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Attentats du 13 novembre : ces familles de victimes qui rejettent l'hommage national

Elles estiment que "rien n'a été fait" depuis les attaques de janvier en région parisienne, qui avaient fait 17 morts.

Article rédigé par franceinfo
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Cette photo prise le 26 novembre montre les fleurs, les bougies et les messages déposés devant la salle de concert du Bataclan, où a eu lieu l'attentat le plus meurtrier du 13 novembre. (BERTRAND GUAY / AFP)

Non, ils ne viendront pas. Plusieurs membres de familles de victimes des attentats du 13 novembre refusent de se rendre à l'hommage national organisé aux Invalides, à Paris, vendredi 27 novembre, en présence du chef de l'Etat, François Hollande. Trois d'entre elles se sont expliquées sur leur volonté de boycotter cette cérémonie. 

La sœur de François-Xavier Prévost : "Nous vous portons pour partie responsables"

"Vendredi 27 novembre, un hommage national sera rendu aux victimes des attentats terroristes du 13 novembre dernier. En tant que famille de François-Xavier Prévost, victime de cette tuerie, nous n'y participerons pas." Ainsi commence l'appel "au boycott de la cérémonie d'hommage national aux victimes", largement relayé sur Facebook, d'Emma Prévost, la sœur de François-Xavier Prévost, 29 ans, tué dans l'attaque contre le Bataclan vendredi 13 novembre au soir.

Dans le groupe qui rend hommage à son frère sur le réseau social, "We miss you FX",  Emma Prévost explique que sa famille refuse la "main tendue par les représentants politiques de la France pour plusieurs raisons". Elle cite notamment la possibilité pour des personnes "d’être en lien avec un réseau terroriste, de voyager en Syrie, et de revenir, librement", la "liberté de circulation des personnes fichées S" et les "89 mosquées recensées comme étant radicales, c’est-à-dire qu’elles appellent ou profèrent la haine", sans que soit posée "la question de leur dissolution". Ultime raison : "Parce que les représentants de l’Etat français ont décidé de mener des raids aériens contre l’Etat islamique en Irak puis en Syrie sans se soucier de préserver, avant d’agir, la sécurité de leurs concitoyens."

Elle conclut : "Merci Monsieur le Président, Messieurs les politiciens, mais votre main tendue, votre hommage, nous n’en voulons pas et vous portons comme partie responsable de ce qui nous arrive ! C’est plus tôt qu’il fallait agir. Les attentats du mois de janvier auraient dû suffire !"

Le père d'Aurélie de Peretti : "rien n'a été fait" depuis "Charlie"

Lui non plus n'ira pas aux Invalides. Selon Nice Matin, Jean-Marie de Peretti devait bien assister, jeudi 26 novembre, à la cérémonie d'hommage organisée par la mairie de Saint-Tropez pour sa fille Aurélie, 33 ans, tuée le 13 novembre au Bataclan. Mais il ne se rendra pas à la cérémonie nationale vendredi. 

Comme Emma Prévost, il estime que rien n'a été fait depuis les attentats de janvier. "Dès le lendemain [de l'attaque contre Charlie], il y a eu des effets d'annonce. Lors du rassemblement dans les rues de Paris, la sécurité était devenue une cause nationale. J'y ai cru ! Mais que s'est-il passé ? L'espace Schengen a laissé passer toutes ces personnes pourtant signalées par le fameux fichier S. L'espace Schengen est devenu une passoire qui a permis à ces gens-là de venir perpétrer des actes terribles sur notre territoire. Rien n'a été fait !" dénonce-t-il dans le journal niçois.

Le père de Nathalie Jardin : les politiques ont "du sang sur les mains"

Son histoire a ému la France entière. Patrick Jardin a cherché pendant trois jours sa fille Nathalie, 31 ans, avant d'apprendre qu'elle était morte au Bataclan, où elle travaillait. Il se rendra à la cérémonie d'hommage national aux Invalides. Pourtant, précise-t-il à La Voix du Nord, "si ça ne tenait qu’à [lui][il] n’irai[t] pas". "Mais mon fils tient à s’y rendre et je ne me vois pas le laisser seul pour traverser ça", confie-t-il.

Toujours dans le quotidien nordiste, il se dit "complètement d’accord" avec ceux qui appellent au boycott. Il assure à propos des politiques : "J’ai autant de haine pour eux que pour ceux qui ont tiré sur ma fille", estimant qu'ils ont "du sang sur les mains"Et il compte profiter de la cérémonie pour interpeller François Hollande, comme il avait apostrophé Manuel Valls, croisé par hasard le dimanche 15 novembre à la gare du Nord.

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