Attaque du Thalys : comment renforcer le niveau de sécurité dans les gares et les trains ?
L'attaque vendredi dans un Thalys reliant Amsterdam à Paris par un homme soupçonné d'appartenir à la mouvance islamiste radicale soulève des interrogations sur la sécurité dans les trains.
Deux jours après l'attaque du Thalys qui a fait deux blessés par un homme soupçonné d'appartenir à la mouvance islamiste radicale, la question de la sécurité dans les trains et dans les gares se pose. Dans les grandes gares, elle a par ailleurs déjà été renforcée. Depuis les attentats jihadistes de janvier, 7 000 soldats sont chargés de surveiller les lieux sensibles en France dans le cadre de l'opération Sentinelle et le plan vigipirate a été relevé à son niveau maximum en Ile-de-France, avec des patrouilles fréquentes dans les gares et aérogares et davantage de contrôles d'identité.
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Sans annoncer de nouveau dispositif, le ministre de l'Intérieur a adressé dans la nuit de vendredi à samedi un télégramme à tous les préfets de France pour leur "rappeler les principes de vigilance et de surveillance" nécessaires à proximité des gares et dans l'ensemble des transports. Toutefois, plusieurs mesures vont être mises en œuvre ou étudier pour renforcer la sécurité dans les gares.
Un numéro spécial de signalement "des situations anormales"
Manuel Valls a annoncé samedi que la SNCF allait mettre en place, après les tirs dans un Thalys, "un numéro national de signalement des situations anormales" dans les gares et les trains. Il s'agit du 3117. "Ce numéro vert de vigilance citoyenne permet à chacun de signaler quelque chose d’anormal, voire inquiétant, en gare ou dans un train. Cette information, vous pourrez la donner à toute personne formée et qualifiée pour identifier s’il s’agit de quelque chose de bénin ou si cela peut déclencher une intervention. Le 3117 existe pour les incivilités, il sera opérationnel pour ce nouveau dispositif le 1er septembre", explique le président de la SNCF, Guillaume Pepy, au JDD. Quarante personnes devraient être dédiées à ce service, des "cheminots spécialisés dans la sûreté, spécialement formés pour identifier une vraie ou une fausse alerte".
Le renforcement des patrouilles de la sûreté ferroviaire
Guillaume Pepy souligne également que 3 000 agents "spécialement affectés à la sûreté, armés et assermentés, qui travaillent en collaboration étroite avec la police ferroviaire sur tout le territoire", surveillent actuellement les gares et les trains. Ces patrouilles devraient être renforcées, mais la nature de ce renforcement reste confidentielle car il relève "des priorités opérationnelles", poursuit le président de la SNCF, interrogé par Le Journal du dimanche.
Une signalétique plus présente
La SNCF va également renforcer la signalétique sur les questions de vigilance dans les gares et les trains. "On va la renforcer car c'est décisif. Avant de faire preuve d'héroïsme, les trois hommes du Thalys ont identifié la menace directe. C'est d'abord leur vigilance qui a permis de sauver des vies", estime Guillaume Pepy.
D'autres mesures sont à l'étude, mais pas question de faire comme dans les aéroports
Le président de la SNCF annonce aussi que le gouvernement étudie d'autres actions pour rehausser le niveau de sécurité, sans préciser leur nature. Il n'exclut pas non plus un contrôle des bagages "aléatoire".
En revanche, hors de question de procéder comme dans les aéroports. Pour Guillaume Pepy, un dispositif de contrôle systématique des bagages est impossible à mettre en place en raison du nombre trop important de voyageurs dans les gares. "Le train en France, c'est 20 fois plus de trafic que l'aérien. Vous voyez ce que sont les mesures de contrôle d'embarquement dans les aéroports, il faudrait faire 20 fois plus dans le train. Ce n'est pas une piste sur laquelle il faut compter." Trois mille gares constituent le réseau ferroviaire du pays et cinq millions de Français empruntent chaque jour quelque 15 000 trains, a également rappelé le président de la SNCF.
Interrogé par francetv info, Louis Caprioli, ancien policier de la sécurité du territoire, estime lui aussi que "la SNCF ne peut pas mettre en place un système de sécurité vraiment efficace pour des raisons économiques". "Quand dans les aéroports on a créé le parcours de sécurité que l’on connaît aujourd’hui, le trafic s’est considérablement ralenti (...) La SNCF n’est donc certainement pas hostile au renforcement des contrôles de sécurité, mais les conséquences et les coûts que cela représenterait sont faramineux", explique cet expert.
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