Seine-Saint-Denis : ce que l'on sait de l'agression d'une famille juive à Livry-Gargan
Le parquet de Bobigny a confié vendredi à la sûreté territoriale du département une enquête pour "séquestration, vol et extorsion en réunion avec violences et en raison de la religion des victimes".
Une famille juive a été séquestrée, violentée et détroussée dans la nuit de jeudi 7 à vendredi 8 septembre à son domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis). Parmi les victimes figure Roger Pinto, 78 ans, président de l'association "de défense du peuple juif et de l'Etat d'Israël". C'est un militant connu dans la communauté, a expliqué son avocat, Marc Bensimon. Il était avec sa femme, Mireille, et son fils. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette agression.
Que s'est-il passé ?
Selon les victimes, les auteurs se sont introduits dans le pavillon de Livry-Gargan par effraction. Ils ont ensuite coupé le courant, séquestré le fils de la famille, puis, au petit matin, s'en sont pris au couple. "Ils m'ont tapé dessus, sans arrêt, sans arrêt, sans arrêt", a raconté à franceinfo lundi 11 septembre, Roger Pinto.
Mireille, la femme, évoque au micro de RTL un événement "très traumatisant" et se rappelle avoir été, dans un premier temps, "attrapée" puis "bâillonnée". "Et comme je me débattais, il m'a jetée par terre. Le deuxième m'a donné des coups de pied, donc j'ai encore des traces", confie-t-elle.
Et après, il y a tout un déroulé d’événements qui a duré très très longtemps. Pour nous, c'était vraiment une éternité. Et cette menace, sans arrêt : 'Vous êtes juive, vous avez de l'argent.'
Mireilleà RTL
Pour Roger Pinto, il n'y a pas de doute, il s'agit bien d'une agression antisémite. Après avoir reçu plusieurs coups, l'octogénaire raconte qu'ils ont "commencé à nous tarabuster : 'Vous êtes juifs, vous avez de l'argent. Où cachez-vous cet argent ?'". "Ils ont pris les cartes bleues, les bijoux, tout", poursuit Roger Pinto. Le couple envisage même de déménager "parce que [sa] femme vit très mal l'agression dont elle a été victime."
Où en est l'enquête ?
Le parquet de Bobigny a confié vendredi à la sûreté territoriale du département une enquête pour "séquestration, vol et extorsion en réunion avec violences et en raison de la religion des victimes".
"Selon les premiers éléments, la motivation de cet acte lâche semble directement liée à la religion des victimes."
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collombdans un communiqué
"Tout sera mis en œuvre pour identifier et interpeller les auteurs de cette odieuse agression", a-t-il ajouté, apportant son "profond soutien à la famille et aux responsables des institutions juives de France".
"Les services de police restent mobilisés et le préfet de police apporte son soutien à la famille", a affirmé de son côté un porte-parole de la préfecture de police de Paris.
Quelles sont les réactions ?
"Les stéréotypes antisémites qui auraient guidé les auteurs ajoutent à la gravité de l'agression déjà odieuse par elle-même", a affirmé dans un communiqué la Ligue des droits de l'homme, condamnant "avec la plus grande fermeté" cette "agression violente".
Dans un communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a condamné avec force une "agression très violente et antisémite". Pour son président, Francis Kalifat, "cet acte odieux est bien la preuve, si besoin en est, que les juifs de France sont particulièrement menacés dans la rue et depuis quelque temps au sein même de leur domicile ce qui est encore plus inquiétant".
"Onze ans après le meurtre antisémite d'Ilan Halimi, le fantasme du juif riche continue à faire ses victimes", a pour sa part déploré SOS Racisme. Pour la Licra, cette affaire "rappelle évidemment celle de Créteil", qui avait vu un couple séquestré et la femme violée en 2014 lors d'une agression pour laquelle cinq hommes viennent d'être renvoyés aux assises pour "antisémitisme".
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