Procès Colonna: "révélations" ou "mascarade"?
Le témoin, le commissaire Didier Vinolas, secrétaire général adjoint de la préfecture auprès d'Erignac en 1998, a déclaré vendredi soir à la cour avoir obtenu en 2002 des informations de deux sources, le sous-préfet de Corte de l'époque, Jacques Nodin et une "source digne de foi et respectable" qu'il n'a pas voulu nommer. Ces derniers lui ont avancé, dit-il, que deux personnes toujours libres avaient participé à l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella en septembre 1997 - où fut volée l'arme qui devait servir à tuer le préfet - et peut-être à l'assassinat.
A propos d'Yvan Colonna, il s'est dit inquiet du "risque de laisser condamner un innocent" . Il a aussi précisé avoir informé dès 2002 le procureur de Paris de l'époque, Yves Bot, et le policier Christian Lambert, patron de l'unité d'élite du Raid, sans qu'il y ait de suites officielles. Il a écrit avant le procès au parquet général et au président de la cour pour faire état de ce qu'il allait dire, mais la défense n'en a pas été informée. Le président de la cour a même assuré à l'audience n'avoir pas ouvert le courrier.
"Il y a peut-être deux hommes dans la nature qui ont participé à l'assassinat du préfet", a-t-il affirmé, précisant avoir transmis dès 2002 à la justice "deux noms" qu'il tenait d'une source "tout à fait respectable". "Ce qui est grave, c'est que des policiers, des magistrats, ont mis sous le coude des éléments à décharge pour Yvan Colonna. Cela s'appelle une entrave à la manifestation de la vérité. Par conséquent, nous n'avons pas d'autres choix que de déposer plainte contre X car une telle entrave constitue un délit", a déclaré à la presse Me Sollacaro.
Il a ajouté qu'"à (son) sens, le président (de la cour d'assises d'appel spéciale, Didier, ndlr) Wacogne ne peut peut plus siéger", car il aurait reçu une lettre de ce haut fonctionnaire qu'il "affirme ne pas avoir ouverte et dont il n'a pas fait état à la défense". Selon un autre avocat, Me Pascal Garbarini, le nouvel élément intervenu vendredi "devrait conduire à la remise en liberté d'Yvan Colonna détenu depuis juillet 2003".
Yvan Colonna est jugé en appel par la cour d'assises de Paris pour l'assassinat du préfet de Corse le 6 février 1998 en pleine rue à Ajaccio. Il a toujours nié les faits pour lesquels il a écopé le 13 décembre 2007 de la réclusion criminelle à perpétuité. Claude Erignac est le seul préfet victime d'un meurtre dans l'histoire de France. Dossier "maudit" pour la justice, cette affaire, la plus grave en 30 ans de violence politique en Corse, a déjà provoqué une "guerre des polices", conduit à la création de deux commissions d'enquête parlementaires sévères pour le système judiciaire et trois autres procès.
Caroline Caldier avec agences
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