Deux journalistes menacées de mort après avoir été condamnées pour le transfert de fonds à des membres de l'Etat islamique
Deux journalistes ont reçu des menaces de mort après avoir été condamnées par le tribunal de Paris pour avoir notamment transféré des fonds à des membres du groupe Etat islamique (EI), a annoncé l’Association de la presse judiciaire (APJ), mercredi 27 mars, dans un communiqué. L'organisation, qui rassemble des journalistes spécialisés dans les questions de justice, a dit apprendre "avec consternation que deux journalistes, Edith B. et Céline M., font l’objet d’injures et de menaces de mort sur les réseaux sociaux".
Edith B. et Céline M. ont été condamnées vendredi respectivement à 10 et 12 mois d'emprisonnement avec sursis. Autrices d'un livre-enquête sur les femmes françaises ayant rejoint l'EI, elles étaient jugées pour avoir transféré des fonds afin de payer des passeurs pour "exfiltrer" plusieurs femmes de Syrie ou d'Irak, et pour avoir pris part à l'opération ratée de sauvetage du jihadiste français Maximilien Thibaut.
Devant le tribunal, les deux journalistes avaient admis être "sorties du cadre" de leur métier, mais avaient maintenu avoir agi par "humanité", pour "sauver des vies". Vendredi, toutes deux se sont dites "choquées par la sévérité d'un jugement qu'elles ne comprennent pas" et ont fait part du "sentiment de n'avoir pas été entendues". Elles ont affirmé "n'avoir jamais financé le terrorisme", qu'elles combattent "chaque jour dans leur profession", et ont annoncé faire appel de la décision.
Trois ans avec sursis pour un ex-avocat
La peine la plus lourde, soit trois ans d'emprisonnement assorti du sursis simple, vise l'ancien avocat Bruno V., 50 ans. Le ministère public avait requis en janvier cinq ans d'emprisonnement.
Bruno V. a reconnu avoir participé à la corruption d'un officier de l'armée irakienne pour tenter, en vain, d'épargner la vie de Maximilien Thibaut lors de la bataille de Mossoul, en Irak, en 2017, selon lui afin qu'il se rende. L'ex-avocat reconnaît la corruption, mais rejette les accusations de financement du terrorisme.
Le tribunal l'a relaxé partiellement sur ce point, notamment sur ses messages échangés avec des clientes, des femmes jihadistes retenues dans un camp en Syrie. Il l'a condamné à une amende douanière solidaire de 10 000 euros, amende demandée par les douanes et à payer avec les deux prévenues journalistes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.