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Ce que l'on sait de l'agression antisémite d'un couple à Créteil

Trois hommes sont entrés dans le domicile d'un jeune couple, lundi à Créteil (Val-de-Marne), pour les cambrioler. Les deux victimes ont été ligotées et la jeune femme affirme avoir été violée. Trois suspects ont été interpellés.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture d'écran d'une carte pointant la ville de Créteil (Val-de-Marne) où a eu lieu une violente agression le 1er décembre 2014. ( GOOGLE MAPS)

Les agresseurs "partaient de l'idée qu'être juif signifiait que l'on avait de l'argent", selon les victimes. Un couple a été séquestré, lundi 1er décembre, à Créteil (Val-de-Marne), leur appartement cambriolé et la jeune femme violée. Au total, trois hommes ont été interpellés, mercredi 3 décembre. Francetv info détaille ce que l'on sait de cette agression.

Que s'est-il passé ?

Les faits remontent à lundi midi. Trois hommes, cagoulés et gantés, font irruption dans un appartement du quartier du Port, tout près du lac de Créteil. L'un des deux fils des locataires, âgé de 21 ans, se trouve avec sa compagne, 19 ans. Les malfaiteurs les braquent avec un pistolet automatique et un fusil à canon scié, selon des sources policières. "Vous les juifs, vous avez de l'argent", auraient déclaré les agresseurs en entrant, selon l'avocate des victimes Séverine Benayoun. La famille, dont le père porte la kippa, était "visible en tant que juifs" dans le quartier, ajoute-t-elle.

Ligoté dans le salon, le jeune couple entend ses agresseurs dire "qu'ils connaissent les origines juives de la famille du garçon et qu'ils savent où est l'argent". Pendant près d'une heure et demie, ceux-ci fouillent l'appartement et exigent "les bijoux, les ordinateurs et téléphones portables, les cartes bancaires" avec leur code. La jeune fille est ensuite allongée de force et violée, selon les premiers éléments de l'enquête.

Qui sont les suspects ?

Un premier signalement donné par les victimes laisse penser que les auteurs sont connus de la brigade anticriminelle de Créteil qui se rend dans une commune limitrophe où elle repère, à 16 heures, les trois hommes dans une voiture stationnée. Deux d'entre eux sont interpellés, en possession de bijoux appartenant aux victimes, et placés en garde à vue. "Formellement reconnus" par les victimes, selon une source judiciaire, ils ont 19 et 20 ans. Le troisième a réussi à prendre la fuite, avant d'être finalement interpellé, mercredi.

Une source proche du dossier indique que les suspects ont effectué "des repérages avant d'agresser le couple", et que l'un d'eux habite dans une rue adjacente à celle des victimes. "L'un des agresseurs était venu plusieurs jours auparavant demander du sucre, sans raison apparente", a raconté l'avocate de la famille, Séverine Benayoun. "Une main courante contre X avait alors été déposée."

D'après le parquet de Créteil, les trois hommes arrêtés sont soupçonnés d'avoir déjà "roué de coups" un septuagénaire en raison de sa religion, le 10 novembre. C'est lors de cette agression qu'ils auraient "repéré" le domicile où le couple a été séquestré.

Quelles poursuites judiciaires encourent-ils ?

Le procureur de la République de Créteil indique qu'une information judiciaire a été ouverte pour les deux agressions commises "en raison de l'appartenance religieuse de la victime". Selon lui, les deux faits "ont pu être rapprochés par certaines similitudes objectives".

Outre l'association de malfaiteurs, l'information judiciaire vise également des "violences en réunion sur une personne vulnérable et à raison de l'appartenance religieuse de la victime" pour l'agression du 10 novembre. Pour celle de lundi, elle concerne des faits qualifiés de "vol avec arme, extorsion accompagnée de violences et à raison de l'appartenance religieuse de la victime, séquestration et viol en réunion". Le parquet a requis la mise en examen et l'incarcération des trois suspects.

Comment les autorités ont-elles réagi ?

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est dit "indigné", expliquant mercredi matin que le "caractère antisémite" de l'agression "semble avéré". Il a rappelé "sa détermination et celle du gouvernement à lutter sans relâche contre toute forme de racisme et d'antisémitisme".

De son côté, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) dénonce une "agression antisémite sauvage" et demande qu'un "plan spécifique d'urgence" soit mis en place pour faire face à la recrudescence des actes antisémites.

Le nombre de plaintes pour actes antisémites en France a presque doublé (+91%) au cours des sept premiers mois de l'année par rapport à la même période de 2013, selon le décompte du Service de protection de la communauté juive. Ce recensement fait apparaître une progression des actions – violences, attentats ou tentatives d'attentat, incendies, dégradations et vandalisme – de 126%. Une augmentation supérieure à celle des simples menaces propos, gestes, tracts, courriers, inscriptions...) qui est, elle, de 79%.

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