Reportage "Il vient travailler un dimanche et se fait tirer dessus gratuitement" : à Grenoble, un hommage dans la colère à l'agent municipal Lilian Dejean
Les mines attristées sous les parapluies par centaines, les Grenoblois sont venus, lundi 9 septembre, rendre hommage à l'agent communal tué dimanche. Le maire, Eric Piolle, prend la parole. "Nous sommes là en hommage à Lilian Dejean, en deuil. C'est l'ensemble du service public qui est en deuil. C'est le service public toujours présent sur le terrain, qui nettoie, qui élague, qui embellit, qui prépare, qui nourrit, qui prend soin de notre société."
"Le service public est mort avec toi", dit un des messages écrits au feutre sur un panneau de la mairie. D'autres parlent du "pote Lilian", du "collègue". Il était agent de la ville depuis 25 ans au service propreté, comme Christophe. "Je le connaissais depuis 25 ans, donc c'était un ami et un supérieur. Ça aurait pu arriver à tous et toutes d'entre nous. On est déjà confrontés à pas mal d'incivilités de la part des usagers et là, ça dépasse les limites."
"On travaille dans la rue, donc on est en première ligne lorsqu'un drame comme ça survient."
Christophe, collègue de Lilian Dejeanà franceinfo
Syndiquée à la CGT, la victime était connue de tous, engagée pour tous, souligne Mehdia, une amie proche employée à la Maison des habitants. "Ça lui tenait à cœur de défendre des agents pour toute problématique, témoigne-t-elle. Et sa vie, c'était le travail. Je vais être honnête avec vous, ça me fait de la peine puisque je me dis que le travail, ça l'a tué. Il vient travailler un dimanche et se fait tirer dessus gratuitement. Son travail, ça lui tenait à cœur. Et le travail aujourd'hui, regardez."
"Il ne supportait pas l'injustice"
Lors de l'hommage, Maxime Grand, représentant CGT des agents territoriaux de la ville, dénonce une mort au travail inacceptable. "Notre ami et camarade est décédé hier (dimanche) matin dans l'exercice de ses fonctions professionnelles à la propreté urbaine de la ville de Grenoble. À la suite d'un accident de circulation, il a apporté assistance, et parce qu'il ne supportait pas l'injustice, il a voulu retenir l'auteur de l'accident qui voulait s'enfuir. Celui-ci a sorti son arme et lui tira dessus à deux reprises, dans le thorax."
Une tristesse et une colère ressenties en particulier par les agents de la ville. Ils sont 4 000 à Grenoble, mais le maire dit avoir reçu des messages venant de la France entière.
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