pensais que la structure du personnage et la multiplicité des choses qui l'accusent, dont tous les courriers envoyés aux écoles des enfants et au travail de sa femme, c'était pour gagner du temps et brouiller les pistes.

Est-ce que tout cela était prémédité ?

C'est compliqué à dire. Cela appartient à la justice d'établir la préméditation. Ce qui est sûr, c'est qu'il y avait des signes d'une détresse dans les mails à ses proches et ses amis. Il y avait une annonce que eux n'ont pas interprété comme ça. Il y avait des mails où il disait qu'il avait envie de se foutre en l'air ou de mettre le feu à la maison après avoir drogué tout le monde. C'est proche de la constatation des faits.

C'est un personnage a plusieurs facettes ?

Il y avait cette facette de la réussite, de l'élan social. C'est un noble. C'est une famille honorablement connue, extrêmement insérée, avec des enfants beaux, souriants, qui réussissaient, qui ont beaucoup d'amis, qui sont très entourés. C'est une famille qui présentait bien, d'origine versaillaise. Aucune personne du quartier n'a vu venir quoique ce soit. C'est ce qui colle avec un geste ultime et personnel et assez désespéré. Rien ne l'annonçait nulle part, sauf lui qui avait envoyé des écrits où il faisait part de sa peur et de son échec. La déchéance sociale et ses efforts désespérés pour tenir les fins de mois, il n'y arrivait plus. Il avait fait le tour de toutes ses connaissances pour emprunter de l'argent. Au bout d'un moment, c'est humiliant. Il y a quelque chose de très psychologique et d'une très grande détresse. Je ne sais pas si cet homme arrêté c'est bien lui. Je ne sais pas s'il pourra parler et raconter tout ça. En tous cas, c'est ce qu'attendent tous les gens et toute la famille d'Agnès qui n'a jamais voulu parler, parce que la souffrance est là et que c'est un cataclysme. Tout le monde attend dans l'émotion des aveux, un récit et un début d'explications.

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