Attentat raté aux Champs-Elysées : "Si on est tireur sportif, on peut acquérir un certain nombre d'armes sans aucun problème"
Selon le directeur adjoint auprès du Centre français de recherche sur le renseignement, Alain Rodier, la législation française sur les armes "est extrêmement surveillée", mais il est difficile de croiser les renseignements.
Adam Djaziri, mort lundi 19 juin dans un attentat raté sur les Champs-Élysées à Paris, a laissé une lettre-testament dans laquelle il prête allégeance au chef du groupe Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi.
Fiché S pour radicalisation depuis 2015 et autorisé à détenir des armes via une licence de tir sportif, beaucoup s'interrogent sur son autorisation de détention d'armes. "Si on est tireur sportif on peut acquérir un certain nombre d'armes et de munitions sans aucun problème", a expliqué, mercredi, sur franceinfo Alain Rodier, directeur adjoint auprès du Centre français de recherche sur le renseignement.
franceinfo : Qui peut détenir une arme en France ?
Alain Rodier : Ce sont en général les chasseurs et les tireurs sportifs. Les tireurs sportifs ont des détentions et, pour les obtenir, il faut faire une demande à la préfecture de son lieu de domicile, et c'est la préfecture, qui après enquête délivre une autorisation de détention qui n'est valable que cinq ans. Au bout de cinq ans, le cas est réexaminé et là il obtient un renouvellement de détention. Ce que l'on ne sait pas en ce moment, c'est si les fonctionnaires de la préfecture avaient accès aux fameux fichiers S. Une rumeur dit qu'on lui a prorogé son autorisation de détention pour ne pas attirer son attention parce qu'il aurait été sous une enquête. Mais ce n'est qu'une rumeur, les autorités n'ont pas confirmé.
Adam Djaziri possédait énormément d'armes. Peut-on en acquérir sans attirer l'attention ?
Si on est tireur sportif on peut acquérir un certain nombre d'armes et de munitions sans aucun problème, après avoir reçu les autorisations nécessaires. Cela est extrêmement surveillé. La législation française est serrée, mais il y a des législations plus libres, les Etats-Unis et la Suisse et il y a des législations plus fermées, comme en Grande-Bretagne où pour ainsi dire on ne peut pas acheter un pistolet à fléchettes, mais cela n'empêche pas les attentats d'avoir lieu dans ce pays.
Les personnes radicalisées jouent avec les failles du renseignement. Sont-ils devenus des spécialistes de la dissimulation ?
Oui, malheureusement c'est un classique. C'est une tactique qui est bien connue, qui permet de disparaître des radars de surveillance, de façon à pouvoir agir au moment où les forces de sécurité ne surveillent pas l'impétrant. Le problème du renseignement c'est comme un grand puzzle. Avant qu'il y ait un évènement les pièces du puzzle sont complètement éparpillées et mélangées et il est très difficile pour les analystes de mettre en place toutes ces pièces. Dès qu'un acte est commis, les renseignements on les a, donc les pièces se mettent en place. Ce qui explique que l'on remonte les filières rapidement.
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