Laïcité, immigration, violences policières... Huit séquences à retenir de l'émission "Vous avez la parole" avec Gérald Darmanin et Marine Le Pen
Le ministre de l'Intérieur était l'invité de l'émission de France 2 "Vous avez la parole" consacrée au projet de loi "confortant le respect des principes de la République", jeudi soir. Il a débattu pendant plus d'une heure avec Marine Le Pen.
Laïcité, lutte contre les "séparatismes", immigration… Les sujets régaliens étaient au cœur de l'émission "Vous avez la parole", jeudi 11 février sur France 2. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin y était l'invité principal, à l'heure du débat sur le projet de loi "confortant le respect des principes de la République".
Après son interview, l'ancien député et maire de Tourcoing (Nord) a débattu pendant plus d'une heure avec la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Un retour attendu pour l'ex-candidate à l'élection présidentielle, près de quatre ans après son débat manqué face à Emmanuel Macron lors de l'entre-deux tours. Voici huit séquences issues de leurs interventions.
1"Sécurité globale" : "On aurait pu s'y prendre autrement" sur l'article 24
Interrogé sur d'éventuels regrets depuis son arrivée place Beauvau, Gérald Darmanin a d'emblée évoqué l'article 24 de la proposition de loi "sécurité globale". Celui-ci, très vivement contesté, prévoyait la possibilité de pénaliser la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" d'un policier ou d'un gendarme en intervention, si l'intention du diffuseur était jugée malveillante.
"Les buts sont très nobles et je continue à les soutenir, le fait qu'il faut protéger les policiers, les gendarmes dans les opérations de police", a défendu le ministre de l'Intérieur. Toutefois, "on aurait pu s'y prendre autrement, j'aurais pu m'y prendre autrement. Notamment écrire dans la loi que les journalistes étaient totalement exclus", a reconnu Gérald Darmanin. "C'est une erreur que je ne referai pas. (...) Si on peut mieux le rédiger, ce serait mieux pour tout le monde."
2"Je ne serai pas mis en examen"
Avant son débat avec Marine Le Pen, le ministre de l'Intérieur a été questionné sur l'enquête pour viol le visant. "Il y a eu trois décisions de justice successives (...) Je constate qu'au bout de quatre ans, cette calomnie ne cesse pas", a-t-il dénoncé, comparant sa situation à l'affaire Baudis, en référence à l'ancien maire de Toulouse faussement mis en cause dans les années 2000.
"Je ne demande aucune exception, même s'il y a eu un certain acharnement", a encore déploré Gérald Darmanin. Sur le plateau, le ministre a assuré qu'il ne serait "pas mis en examen dans cette affaire". "Il y a pour la quatrième fois une justice qui se prononcera et moi je l'attends", a-t-il conclu.
3Violences policières : Gérald Darmanin dénonce un "procès"
Léa Salamé et Thomas Sotto ont poursuivi leur interview sur la question des violences policières. Après avoir entendu Doria Chouviat, veuve du livreur Cédric Chouviat, le ministre de l'Intérieur a souligné que "les policiers sont contrôlés plus que tout les autres fonctionnaires". "Les policiers et gendarmes font un travail formidable pour notre pays. (Mais) il y a des policiers et il y a des gendarmes, comme dans toute profession, qui peuvent déshonorer leur fonction", a reconnu Gérald Darmanin.
Ce dernier a néanmoins dénoncé un "procès" qui "n'est pas très équitable". "Vous allez condamner toute une institution, les centaines de milliers de femmes et d'hommes pour quelques uns. Je refuse de condamner une toute petite partie en disant que c'est le tout", a-t-il défendu.
4"Moi, je m'attaque à l'idéologie islamiste", lance Marine Le Pen à Gérald Darmanin
Dès 21h30, l'interview a laissé place au débat entre Marine Le Pen et Gérald Darmanin. Leur confrontation a débuté sur le sujet principal de la soirée : le projet de loi "confortant le respect des principes de la République". "Vous souhaitez qu'on cible une religion", a répliqué le ministre de l'Intérieur face à la présidente du Rassemblement national, qui accuse le texte de ne pas nommer suffisamment sa cible, l'islamisme radical.
"Je crois que c'est vous qui commettez une erreur en vous attaquant aux religions (...) Moi, je m'attaque à l'idéologie islamiste", a défendu Marine Le Pen. "C'est une idéologie totalitaire (...) Je vais l'interdire absolument dans toutes les expressions qui sont les siennes."
5Livre de Gérald Darmanin : "J'aurais pu le signer", déclare Marine Le Pen
Au cours du débat, Marine Le Pen a tenu entre ses mains Le séparatisme islamiste – Manifeste pour la laïcité (éditions L'Observatoire), un essai récemment écrit par le ministre de l'Intérieur. "J'aurais pu le signer ce livre", a lâché la présidente du Rassemblement national, entraînant une réaction immédiate de Gérald Darmanin : "Non, ça va aller."
Aux yeux de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle, cet ouvrage décrit "l'islamisme de manière extrêmement claire". "Et ce n'est pas du tout le cas de la loi", a-t-elle regretté. "Comment a-t-on pu passer de ce livre... Vous parlez des Frères musulmans, du salafisme, vous dites que c'est une idéologie la plus terrible du monde moderne. De tout cela, on se dit, mais qu'est-ce qui reste dans la loi ?"
6Sur la laïcité, "vous êtes plus molle que nous pouvons l'être"
Critiqué par Marine Le Pen sur le fait de ne pas cibler clairement l'islamisme radical à travers le projet de loi "confortant le respect des principes de la République", Gérald Darmanin a taclé la figure du Rassemblement national, la décrivant comme "un peu branlante, un peu molle" sur les questions de laïcité. "Je trouve qu'en effet vous êtes plus molle que nous pouvons l'être", a lancé le ministre de l'Intérieur. "Prenez des décisions fortes qui touchent les cultes Madame Le Pen", a-t-il insisté.
7Immigration : une bataille de chiffres
Le débat s'est ensuite poursuivi sur la question de l'immigration, sujet souvent ciblé par le Rassemblement national. "Pourquoi continuez-vous à accorder 471 000 titres de séjour comme en 2019 ?" a lancé Marine Le Pen à Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur a répliqué sans attendre à ces approximations, rappelant, graphique à l'appui, que le nombre de titres de séjour délivrés en 2019 était d'environ 277 000.
"Vous avez perdu le contrôle de l'immigration", a renchéri la dirigeante du Rassemblement national. "Ce n'est pas sérieux, vous installez la peur", a dénoncé le ministre de l'Intérieur, continuant de la contredire sur les chiffres de l'immigration.
8Port du voile : "vous n'êtes pas sérieuse", lâche Gérald Darmanin
Le débat s'est transformé en cacophonie sur la question du port du voile dans l'espace public. Prenant l'exemple de Latifa Ibn Ziaten, mère de la première victime de Mohamed Merah, Gérald Darmanin a défendu le fait de ne pas "lui demander de retirer son voile dans l'espace public". "Vous allez lui demander de retirer son foulard à cette dame ?" a-t-il lancé à Marine Le Pen.
Ce voile porté par la mère d'Imad Ibn Ziaten, "ce n'est pas un voile islamique", a répliqué la présidente du Rassemblement national. "La police de la République va donc devoir distinguer ce qui est un vêtement islamique de ce qui ne l'est pas ? On voit bien que vous n'êtes pas sérieuse", a réagi le ministre de l'Intérieur.
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