: Info franceinfo Un syndicat de policiers interpelle le Premier ministre sur les ratés des interceptions téléphoniques
Devant l'accumulation des incidents techniques qui touchent la Plateforme des interceptions téléphoniques, l'un des grands syndicats d'officiers de police interpelle le Premier ministre.
Des enquêteurs en partie sourds et aveugles. Plusieurs années après son lancement, la Plateforme des interceptions téléphoniques (la PNIJ), reste un cauchemar administratif pour les policiers qui l'utilisent au quotidien. Bugs, lenteurs de l'interface, surcoût du projet. Devant l'accumulation des incidents techniques, l'un des grands syndicats d'officiers de police interpelle le Premier ministre, révèle jeudi 26 octobre franceinfo.
À l'origine, un projet conçu pour se passer des prestataires extérieurs, rationaliser le coût des écoutes téléphoniques judiciaires, faire des économies et moderniser le travail de la police judiciaire. À l'arrivée, c'est un cauchemar administratif dont le coût a explosé, 181,5 millions d’euros en 2018 contre les 17 millions d'euros initialement prévu. Mais surtout un outil lent, chronophage qui ne donne pas satisfaction aux enquêteurs. "La PNIJ est obsolète et laborieuse", rappelle Christophe Rouget du syndicat SCSI.
Le syndicat demande les résultats de deux audits
Récemment, le journal Le Monde révélait ainsi que, depuis plus de 10 mois, les policiers ne peuvent pas géolocaliser des suspects abonnés chez l'opérateur Free. Malgré les "PATCH", les pansements techniques apportés à la PNIJ, les problèmes de fond du système piloté par Thales sont toujours les mêmes affirment les enquêteurs.
Le syndicat des cadres de la Sécurité Intérieure interpelle aujourd'hui le Premier ministre et demande la création d’une commission parlementaire pour passer le projet au crible. Le syndicat demande surtout de communiquer les résultats de deux audits réalisés à la demande de Manuel Valls en 2016. Sinon, menacent ces policiers spécialisés, le risque existe que les déboires de la PNIJ entraîne le sabotage d'enquêtes judiciaires de première importance.
"On n’arrive pas à réaliser plusieurs écoutes en même temps", souligne Christophe Rouget. "Lorsque nous perdons des données, lorsque nous n’avons pas accès à des écoutes en temps réel, lorsque nous avons des problèmes de connexions, évidemment nous perdons des informations et tout cela, ça se fait au détriment des services de police qui suivent des délinquants qui profitent de ces défaillances", déplore-t-il.
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