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"La vérité, on l'aura, avec ou sans Salah Abdeslam", selon un rescapé de la tuerie du Bataclan

Emmanuel Domenach, de l'association 13 novembre : Fraternité et vérité explique, mercredi, avoir "renoncé à espérer quoi que ce soit" du terroriste présumé Salah Abdeslam. Lequel se mure dans le silence et vient d'être lâché par ses avocats.

Article rédigé par Yann Thompson - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le vice-président de l'association 13 novembre : Fraternité et vérité, Emmanuel Domenach, quitte l'Elysée, à Paris, le 21 mars 2016. (MAXPPP)

Salah Abdeslam s'enferme un peu plus dans son silence. Ses avocats, Franck Berton et Sven Mary, ont annoncé, mercredi 12 octobre, avoir renoncé à défendre leur client. Evoquant "un sentiment d'échec", ils ont expliqué leur décision en se disant convaincus que le principal suspect dans l'enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris "ne s'exprimera pas".

Emmanuel Domenach, rescapé du Bataclan et vice-président de l'association de victimes 13 novembre : Fraternité et vérité, réagit à cette annonce "regrettable".

Franceinfo : Que vous inspire le renoncement des avocats de Salah Abdeslam à défendre leur client ?

Emmanuel Domenach : C'est regrettable, car on souhaite que la justice soit rendue dans les conditions les plus éthiques et les plus justes possibles. Mais, pour être honnête, ce n'est qu'un soubresaut, qui ne réveille pas d'émotion particulière en moi. Depuis le printemps dernier, on a renoncé à espérer quoi que ce soit de Salah Abdeslam. On s'est blindés, on essaye de ne plus trop lui donner d'importance. Il essaye de jouer avec nous, sur notre dos, en conditionnant ses paroles à plein de choses. Or, il ne dira jamais rien et n'assumera pas ses actes.

Franck Berton et Sven Mary expliquent le mutisme de Salah Abdeslam par ses conditions de détention, qui seraient "en train de le transformer en bête sauvage" et relèveraient "de la torture psychologique".

Ces propos sont obscènes. Il ne faut pas renverser les rôles et oublier qui sont les victimes. Ses conditions de détention particulières ont été mises en œuvre car il existe un risque de suicide de sa part. Il ne s'agit pas de le punir mais d'empêcher qu'il échappe à la justice. Il faut aussi faire en sorte qu'il ne se vante pas auprès des autres détenus et qu'il les influence.

Si Salah Abdeslam juge son sort inacceptable, il existe des possibilités de recours devant le Conseil d'Etat et devant la Cour européenne des droits de l'homme, ainsi que des associations. Il peut déposer des recours tout en coopérant avec les enquêteurs. S'il ne parle pas, c'est qu'il ne veut pas collaborer.

Qu'attendez-vous désormais du futur procès ?

J'ai beaucoup d'attente pour le procès, car il n'y a pas que Salah Abdeslam. On voit que la justice avance, en détaillant le rôle de chacun, en arrêtant des gens en Belgique, etc. Les juges antiterroristes font un travail formidable. La manifestation de la vérité, on l'aura, avec ou sans les déclarations de Salah Abdeslam. Et, qui sait, les éléments qu'exposeront les juges le forceront peut-être à parler, s'il accepte d'assister à son procès. On a l'espoir de voir ce procès arriver d'ici deux ans, deux ans et demi.

Comment abordez-vous les commémorations du 13-Novembre, dans un mois ?

On travaille avec la ville de Paris pour organiser cela au mieux. Tout se passe très bien, la mairie fournit un gros travail, avec une volonté commune d'avoir une commémoration simple et sobre, sans récupération politique. Notre autre actualité concerne la réforme de la politique de l'aide aux victimes, qui vient d'être annoncée. On veut être impliqués et voir la réforme aboutir avant la fin du quinquennat, pour aider rapidement les victimes.

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