Viols à Paris : trois chiffres à retenir de l'étude de l'Observatoire de la délinquance
L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a réalisé une enquête sur les viols déclarés aux autorités et commis dans la capitale en 2013 et 2014, dévoilée vendredi par "Le Parisien".
Des chercheurs de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) ont observé de près les plaintes pour viol déposées à Paris en 2013 et 2014, en exploitant les données de la cellule opérationnelle de rapprochements et d'analyse des infractions liées (Corail) de la PJ parisienne.
L'étude se base sur un échantillon de 688 viols (598 sur majeurs et 90 sur mineurs), sachant qu'en moyenne, seuls 10% des viols commis en France font l'objet d'une plainte. Elle est publiée, vendredi 22 janvier, dans Le Parisien-Aujourd'hui en France. Francetv info liste trois enseignements à retenir de cette étude.
Un homme de 34 ans : le portrait-robot d'une personne accusée de viol
Selon les chiffres, qui portent sur les viols de majeurs, l'âge moyen de la personne incriminée est de 34 ans. Néanmoins, Le Parisien précise que 59% des mis en cause ont moins de 34 ans (dont une très faible proportion de mineurs : 3,4%), qu'un peu plus de la moitié sont de nationalité étrangère (52%) et 44% sont sans emploi. "Dans près de la moitié des cas (48%), ils étaient déjà connus des services de police dont 1/5 pour des infractions sexuelles", ajoute le quotidien.
Autre enseignement : les 322 personnes identifiées par les services de police comme des auteurs de viol sont toutes de sexe masculin. "Seules quatre femmes ont été mises en cause, mais uniquement pour des faits sur mineurs", pointe Le Parisien.
En revanche, 93% des victimes de viols, soit 553 personnes, sont des femmes selon l'ONDRP. Plus de 40% d'entre elles avaient moins de 25 ans au moment des faits. La moitié de ces victimes (49%) a un emploi, avec une forte représentation de la catégorie cadres et professions intellectuelles supérieures.
La moitié des victimes intoxiquées au moment des faits, en majorité avec de l'alcool
Pour certaines victimes, des précisions sont données par le document de l'ONDRP sur l'état dans lequel elles se trouvaient lorsque le viol a été commis. Sur les 513 victimes pour lesquelles l'information était disponible, 255 étaient intoxiquées au moment des faits. Dans la très grande majorité des cas, il s'agit de consommation d'alcool, précise Le Parisien.
"Quand il y a consommation d'alcool, on constate que, si les faits sont contestés, c'est plus difficile de faire tenir les procédures lorsque les victimes sont très alcoolisées", assure au quotidien Me Martine Moscovici, avocate au barreau de Paris, spécialisée dans ce domaine.
Dans 57% des cas, les viols ont lieu dans des habitations, le plus souvent la nuit
Dans près de trois-quarts des cas (74%), les viols commis dans la capitale en 2013 et 2014 l'ont été dans des espaces privés, à commencer par les lieux d'habitation (57%), constate l'ONDRP. Seuls 12% ont été commis sur la voie publique. "Sans surprise, on apprend que la plupart des viols sont commis la nuit (73%) et le week-end (40% de viols le samedi et le dimanche)", ajoute Le Parisien.
L'étude indique que, dans la moitié des cas (49%), les victimes entretenaient un lien (amical ou sentimental) avec l'agresseur. Mais ce chiffre est encore en deça de la réalité, l'étude de l'ONDRP reposant sur les faits déclarés aux autorités. "C'est beaucoup plus facile de porter plainte contre un inconnu que contre son conjoint. Le viol intrafamilial est un tabou encore difficile à lever", explique au Parisien la militante féministe Caroline De Haas.
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