Créteil : une femme de confession juive accuse des policiers de violences antisémites

Après une arrestation lors d'un contrôle routier en juin 2023, une femme de 67 ans affirme que des agents de police lui ont arraché sa perruque alors qu'elle était menottée à un banc, selon son témoignage dévoilé par Mediapart.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un camion de police à Paris (photo d'illustration). (XOSE BOUZAS / AFP)

Elle dit avoir vécu "une humiliation". Une femme juive orthodoxe a déposé une plainte, jeudi 1er février, contre des policiers. Elle les accuse de lui avoir arraché sa perruque au commissariat de Créteil (Val-de-Marne), lors d'une interpellation le 8 juin 2023, a appris l'AFP auprès de son avocat, confirmant une information de Mediapart.

Sarah (le prénom a été changé), 67 ans, a raconté au site d'information avoir été conduite au commissariat à la suite d'un contrôle routier durant lequel les policiers l'ont accusée d'un refus d'obtempérer. Menottée à un banc, elle explique avoir perdu connaissance. Quand elle a repris conscience, elle a entendu une policière dire à un de ses collègues "regarde, elle a une perruque sur la tête, enlève-lui", ce qu'il a fait, selon la première plainte qu'elle a déposée le 13 juin auprès de l'IGPN, la "police des polices", et que l'AFP a consultée lundi.

Celle-ci a été classée sans suite pour "absence d'infraction caractérisée" fin septembre, a précisé le parquet de Créteil. "Aucune suite administrative n'a été donnée à ce dossier par l'IGPN", a pour sa part réagi la préfecture de police de Paris.

Une plainte avec constitution de partie civile

Sarah a déposé une nouvelle plainte jeudi dernier pour "violences à caractère sexiste et antisémite par personnes dépositaires de l'autorité publique". Cette plainte est avec constitution de partie civile, ce qui devrait entraîner la désignation d'un juge d'instruction.

Selon son avocat, Arié Alimi, le contrôle routier est survenu alors que la femme rentrait "des courses de shabbat", le jour de repos dans la religion juive, et qu'elle roulait "normalement". "Là, des policiers motorisés sortent en trombe d'une station-service", a-t-il assuré. Sarah, ne les identifiant pas comme policiers dans un premier temps, klaxonne.

"Débute un contrôle un peu humiliant", poursuit son avocat : paniquée, "elle lâche le frein" et sa voiture fait une marche arrière, faisant tomber une moto de la police sur laquelle "il n'y a personne". Après une vive discussion avec les policiers, elle est emmenée au commissariat de Créteil.

Sur des images dévoilées par Mediapart et filmées par la caméra-piéton d'un policier au commissariat, Sarah, allongée au sol, le ventre découvert, est maintenue par deux policiers hommes et crie. "Je suis juive, je veux qu'on me rende ma perruque", dit-elle à plusieurs reprises.

Elle doit être jugée le 4 mars

Dans sa plainte, elle déclare avoir eu un malaise, auquel les policiers ne croient pas : on entend dans la vidéo une policière lui enjoindre d'"arrêter la comédie". On entend aussi les policiers se moquer d'elle à plusieurs reprises, puis la forcer à s'asseoir pour lui rendre sa perruque qu'un fonctionnaire de police finit par lui glisser sous le bras."Ils se moquent d'elle parce qu'elle est juive, alors qu'elle est dans un état de fragilité extrême", estime Me Alimi.

Sarah doit être jugée le 4 mars après avoir refusé une comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité, a ajouté le parquet de Créteil. Arié Alimi a déclaré qu'elle comparaîtrait pour "mise en danger de la vie d'autrui avec risque immédiat de mort" et "dégradation d'un bien public". 

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