Oussama Atar, soupçonné d'être le coordinateur des attentats de Paris, est "un bouc émissaire", selon sa sœur
Le jihadiste belgo-marocain, âgé de 32 ans, est soupçonné par les enquêteurs d'être le principal donneur d'ordre des commandos des attentats de Paris et de Bruxelles, révèlent "Le Monde" et "Complément d'enquête".
"Je suis sûre qu'il n'a rien à voir avec tout ça." Asma Atar réfute les accusations portées contre son frère, Oussama Atar, un jihadiste belgo-marocain soupçonné d'être le principal donneur d'ordre des attentats de Paris et de Bruxelles. Interrogée par le journaliste de "Complément d'enquête" Romain Boutilly à Bruxelles, la jeune femme affirme qu'il "n'y a rien de fondé dans ces accusations", révélées un peu plus tôt, mardi 8 novembre, par Le Monde et le magazine de France 2.
Un vétéran du jihad
Oussama Atar est bien connu des services de police. Interpellé en février 2005 à Ramadi (Irak), alors en plein conflit deux ans après l'intervention américaine, il avait été condamné à dix ans de prison pour avoir franchi illégalement la frontière entre la Syrie et l'Irak. Il est incarcéré à plusieurs reprises en Irak, dans la célèbre prison d'Abou Ghraib et dans celle de Camp Bucca, où il aurait croisé la route d'Abou Bakr Al-Baghdadi, calife autoproclamé de l'Etat islamique.
Pendant son incarcération, sa famille – et sa sœur Asma en premier lieu – milite activement auprès des ONG, comme Amnesty International, et des autorités belges pour qu'Oussama Atar soit libéré. Celui-ci serait atteint d’une tumeur au rein, et des rassemblements très médiatisés sont organisés pour qu'il puisse être hospitalisé en Belgique.
Asma Atar participe alors à toutes les réunions avec le ministre belge des Affaires étrangères de l'époque, Steven Vanackere, qui parvient à le faire libérer en 2012, deux ans avant la fin de sa peine. A l'époque, "le dossier de monsieur Atar était vide, aucun élément ne le reliait à une organisation terroriste. Je n'ai jamais demandé sa libération mais son rapatriement humanitaire afin qu'il soit soigné", indique son ancien avocat, Me Vincent Lurquin, à "Complément d'enquête".
"C'est sûrement quelqu'un qui a peur de prendre perpète et qui dénonce mon frère"
Une fois libéré, Oussama Atar, visiblement guéri de son cancer, ne s'éternise pas en Europe. En 2013, il tente de rejoindre un groupe islamiste actif en Tunisie, au moment de la révolution de jasmin, mais il est arrêté. Libéré, il finira par rejoindre l'organisation Etat islamique à Raqqa, en Syrie. Ce vétéran du jihad, aujourd'hui âgé de 32 ans, est l'homme qui se cache derrière la kunya (surnom musulman) d'Abou Ahmad, selon les services de lutte antiterroriste belges. Ce nom de guerre revient depuis près d'un an dans les dossiers des enquêteurs : il a été retrouvé griffonné sur un papier retrouvé dans la poche d'un des kamikazes du Stade de France ainsi que dans l'ordinateur des frères El Bakraoui, deux des kamikazes des attentats de Bruxelles.
Oussama Atar est le cousin d'Ibrahim et Khalid El Bakraoui. "Il y a un acharnement des médias et de la police juste parce que nous sommes les cousins des frères El Bakraoui, estime aujourd'hui Asma Atar. Bien évidemment, on condamne fermement ce qu'il s'est passé et on est à 4 000% contre ce qu'ils ont fait. Ils veulent absolument trouver un bouc émissaire, donc ils s'acharnent sur lui."
Il y a quelques semaines, Oussama Atar a pourtant été officiellement reconnu par Adel Haddadi. Ce jihadiste algérien, qui devait participer aux attentats de Paris, a été arrêté en Autriche en octobre 2015. Devant les enquêteurs français, il a affirmé avoir été recruté pour participer aux attaques du 13-Novembre par Abou Ahmad, qu'il a ensuite identifié comme étant Oussama Atar. "Pour moi, il n'y a aucune preuve, c'est sûrement quelqu'un qui a peur de prendre perpète et qui dénonce mon frère", persiste sa sœur.
"On a des preuves de ce qu'on avance"
Malgré les liens établis d'Oussama Atar au sein de l'état-major du groupe jihadiste, sa famille assure avoir des preuves attestant qu'il n'est pas lié aux attentats de Paris et Bruxelles.
"Je vais vous dire une chose : mon frère a refait sa vie. Il n'a pas du tout l'intention de remettre les pieds en Belgique et en Europe. J'ai aucune idée s'il est toujours en Syrie ou en Irak, mais il n'est pas en Europe, assure Asma Atar. Bientôt, on fera un démenti et nous, contrairement aux autorités, on a des preuves de ce qu'on avance !"
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