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Mort de Cédric Chouviat : sa famille dénonce des "propos inadmissibles" tenus par le ministre de l'Intérieur sur France 2

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a affirmé au cours de l'émission "Vous avez la parole" qu'il refusait de "faire le procès avant le procès" des policiers impliqués dans l'interpellation de Cédric Chouviat. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gérald Darmanin pendant l'émission "Vous avez la parole", le 11 février 2021, sur France 2. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Dans une lettre datée du 18 février envoyée au ministre de l'Intérieur, les avocats de la famille de Cédric Chouviat dénoncent "une forme de mépris affiché", par Gérald Darmanin au cours de l'émission "Vous avez la parole", le 11 février sur France 2. Cédric Chouviat est mort étouffé le 5 janvier 2020 au cours d'une interpellation à Paris.

Interrogé sur cette affaire, Gérald Darmanin avait, dans un premier temps, déclaré "s’incliner sur la douleur de cette femme et des enfants", car "la mort d’un homme, c’est toujours un échec", avant d'indiquer qu'il fallait attendre des décisions judiciaires pour prendre une sanction envers les policiers impliqués dans cette interpellation tragique.

Dans cette lettre des avocats au nom de la famille Chouviat, ils réclament "la suspension des policiers mis en cause", dans la mort du père de famille. "D’autres policiers ont été suspendus dans des affaires de moindre gravité et de moindre importance", soutiennent-ils dans ce courrier.

Pas de suspension avant condamnation

Dans l'émission, à propos des policiers qui n'ont pas été suspendus, Gérald Darmanin a indiqué qu'il n'allait pas "faire le procès avant le procès" et que si la justice "les condamne, ils ne pourront plus porter l’uniforme de la République", parce que "je ne veux pas que la justice se fasse sur les réseaux sociaux, pas seulement sous le coup de l’émotion", même si on "on peut avoir de l’empathie", envers la famille Chouviat, avait martelé Gérald Darmanin.

Mais pour les avocats et la famille, "les images de l’interpellation, les témoignages, l’autopsie… ne laissent ainsi pas le moindre doute sur la responsabilité des fonctionnaires dans la mort de Cédric Chouviat et ce, indépendamment de la question des qualifications qui pourraient être retenues. Que faut-il aujourd’hui de plus ?", s'interrogent-ils dans ce courrier.

 "Une forme de complaisance"

Les avocats ont évoqué l'affaire Michel Zecler, ce producteur noir qui avait été tabassé par des policiers le 21 novembre 2020. Dans l'émission sur France 2, Gérald Darmanin avait justifié les différences de traitement entre les affaires Chouviat et Zecler, "la justice, très rapidement, a mis ces policiers en garde à vue", dans l'affaire Zecler, "et pour deux des quatre d’entre eux, en prison, en détention préventive", a détaillé le ministre de l'Intérieur.

Ces policiers ont été libérés et placés sous contrôle judiciaire depuis le 22 décembre 2020. Ces policiers ont été suspendus, ce qui n'est pas le cas dans l'affaire Chouviat. "C’était mon devoir de les suspendre", avait dit Gérald Darmanin. La famille Chouviat fait part de son incompréhension car elle "ne parvient absolument pas à comprendre le traitement variable dans les suites données à des affaires mettant en cause des policiers et surtout ce qu’elle perçoit comme une forme de complaisance à l’égard de ceux à l’origine de la mort de Cédric Chouviat".

Cette décision de ne pas suspendre les policiers est d'autant plus étonnante et inadmissible pour la famille et ses avocats que "trois des quatre fonctionnaires impliqués dans l’interpellation de Cédric Chouviat sont mis en examen pour homicide involontaire. Une policière est placée sous le statut de témoin assisté". En conclusion de cette lettre envoyée à Gérald Darmanin, les avocats indiquent que "rien n’arrêtera la famille de Cédric Chouviat dans le combat qu’elle porte pour sa mémoire et pour que toute la vérité soit définitivement faite".

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