Aristide Barraud, rugbyman blessĂ© lors des attentats de Paris : "Il mâa mis en joue, jâai rĂ©agi comme sur un terrain"
Gravement touché le 13 novembre au Petit Cambodge, l'ancien joueur du Stade Français se confie à "L'Equipe". Un témoignage intense.
Aristide Barraud est un miraculĂ©. Ce rugbyman, formĂ© Ă Massy et passĂ© par le Stade Français, a Ă©tĂ© touchĂ© par trois balles de kalachnikov au Petit Cambodge, le 13 novembre, lors des attentats de Paris et Saint-Denis. La premiĂšre a perforĂ© un poumon, la seconde a touchĂ© sa cuisse gauche et la troisiĂšme a explosĂ© avant de l'atteindre. Mais des fragments ont pĂ©nĂ©trĂ© dans sa jambe gauche.Â
"En fait, dans le milliĂšme de seconde, jâai compris et jâai Ă©tĂ© actif. Ăâa Ă©tĂ© instinctif. Jâai entendu trois coups de feu, jâai tournĂ© la tĂȘte, il mâa mis en joue, en me regardant. Jâai rĂ©agi", explique Aristide Barraud, dans une interview Ă L'Equipe (article abonnĂ©s), publiĂ© mercredi 2 mars. "Comme sur un terrain, oĂč on prend des dĂ©cisions dans le dixiĂšme de seconde. Mon rĂ©flexe, câest de mettre ma sĆur derriĂšre moi [il s'est aussi mis sur le cĂŽtĂ©]. Câest lĂ quâon a Ă©tĂ© touchĂ©s", poursuit-il.Â
"Ce rĂ©flexe, les psychiatres mâont dit que câĂ©tait grĂące Ă ma facultĂ© dâanalyse de sportif de haut niveau. On travaille tout le temps pour que des gestes deviennent instinctifs dans le moment voulu. LĂ , ça mâa servi", constate le jeune homme de 26 ans. Aristide Barraud est opĂ©rĂ© pour la quatriĂšme fois ce mercredi 2 mars. Trois jours aprĂšs le 13 novembre, les mĂ©decins lui ont dit : "Vous pourrez sĂ»rement rejouer." "A partir de ce moment-lĂ , j'ai senti une force intĂ©rieure qui m'a poussĂ© et me pousse encore", tĂ©moigne dans L'Equipe le rugbyman qui Ă©voluait en Italie, Ă Mogliano, jusqu'en novembre.
Secouru par Serge Simon
Les mĂ©decins "n'ont pas compris comment je n'Ă©tais pas mort dans les dix minutes", s'Ă©tonne encore le jeune homme. Selon lui, l'habitude d'enchaĂźner les matchs l'a aidĂ© Ă ne pas se laisser aller. "DĂšs la rĂ©animation, je suis passĂ© Ă autre chose, explique-t-il. Les mĂ©decins m'ont dit que c'Ă©taient les sportifs de haut niveau et les militaires qui rĂ©agissaient comme ça."Â
Face Ă la "force vitale" d'Aristide Barraud et sa condition de sportif de haut niveau, les mĂ©decins dĂ©cident d'opĂ©rer son poumon touchĂ© et non de le retirer, comme cela avait Ă©tĂ© envisagĂ©. Le demi d'ouverture doit sa "survie" aux chirurgiens. Et Ă Serge Simon, ancien joueur du XV de France et mĂ©decin de formation. Hasard de la vie, il est la premiĂšre personne Ă le prendre en charge, sur la terrasse du Petit Cambodge. "Vous ĂȘtes Serge Simon. Salut, je m'appelle Aristide, je suis rugbyman", lui dit-il. Les deux hommes se sont revus depuis.Â
Aujourd'hui, Aristide Barraud se bat, avec sa sĆur, blessĂ©e au bras, pour se rĂ©tablir. Avec une impressionnante dĂ©termination. "Je ne vois que le positif de tout ça", assure-t-il. S'il refuse l'Ă©tiquette de "hĂ©ros" et attribue sa survie au "hasard", le sportif souhaite "envoyer des signaux" : "Si, moi, je m'en sors, si je ne bascule pas dans la haine, si je n'exprime pas de colĂšre envers qui que ce soit, ça peut avoir du poids."
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