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Aristide Barraud, rugbyman blessĂ© lors des attentats de Paris : "Il m’a mis en joue, j’ai rĂ©agi comme sur un terrain"

Gravement touchĂ© le 13 novembre au Petit Cambodge, l'ancien joueur du Stade Français se confie Ă  "L'Equipe". Un tĂ©moignage intense. 

Article rédigé par franceinfo
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Aristide Barraud, lors d'un entraßnement du Stade Français, au stade Suzanne-Lenglen, à Paris, le 12 janvier 2010. (MAXPPP)

Aristide Barraud est un miraculé. Ce rugbyman, formé à Massy et passé par le Stade Français, a été touché par trois balles de kalachnikov au Petit Cambodge, le 13 novembre, lors des attentats de Paris et Saint-Denis. La premiÚre a perforé un poumon, la seconde a touché sa cuisse gauche et la troisiÚme a explosé avant de l'atteindre. Mais des fragments ont pénétré dans sa jambe gauche. 

"En fait, dans le milliĂšme de seconde, j’ai compris et j’ai Ă©tĂ© actif. Ç’a Ă©tĂ© instinctif. J’ai entendu trois coups de feu, j’ai tournĂ© la tĂȘte, il m’a mis en joue, en me regardant. J’ai rĂ©agi", explique Aristide Barraud, dans une interview Ă  L'Equipe (article abonnĂ©s), publiĂ© mercredi 2 mars. "Comme sur un terrain, oĂč on prend des dĂ©cisions dans le dixiĂšme de seconde. Mon rĂ©flexe, c’est de mettre ma sƓur derriĂšre moi [il s'est aussi mis sur le cĂŽtĂ©]. C’est lĂ  qu’on a Ă©tĂ© touchĂ©s", poursuit-il. 

"Ce rĂ©flexe, les psychiatres m’ont dit que c’était grĂące Ă  ma facultĂ© d’analyse de sportif de haut niveau. On travaille tout le temps pour que des gestes deviennent instinctifs dans le moment voulu. LĂ , ça m’a servi", constate le jeune homme de 26 ans. Aristide Barraud est opĂ©rĂ© pour la quatriĂšme fois ce mercredi 2 mars. Trois jours aprĂšs le 13 novembre, les mĂ©decins lui ont dit : "Vous pourrez sĂ»rement rejouer." "A partir de ce moment-lĂ , j'ai senti une force intĂ©rieure qui m'a poussĂ© et me pousse encore", tĂ©moigne dans L'Equipe le rugbyman qui Ă©voluait en Italie, Ă  Mogliano, jusqu'en novembre.

Secouru par Serge Simon

Les médecins "n'ont pas compris comment je n'étais pas mort dans les dix minutes", s'étonne encore le jeune homme. Selon lui, l'habitude d'enchaßner les matchs l'a aidé à ne pas se laisser aller. "DÚs la réanimation, je suis passé à autre chose, explique-t-il. Les médecins m'ont dit que c'étaient les sportifs de haut niveau et les militaires qui réagissaient comme ça." 

Face Ă  la "force vitale" d'Aristide Barraud et sa condition de sportif de haut niveau, les mĂ©decins dĂ©cident d'opĂ©rer son poumon touchĂ© et non de le retirer, comme cela avait Ă©tĂ© envisagĂ©. Le demi d'ouverture doit sa "survie" aux chirurgiens. Et Ă  Serge Simon, ancien joueur du XV de France et mĂ©decin de formation. Hasard de la vie, il est la premiĂšre personne Ă  le prendre en charge, sur la terrasse du Petit Cambodge. "Vous ĂȘtes Serge Simon. Salut, je m'appelle Aristide, je suis rugbyman", lui dit-il. Les deux hommes se sont revus depuis. 

Aujourd'hui, Aristide Barraud se bat, avec sa sƓur, blessĂ©e au bras, pour se rĂ©tablir. Avec une impressionnante dĂ©termination. "Je ne vois que le positif de tout ça", assure-t-il. S'il refuse l'Ă©tiquette de "hĂ©ros" et attribue sa survie au "hasard", le sportif souhaite "envoyer des signaux" : "Si, moi, je m'en sors, si je ne bascule pas dans la haine, si je n'exprime pas de colĂšre envers qui que ce soit, ça peut avoir du poids."

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