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Pourquoi les frères Clain étaient sur la liste des jihadistes les plus recherchés par la France

Vétérans du jihadisme, Fabien et Jean-Michel Clain étaient dans le viseur des renseignements français depuis de longues années. Ils étaient considérés comme résolus à poursuivre le combat, en dépit des nombreuses défaites militaires du groupe Etat islamique.

Article rédigé par franceinfo
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La fiche Interpol de Fabien Clain, l'une des voix de l'Etat islamique en France, prise en photo le 22 septembre 2016. (AP / SIPA)

L'un est mort, l'autre est grièvement blessé. Les frères Fabien et Jean-Michel Clain, jihadistes français, ont été visés par une frappe aérienne de la coalition internationale à Baghouz, dernier bastion de l'organisation terroriste État islamique (EI) en Syrie, selon les informations révélées par franceinfo jeudi 21 février.

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Considérés en 2018 comme toujours en vie et résolus à poursuivre le combat, les deux frères étaient dans le viseur des services antiterroristes depuis des années.

Ils sont les voix du message de revendication des attentats du 13-Novembre

Ces figures de l'EI étaient proches de la cellule ayant perpétré les attentats de Paris en 2015, puis ceux de Bruxelles en 2016. Fabien Clain, 40 ans, a enregistré le message diffusé pour revendiquer les attentats du 13-Novembre.

Son frère Jean-Michel, 38 ans, a été identifié comme le psalmodieur des Anasheeds, les chants religieux entendus dans l'enregistrement. Les juges d'instruction qui enquêtent sur ces attentats estiment avoir démontré leur implication. Ils avaient donc émis un mandat d'arrêt contre eux en juin 2018.

Ils ont appartenu à la filière jihadiste d'Artigat

Toulousains originaires de La Réunion, élevés dans une famille catholique, Fabien Clain, alias "frère Omar", et son frère Jean-Michel, se sont convertis à l'islam dans les années 1990. Puis ils se sont radicalisés au début des années 2000. En 2009, Fabien Clain est condamné à cinq ans de prison dans l'affaire de la filière dite d'Artigat, du nom de ce village en Ariège où vit Olivier Corel. Ce prédicateur salafiste, surnommé "l'émir blanc", est soupçonné d'avoir accueilli et formé de futurs jihadistes. Dans cette importante nébuleuse, ont notamment gravité Mohamed Merah, auteur des tueries de Toulouse et Montauban en 2012, et Thomas Barnouin, jihadiste actuellement aux mains des Unités de protection du peuple (YPG), principale milice kurde de Syrie.

Fabien Clain est libéré en août 2012, après avoir purgé sa peine de prison. Il est suivi par un juge d'application des peines et interdit de séjour dans 23 départements. Il refait sa vie à Alençon, dans l'Orne, où il a passé son enfance, avec sa femme Mylène et leurs trois filles. Dans cette affaire, Jean-Michel Clain n'avait fait que quatre jours de garde à vue, selon France Inter.

Ils apparaissent dans le dossier sur l'attentat du Caire en 2009

Le 22 février 2009, une bombe rudimentaire a explosé à proximité d'un groupe de lycéens français sur la place Khan Al-Khalili au Caire, tuant Cécile Vannier, une jeune fille de 17 ans qui participait à un voyage organisé. L'attentat a aussi fait 24 blessés dont 16 enfants. Il n'a jamais été revendiqué.

Aujourd'hui, les proches des victimes françaises déplorent une enquête "au point mort". Or, les noms des frères Clain apparaissent dans ce dossier, notamment en lien avec un projet d'attaque visant le Bataclan. Une enquête avait été ouverte mais avait abouti à un non-lieu en 2012.

Ils ont échappé aux renseignements français

A la fin novembre 2014, Fabien Clain a précipitamment vidé son domicile, confié les clés à un ami et disparu d'Alençon. Il était pourtant surveillé et fiché S. Début janvier 2015, il navigue entre Toulouse et la Seine-Saint-Denis, bravant ainsi son contrôle judiciaire, selon l'enquête menée par "Complément d'enquête" en avril 2016. 

Fabien Clain parvient à passer entre les gouttes, et rejoint les rangs du groupe Etat islamique, vraisemblablement en mai 2015. Son frère Jean-Michel était parti un an auparavant en Syrie, presque jour pour jour.

Ils apparaissent dans l'enquête sur le projet d'attentat dans une église à Villejuif en 2015

Signalé pour ses velléités de départ en Syrie, Sid Ahmed Ghlam projetait d'attaquer, le 19 avril 2015, une église à Villejuif (Val-de-Marne), trois mois après les attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher. Le plan avait capoté mais avait fait une victime collatérale : Aurélie Châtelain, 32 ans. Le nom de Fabien Clain apparaît dans cette enquête.

Dans l'un des messages exploités par les renseignements, Sid Ahmed Ghlam avait reçu l'instruction de se rendre dans un garage de Seine-Saint-Denis pour récupérer une BMW de la part de "Vega et Thomas". Les enquêteurs pensent qu'il s'agit de Macreme A. et Thomas M., qui font l'objet de la même enquête sur une filière jihadiste que Fabien Clain, probablement parti comme eux en Syrie au printemps 2015.

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