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Trois questions sur la spectatrice en niqab priée de quitter l'opéra Bastille

La spectactrice, installée au premier rang, portait un voile lui masquant les cheveux, la bouche et le nez. Depuis 2010, se dissimuler le visage est interdit par la loi.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une femme dont le visage était masqué a été priée de quitter l'opéra Bastille à Paris, lors d'une représentation de "La Traviata", le 3 octobre 2014. (LOIC VENANCE / AFP)

Venu assister à une représentation de La Traviata à l'opéra Bastille, au début du mois, un couple a été prié de quitter les lieux, a révélé Metronews, dimanche 19 octobre.

Repérée par des choristes, la spectatrice portait un niqab, ce voile qui couvre les cheveux, le cou, la bouche et le nez. Depuis 2010, une telle dissimulation du visage est interdite par la loi. Francetv info revient sur cet incident en trois questions.

Que s'est-il passé ?

Le 3 octobre dernier, l'opéra Bastille proposait une représentation de La Traviata, le classique de Giuseppe Verdi. Ce jour-là, une femme et son compagnon, venus d'un pays du Golfe, selon Metronews, sont installés au premier rang. Elle porte un voile clair masquant son visage.

La spectatrice est repérée par les écrans de contrôle, ainsi que par des choristes, explique le directeur adjoint de l'Opéra de Paris, Jean-Philippe Thiellay. Certains refusent de continuer à chanter si une solution n'est pas trouvée.

Lors d'une pause musicale, un contrôleur approche la spectatrice et son compagnon. Le contrôleur "lui a dit qu'il y avait en France une interdiction de cette nature, lui a demandé soit de découvrir son visage, soit de quitter la salle", raconte Jean-Philippe Thiellay. "Le monsieur a demandé à la dame de se lever, ils sont sortis. Cela a duré peu de temps, ça s'est passé de manière fluide, il n'y a eu aucun incident."

Que dit la loi ?

Depuis la loi du 11 octobre 2010, la règle est claire : "Nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage", sous peine d'une amende d'un montant maximum de 150 euros et d'un stage de citoyenneté. L'opéra Bastille est concerné par la réglementation, puisque le texte précise que l'espace public est constitué de la voie publique, mais aussi "des lieux ouverts au public ou affectés à un service public".

Dans ce cas précis, la spectatrice et son compagnon ont choisi de quitter la salle de leur plein gré. L'opéra Bastille aurait-il pu les contraindre à sortir ? "Nous sommes un service public", explique Jean-Philippe Thiellay à Metronews. Une circulaire datant du 2 mars 2011 précise la marche à suivre dans ce type de situation.

Les agents chargés d'un service public peuvent "refuser l'accès au service à toute personne dont le visage est dissimulé", détaille le texte. Mais ce jour-là, la spectatrice était déjà installée dans la salle. Dans ce cas, "il est recommandé aux agents de lui rappeler la réglementation applicable et de l'inviter au respect de la loi, en se découvrant ou en quittant les lieux", explique le décret. Ce qui a été fait, selon le récit de Jean-Philippe Thiellay.

"En revanche, la loi ne confère en aucun cas à un agent le pouvoir de contraindre une personne à se découvrir ou à sortir", d'après le texte. Si l'opéra Bastille avait usé de la contrainte, le personnel de l'opéra concerné aurait pu faire face à des poursuites pénales. "En face d'un refus d'obtempérer", explique le décret, les agents doivent faire appel à la police ou la gendarmerie nationale.

Ce genre d'incident est-il fréquent ?

Entre avril 2011, date d'entrée en vigueur de la loi, et 2013, 812 condamnations ont été enregistrées, selon les données publiées par l'Observatoire de la laïcité dans son rapport annuel (PDF, voir page 80), publié en mai 2014.

Un tel incident serait en revanche inédit à l'opéra Bastille. "Cela ne s'était jamais présenté" auparavant au sein de l'établissement, indique Jean-Philippe Thiellay. Le ministère de la Culture rédige actuellement une note pour rappeler la consigne à suivre aux théâtres, musées et autres établissements publics sous sa tutelle.

"Nous avons jugé utile d'informer de l'état du droit l'ensemble des établissements publics relevant du ministère, a-t-on expliqué rue de Valois, afin de faire respecter le droit, harmoniser les réactions et prévenir les difficultés."

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