Rixes entre migrants, camions pris d'assaut : que se passe-t-il à Calais ?
Le ministre de l'Intérieur a annoncé l'envoi d'une centaine de policiers supplémentaires dans la ville, confrontée à un afflux de migrants depuis l'été.
Le dispositif est "exceptionnel", mais à la hauteur de la situation, explique Bernard Cazeneuve. Le ministre de l'Intérieur annonce, dans un entretien à La Voix du Nord (article payant), publié mercredi 22 octobre, l'envoi d'une centaine de policiers supplémentaires à Calais (Pas-de-Calais).
Au total, 450 policiers et gendarmes seront mobilisés dans la commune, face à la tension causée par l'afflux de migrants, exacerbée depuis le début de semaine. Francetv info revient sur les derniers événements.
Des migrants de plus en plus nombreux depuis l'été
La situation est "en train de devenir ingérable" dans la ville, où les migrants affluent, prévient Le Monde (article payant). Ils sont environ 1 500 selon la préfecture, un nombre en augmentation depuis le début de l'été, répartis dans une dizaine de camps de fortune autour de Calais.
Le plus important, le camp "Tioxide", est une "jungle" de plus de 500 personnes installées sur un site industriel, raconte Le Figaro, malgré des démantèlements en mai et juillet. "Un squat", "un bidonville, où la (sur)vie s'organise", décrit Nord Littoral.
"Les conditions d'accueil des migrants à Calais sont catastrophiques, juge Cécile Bossy, responsable de Médecins du monde dans la ville. Cette précarité crée des tensions." Sur France Inter, elle réclame une réponse "humanitaire et digne" : "une urgence", selon elle.
Des camions pris d'assaut
La ville est devenue le lieu du "commerce des hommes", explique Le Monde (article payant), qui évoque le business des passeurs. "Des Africains, des Afghans et des Syriens, transformés en marchandise, y déboursent plusieurs milliers d'euros pour se rendre en Angleterre", écrit le journal. "Les gens sont traités comme du bétail", déplore le procureur du tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer. Certains sont cachés dans des coffres de voiture, explique-t-il. Les autres essayent de prendre place dans des camions en direction de l'Angleterre.
Au moins 300 migrants ont tenté de prendre d'assaut une longue file de poids lourds lundi. Le lendemain, ils étaient des dizaines à encercler d'autres camions qui se dirigeaient vers le port de Calais. Ils ont ainsi tenté de monter dans les remorques ou de s'installer entre les essieux. "Depuis quelques mois, [les migrants] deviennent de plus en plus agressifs", se plaint un routier dans L'Union-L'Ardennais. "Ils sont prêts à tout pour passer de l'autre côté."
En envoyant des renforts sur place, le ministre de l'Intérieur souhaite "fluidifier la circulation des camions" et "assurer la sécurité des migrants qui sont eux-mêmes en danger". Dans la nuit de lundi à mardi, une Ethiopienne de 16 ans est morte après avoir été renversée et grièvement blessée par une voiture en voulant traverser l'autoroute A16. Un autre migrant, âgé d'une trentaine d'années, était mercredi entre la vie et la mort après avoir voulu sauter sur le toit d'un camion, rapporte La Voix du Nord (article payant).
Des rixes entre communautés
Dans ces conditions, les tensions entre communautés sont exacerbées. Mardi, des CRS ont dispersé, avec des gaz lacrymogènes, des migrants après des rixes entre des personnes d'origines éthiopienne et erythréenne, pour certains armés de bâtons. La nuit avait été très agitée, avec au moins trois bagarres. Au total, une quinzaine de blessés ont été recensés.
Mercredi, de nouvelles rixes ont éclaté dans une rue de Calais, où les clandestins viennent s'approvisionner dans des magasins discount, selon une source policière. "C'est la première fois que des échauffourées se produisent dans Calais même, forçant la police à s'interposer", a assuré cette même source à l'AFP.
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