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Policiers dans les établissements scolaires : "Hors de question" qu'on "nous demande de faire du préventif ou de l'éducatif"

La déléguée nationale d’Unité SGP Police FO est revenue sur franceinfo sur le plan contre les violences scolaires qui pourrait aboutir à la présence de policiers dans les collèges ou lycées. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Un policer devant une école à Nice (Alpes-Maritime). (JEAN FRANCOIS OTTONELLO / MAXPPP)

Le gouvernement a reporté son plan contre les violences scolaires, qui envisageait la présence de policiers dans les écoles. Le Conseil des ministres en discutera mardi 30 octobre mais il n'y aura pas d'annonces car des détails restent encore à régler, selon l'Élysée et le ministère de l'Éducation. "Il est hors de question que l'Éducation nationale nous demande de faire du préventif ou de l'éducatif", a réagi mardi 30 octobre sur franceinfo Linda Kebbab, déléguée nationale d’Unité SGP Police FO. Selon elle, "il faut réfléchir" à ce plan. "Nous ne sommes pas contre la présence de policiers dans les collèges et les lycées s'il le faut, mais ce sera uniquement pour faire du répressif."

franceinfo : Le ministre de l'Intérieur envisageait des permanences de policiers et de gendarmes dans les établissements scolaires. Les annonces sont reportées. A-t-il parlé trop vite ?

Linda Kebbab : C'est surtout qu'on interroge sur le pourquoi de ces permanences policières au sein des établissements, et puis surtout les causes. On se rend compte aujourd'hui que l'administration de l'Éducation nationale a aussi mal géré ses problèmes internes que notre administration le fait avec les policiers. On se rend compte aujourd'hui qu'on veut mettre des policiers dans les collèges et les lycées pour des problèmes qui auraient pu être réglés en amont, notamment pour faire de l'éducatif, rôle qui ne doit pas être rempli par des policiers. Je ne veux pas vous donner une réponse franche. Évidemment, quand un chef d'établissement va nous demander de l'aide parce qu'il sera dans une situation désespérante, on interviendra parce que les policiers sont là pour ça, en revanche aller mettre des postes de police pour faire de l'éducatif, c'est strictement non, ce n'est pas le rôle de policier. Il faut des éducateurs. Sauf que comme on a fermé des postes d'aide sociale à l'enfance dans les foyers, où on ne forme plus les éducateurs, on appelle les quelques fonctionnaires qu'il reste, en l'occurrence les policiers.

Donc vous êtes plutôt d'accord avec les professeurs et les parents d'élèves qui semblent sceptiques ?

Il y a de quoi être sceptique. Avoir un poste de police pérenne au sein d'un établissement, quelle est l'utilité ? Il n'y a pas beaucoup de policiers qui ont signé pour autre chose que pour courir après les voleurs. Au final, sur du long terme, quelle va être la mesure éducative ? Les policiers ne sont pas formés à faire de l'éducatif ou de la pédopsychiatrie. Il n'y aura pas d'utilité sur le fond au sein d'un établissement. Qu'on intervienne ponctuellement pour pouvoir désamorcer des situations, interpeller, d'accord, mais dans ces cas-là on est dans le répressif, or un poste de police, l'idée c'est de faire un peu de préventif, d'éducatif. Et puis, aller créer des postes de police, mais avec quels effectifs ? On n'a toujours pas de petits soldats en plomb à qui on donne vie à volonté et selon l'actualité, on n'a pas assez de fonctionnaires de police pour régir la criminalité et la délinquance sur la voie publique. On n'a pas assez de CRS, même les services de renseignement commencent aujourd'hui à être exsangues parce qu'il y a un turn-over important des policiers, notamment en région parisienne. Comment voulez-vous qu'on ouvre des postes de police dans les collèges et les lycées ? On n'a pas d'effectifs pour ça.

Des annonces reportées, ce n'est pas plus mal dans ces conditions...

Peut-être serait-il mieux de les réfléchir. Les organisations syndicales policières ont été rapidement entendues vendredi dernier, et comme nous l'avons dit, nous ne sommes pas contre la présence de policiers dans les collèges et les lycées s'il le faut, mais ça sera uniquement pour faire du répressif. Il est hors de question que l'Éducation nationale nous demande de faire du préventif ou de l'éducatif.

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