Karl Rose condamné à perpétuité pour avoir abattu trois personnes dans les rues d'Istres en avril 2013
Le jeune homme de 23 ans était jugé depuis le 5 janvier devant les assises des Bouches-du-Rhône.
Le verdict est tombé. Karl Rose a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, pour avoir tué trois personnes et blessé une quatrième à la kalachnikov dans les rues d'Istres en avril 2013. Le jeune homme de 23 ans était jugé depuis le 5 janvier devant les assises des Bouches-du-Rhône. Conformément aux réquisitions de l'avocat général, la cour a retenu l'altération du discernement de l'accusé, âgé de 19 ans à l'époque des faits, mais a décidé d'appliquer malgré tout la peine maximale prévue par la loi.
Après ces meurtres commis au hasard et après avoir rechargé sa kalachnikov, le jeune garçon s'était dirigé vers l'Etang de Berre, avait jeté l'arme dans un fourré et s'était laissé arrêter par la police en disant: "C'est moi, j'ai pété un câble."
"J'avais la haine des adultes"
"Je suis coupable, j'avais la haine. J'ai fait quatre ans de psychothérapie pour comprendre que c'est parce que mes parents m'avaient traité comme une bête, avait plaidé Karl Rose à l'ouverture de son procès. J'avais la haine des adultes."
Les avocats de Karl Rose avaient souligné un "contexte familial extrêmement lourd". Une mère alcoolique, dépressive et décrite comme tyrannique, avec qui l'adolescent entretenait des relations exécrables. Elle a élevé l'enfant jusqu'à ses 14 ans, avant qu'il ne s'installe chez son père.
"Depuis que j'avais 16 ans, je dormais avec une arme dans mon lit", avait ajouté l'accusé. "Il se rêvait comme une sorte de Rambo, comme un tueur de masse", a expliqué lundi à l'audience Nicolas Mallet, qui s'est décrit comme un "confident" en ligne de Karl Rose. "Je le prenais plutôt pour un mythomane", a-t-il précisé, assurant qu'il n'"aurait jamais cru" qu'il passerait à l'acte.
"Vous ne vous êtes pas dit que c'était dangereux ?" avait alors demandé le président au sujet de sa relation avec Karl Rose. "Je ne me suis pas rendu compte à qui j'avais affaire", avait-il répondu, reconnaissant qu'il "aurait dû mettre un terme à cette relation". Trois semaines avant les faits, Karl Rose lui avait également assuré avoir "tué un gitan et enterré son corps avec de la chaux". "J'ai fait une recherche Google, j'ai rien trouvé. (...) Je ne sais toujours pas si c'est vrai".
Il décrit les faits comme un jeu vidéo
Frédéric Meunier, expert psychiatreà l'audience
"Il y a une atteinte de la perception […]. Pour autant, il n’y a pas d’atteinte intellectuelle. Il était capable de savoir que ce qu’il faisait était violent et il pouvait se déterminer", a estimé mardi l'expert psychiatre Frédéric Meunier. De nombreuses vidéos d'actes violents et gratuits, réels ou factices mais réalistes, ont été retrouvées sur son ordinateur, montrant par exemple des enfants écrasés par un char ou un bébé découpé. Selon le psychiatre, l'altération de la perception entre le réel et l'imaginaire et "l'excitation face à des choses qui sont violentes" sont des symptômes de son trouble de personnalité.
Le psychiatre, qui a évalué l'accusé avec un confrère à deux reprises en 2013 et 2014, avait écarté toute maladie mentale, toute "psychopathie", "perversité" ou tout "trouble anxieux majeur".
"J'ai pris conscience que j'avais un peu une case de vide et que j'étais un danger pour la société. Pour des détraqués, la place est en prison", a estimé quant à lui Karl Rose. Fondu d'armes à feu, il surfait parfois sur des sites d'extrême droite et parlait sans arrêt de crimes et d'attentats avec son seul ami en ligne, Nicolas Mallet.
"Je suis vraiment désolé de vous avoir fait du mal", a-t-il dit aux familles de victimes. Avant de murmurer en sanglotant : "Je suis vraiment une merde", et de se prendre longuement la tête entre les mains.
"Qu'est-ce qu'il y a dans votre coeur?", l'a interpellé pendant l'audience le frère d'une victime. "Pas grand-chose, visiblement", a répondu Karl Rose avant que le président, Pascal Guichard, ne mette fin à l'échange.
Il avait parlé de ses envies de meurtre
Quelques mois avant le triple homicide, il avait parlé de ses intentions meurtrières à ses parents et à quelques personnes. Il avait demandé à voir un psychiatre, en vain. Une demande réitérée auprès de sa mère deux jours avant de passer à l'acte.
Il avait ainsi abattu Patrice Martinez et Serge Shorjian, qui bricolaient devant chez eux. Puis avait blessé Louisa Aissa-Olivieri dans sa voiture, avant d'abattre un autre automobiliste, Pierre Tanneux.
"Pour nous, ce n'était pas de la haine. On a demandé justice. Aujourd'hui, justice a été rendue", a réagi Eric Shorjian, le frère de Serge Shorjian, après le délibéré, estimant que les familles allaient désormais devoir "se reconstruire".
Karl Rose dispose de 10 jours pour faire appel de sa condamnation, délai au-delà duquel sa peine deviendra définitive.
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