État d'urgence : témoignage d'un assigné à résidence
Combien de temps l'État peut-il assigner à résidence une personne ? Les sages du Conseil constitutionnel doivent répondre ce jeudi 16 mars. L'assignation à résidence, c'est une mesure qui fait partie de l'état d'urgence en place depuis les attentats de 2015.
Pour Sofiyan Ifren, le temps s'est arrêté il y a 15 mois. Depuis, il a pointé 1 416 fois au commissariat avec l'interdiction de sortir de sa commune. Il est assigné à résidence est le moindre de ses faux pas est sanctionné. "J'ai eu un retard d'un quart d'heure une fois et j'ai écopé de 200 euros d'amende et j'ai fait de la garde à vue. C'est disproportionné", explique Sofiyan, 31 ans. Condamné pour ses liens avec une filière jihadiste en 2012, il purge sa peine en portant un bracelet électronique au moment où l'état d'urgence est décrété. Son passé le rattrape alors : il fait partie des 400 personnes immédiatement assignées à résidence.
Une vingtaine de personnes assignées à résidence en France
"J'avais une vie normale, je travaillais, j'avais un réseau social d'amis. Quand j'ai été assigné à résidence, d'un seul coup tout s'est arrêté", explique Sofiyan Ifren. Le jeune homme a l'étiquette d'éternel suspect dont il veut aujourd'hui se débarrasser. Avec l'aide de son avocat, il a saisi le Conseil constitutionnel. "Il n'y a aucune preuve puisqu'on leur fait subir une décision administrative qui repose sur de seules suspicions. Nous maintenons que dans un délai d'un an, si on pas prouvé la dangerosité de ces personnes, elles doivent être libérées", explique Me Bruno Vinay. Il y a en France une vingtaine de personnes assignées à résidence depuis plus d'un an. Toutes sont suspendues à la décision du Conseil constitutionnel ce jeudi 16 mars au soir.
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