Cet article date de plus de treize ans.

Suicide en prison : la série noire continue

Un détenu s'est pendu vendredi dans sa cellule de la maison d'arrêt d'Ensisheim. C’est le quatrième suicide d’un détenu depuis le début du mois en France et plus particulièrement ces derniers jours en Alsace.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © France Info)

Il s'agit d'un détenu d'origine marocaine de 45 ans qui purgeait une peine de trente ans de réclusion pour meurtre, dont vingt avec sûreté, mais qui "n'était pas connu pour avoir des tendances suicidaires", selon le Parquet. Incarcéré depuis 1996, l'homme faisait régulièrement l'objet de procédures disciplinaires et il avait été changé à plusieurs reprises d'établissement pénitentiaire, a-t-on précisé de même source. Il a été retrouvé vers 18 heures pendu dans une cellule du quartier disciplinaire, où il avait été placé dans la journée après avoir insulté le personnel et refusé de réintégrer sa cellule, a précisé Carlo Di Egidio, délégué régional de l'Union générale des syndicats pénitentiaires (UGSP-CGT).

Ce nouveau suicide allonge la liste des drames derrière les barreaux. Dans la nuit de jeudi à vendredi un autre détenu de cette même maison d’arrêt avait mis fin à ses jours. Selon le secrétaire régional de l'UGSP-CGT Christian Fischer, ce détenu était arrivé à la prison de Strasbourg jeudi en début de soirée. Signalé pour ses tendances suicidaires, il avait été examiné par un médecin avant d'être placé en cellule avec un codétenu. Mardi, un autre détenu âgé de 16 ans était mort à l'hôpital de suites d'une tentative de suicide la semaine dernière dans le quartier des mineurs de la prison de Strasbourg.

Selon l'Observatoire international des prisons (OIP) le nombre de suicides dans les prisons françaises est en hausse de 18% en 2008 par rapport à l'an passé à la même époque, . L'homme qui s'était suicidé dans la nuit de jeudi à vendredi à Strasbourg "aurait dû être hospitalisé d'office" compte tenu de ses tendances suicidaires, avait estimé samedi la CGT-pénitentiaire. Christian Fischer, secrétaire régional de l'UGSP-CGT, avait pour sa part déclaré : "quand les personnes sont vraiment décidées à mettre fin à leurs jours, à moins de mettre un surveillant derrière chaque porte, on ne peut pas les en empêcher". De son côté, Faouzi Lamdaoui, secrétaire national du PS à l'égalité, avait demandé au gouvernement de "prendre conscience de la gravité de la situation et de mettre immédiatement en place un plan d'accompagnement psychologique et de rénovation des prisons françaises".

Ce nouveau drame intervient en plein débat sur la prise en charge des détenus fragiles. Jeudi, la Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la France pour "traitements inhumains et dégradants" et "violation du droit à la vie" après le suicide d’un détenu souffrant de troubles psychiatriques, le 20 juillet 2000, à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy, dans les Yvelines.

Caroline Caldier avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.