Sarkozy installe son "FBI à la française"
D.C.R.I.
_ Quatre lettres pour signer la mue du renseignement français, marquée par la disparition des mythiques DST (Direction de la surveillance du territoire, contre-espionnage) et RG (Renseignements généraux). Les RG, surnommés "les grandes oreilles" du gouvernement, un type de service unique en Europe, faisaient l’objet de critiques récurrentes, accusés d’être en réalité une "police politique".
La toute nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) regroupera les fonctionnaires issus de ces deux services de renseignement. Le chef de l’Etat, qui a initié cette réorganisation, place à la tête de la DCRI l’un de ses proches, le préfet Bernard Squarcini, patron des RG depuis 2007, qui rendra compte directement au locataire de l’Elysée. Sous ses ordres, deux directeurs issus des Rg et de la DST, et 175 commissaires.
Car la DCRI se veut un "FBI à la française" en matière de renseignement, qui devient une priorité comme dans les armées. Forte de 4.000 fonctionnaires (dont 3.000 policiers dits "actifs"), la DCRI traitera de tout ce qui "relève de l’intérêt de la nation" : terrorisme, grands mouvements de contestation, intelligence économique… Ce que les policiers nomment, dans leur jargon, le "milieu fermé", auparavant du ressort quasi-exclusif de la DST. Certains craignent d’ailleurs de voir les mythiques RG complètement absorbés par une DST qui imposerait sa culture et ses méthodes de travail.
Les policiers de la DCRI, dotés de l’habilitation "secret défense", seront implantés par zone dans chaque département. Mais près de la moitié de ces troupes (1.800 personnes) se trouve basée à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), dans un nouvel immeuble moderne et hautement sécurisé. L’aménagement de ces 25.000m2 de bureaux a coûté la bagatelle de 366 millions d’euros, une dépense jugée excessive par la Cour des comptes.
Trois autres services de renseignement dépendent du ministère de la Défense, dont le plus important, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, services secrets), qui compte 4.500 agents. Au total, les services de contre-espionnage et de renseignement sont forts de quelque 14.000 personnes en France.
Gilles Halais
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