Critiquées après l'arrestation de Salah Abdeslam, les autorités belges défendent le travail des enquêteurs
Le premier ministre a notamment défendu le travail des services de renseignements belges.
L'arrestation de Salah Abdeslam était "importante pour notre crédibilité". Samedi 19 et dimanche 20 mars, le Premier ministre belge, Charles Michel, a fait le tour des plateaux de télévision pour défendre l'action des services belges dans l'interpellation vendredi du suspect-clé des attentats meurtriers du 13 novembre, à Paris et à Saint-Denis.
Objectif : adresser un message clair à ceux, -notamment Français-, qui mettent en doute la responsabilité des enquêteurs belges.
>> Suivez les derniers développements après l'arrestation de Salah Abdeslam
Introuvable pendant quatre mois, Salah Abdeslam a été arrêté vendredi dans un appartement du quartier de Molenbeek, à Bruxelles, dont il est originaire. Il se serait également caché à Forest et à Schaerbeek, deux autres communes de la capitale.
Des reproches venus de France
L'attaque publique la plus virulente est signée du député Les Républicains et ancien magistrat antiterroriste, Alain Marsaud. "Cette longue cavale n'est pas un grand succès pour les services de renseignement belges. Soit Salah Abdeslam était très malin, soit les services belges étaient nuls, ce qui est plus vraisemblable", a-t-il accusé samedi sur Europe 1. Il a notamment estimé que "la naïveté des Belges avait coûté 130 morts à la France", pointant du doigt la difficulté des services d'outre-Quiévrain à prendre en main les phénomènes de radicalisation dans le quartier de Molenbeek.
Pour sa part, l'ancien chef du contre-terrorisme français à la Direction de la sûreté du territoire (DST) Louis Caprioli a évoqué "la question du quadrillage par la police belge de cette mouvance dans ces quartiers. Etait-il suffisant ? Disposaient-ils d'assez de contacts, d'informateurs ? Ce n'est pas certain." "Les services belges ne sont peut-être pas assez étoffés mais ils ont face à eux une population nombreuse, dont une partie est radicalisée, qui n'est pas facile à pénétrer", a-t-il reconnu.
Une enquête "compliquée" par les pressions politiques françaises
Le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders a qualifié de "déplorable, cette manie de chercher des boucs-émissaires chez les autres", rapporte Le Soir.
"Tout ce dossier était un énorme puzzle dont il a fallu mettre patiemment les pièces" en ordre, s'est à son tour défendu le procureur fédéral belge Frédéric Van Leeuw. Invité de la chaîne publique RTBF, il a déclaré que l'enquête avait été "compliquée par la pression extérieure, d'abord au niveau politique français, ce que je comprends car il y a eu énormément de victimes".
"Molenbeek, c'est 95 000 habitants, et il y a une dizaine d'individus capables de faire ces choses-là", a-t-il encore indiqué. "Boucler tout un quartier et passer chaque maison au peigne fin, je ne pense pas que ce soit compatible avec notre démocratie et nos valeurs."
Une arrestation qui n'est pas le fruit du hasard
Mardi, la perquisition menée dans l'appartement de Forest, où s'est caché Salah Abdeslam, s'est conclue par plusieurs fusillades, un mort, et la fuite de deux suspects. Cette opération a ainsi été présentée, y compris par les autorités belges, comme une opération de routine qui a mal tourné. Pour Le Monde, "c’est à la faveur d’un heureux hasard – et d’un curieux manque de flair – que les enquêteurs ont fortuitement découvert, trois jours avant l’assaut de vendredi, la planque de Salah Abdeslam et de ses complices."
Or, "ce n'est pas par hasard qu'on est arrivé à Forest", a encore assuré samedi le procureur Van Leeuw. "Ce n'est pas n'importe quelle équipe qui s'y trouvait, c'étaient des policiers d'unités antiterroristes", a-t-il rappelé.
Dès vendredi, le Premier ministre belge avait dû défendre les services de polices, à la sortie d'un conseil de défense : ces arrestations ne sont "pas le fruit du hasard mais d'un travail patient, minutieux et professionnel des services de police", avait-il martelé, rappelant qu'entre "300 et 400" enquêteurs avaient été mobilisés sur cette affaire.
"Les enquêteurs ont fait de la triangulation téléphonique, du bornage", relève Claude Moniquet, ancien membre de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), cité par francetv info. "Ils ont suivi les téléphones qui avaient quitté la zone de Forest après l’intervention, ils ont resserré la surveillance sur les gens de Molenbeek susceptibles de porter assistance à Abdeslam. Ils ont également mis la pression sur quelques personnes le jeudi de l’enterrement du frère de Salah, Brahim, l’un des kamikazes du 13 novembre. Et là, semble-t-il, un informateur a lâché le bon renseignement", détaille l'expert.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.