Vingt ans après la tuerie de Nanterre, un rescapé se confie : "On est traumatisé à vie"
La commune des Hauts-de-Seine organise dimanche une cérémonie en hommage aux huit élus tués à l'issue d'un conseil municipal, et aux rescapés qui restent très marqués.
"Vingt ans, c'est peu et c'est beaucoup", confie Pierre Creuzet, un ancien élu d'opposition, rescapé de la nuit tragique nommée "tuerie de Nanterre" par les médias. Dans la nuit du 26 au 27 mars 2002, en pleine campagne présidentielle, un homme de 33 ans assiste impassible au conseil municipal de Nanterre (Hauts-de-Seine), avec deux pistolets automatiques cachés dans sa veste. À la fin de la séance, Richard Durn se lève et vide méthodiquement trois chargeurs de gros calibre. Il est 1 heure du matin. Huit élus meurent et 19 sont blessés. "Acte de folie meurtrière", pour le président candidat à sa réélection, Jacques Chirac, "démence furieuse", pour son Premier ministre et adversaire Lionel Jospin... C'est l'un des actes les plus graves jamais commis contre des élus en France.
Pierre Creuzet a été touché par trois balles ce soir-là et reste très marqué par cette fusillade : "On est traumatisé à vie. Évidemment, c'est beaucoup plus calme qu'avant mais il y a toujours cette peur. Quand j'entends du bruit, je sursaute quand d'autres ne sursautent pas". Il n'exerce plus de mandat politique mais il a poursuivi son activité comme élu de la ville pendant 12 ans après la tuerie. Désormais, Pierre Creuzet travaille pour une association qui vise à redynamiser le centre-ville Nanterre et surtout à renforcer les liens entre les habitants.
Une cérémonie de commémoration est organisée à 16 heures dimanche 27 mars, sur la place de l'Hôtel de ville. Pierre Creuzet est l'un des organisateurs. Cette démarche ravive des souvenirs douloureux. "Il y a toujours ce sentiment de gâchis", confie-t-il.
"On est des élus de la République, on se disait qu'il ne pouvait rien nous arriver, notamment au conseil municipal. Et je me dis, tout ça pour quoi ?"
Pierre Creuzet, ancien éluà franceinfo
Malgré la douleur, il est essentiel pour lui de permettre ce recueillement. Patrick Jarry, le maire actuel de Nanterre, partage ce sentiment. Il était lui aussi présent dans la salle du conseil municipal. "Évidemment, je suis dans une position particulière puisque je suis le maire de cette ville. Ce sont forcément des moments difficiles mais je suis fier que la ville se mobilise."
Le parvis de l'Hôtel de ville va être rebaptisé "Place du 27 mars 2002" pour ne pas oublier. L'édile dévoilera la plaque pendant la cérémonie. "Il faut que l'on sache qu'il s'est produit ici un événement qui a bouleversé Nanterre". Mais Patrick Jarry estime que poursuivre son action politique à l'échelle locale est le meilleur hommage qu'il puisse rendre à ses amis disparus."Je pense que nos amis qui sont décédés ce soir-là auraient voulu que nous portions cette parole".
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