Collision avec la police à Elancourt : "Non, il n'y a pas d'accident", dénonce l'avocat de la famille de l'adolescent en état de mort cérébrale
"Non, il n'y a pas d'accident", a affirmé ce vendredi sur franceinfo Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille de Sefa, l'adolescent de 16 ans gravement blessé dans une collision avec un véhicule de police mercredi à Elancourt (Yvelines).
"Différents éléments me permettent d'affirmer avec certitude que le véhicule de police a tenté d'aller au contact de la moto en lui coupant la route", a-t-il jugé. "J'affirme sur la base d'un témoin présent qui a vu le véhicule de police aller à vive allure en direction de cette moto pour la percuter", a déclaré l'avocat de la famille. Yassine Bouzrou a confirmé par ailleurs avoir demandé "le dépaysement total" de l'enquête, estimant "que le parquet de Versailles n'est pas apte à gérer ce dossier convenablement". Mercredi soir, le ministère public avait initialement indiqué le décès de Sefa, contredit jeudi par l'avocat de la famille, affirmant que l'adolescent se trouve "en état de mort cérébrale".
franceinfo : La famille de l'adolescent a porté plainte pour tentative d'homicide volontaire. Vous ne croyez pas à la thèse de l'accident ?
Yassine Bouzrou : Absolument pas, différents éléments me permettent d'affirmer avec certitude que le véhicule de police a tenté d'aller au contact de la moto en lui coupant la route et qu'ils l'ont percuté. Donc il n'y a pas d'accident. Il y a des contestations assez simples qui permettent de comprendre qu'une collision a eu lieu entre la moto et le véhicule.
"Nous avons des policiers qui ont utilisé la méthode du tamponnage, le fait de percuter une moto pour l'interpeller, qui est totalement interdit. "
Yassine Bouzrou,sur franceinfo
Je vous confirme par ailleurs qu'il y a bien eu une course-poursuite, que les véhicules de police avaient leur gyrophare et que les véhicules de police voulaient intervenir à la suite d'un prétendu refus d'obtempérer. Les deux voitures de police prenaient clairement en chasse cette moto. C'est une certitude.
Pour l'heure, le parquet a ouvert une enquête pour homicide involontaire. De quels éléments, précisément, disposez-vous ?
J'affirme que sur la base d'un témoin qui était présent, qui a même témoigné dans certains médias et qui affirme qu'il a vu la scène, qu'il a vu le véhicule de police aller à vive allure en direction de cette moto pour la percuter. Surtout, il y a quelque chose qu'on voit malheureusement souvent dans ce type de dossier. Ce sont des déclarations policières mensongères dès le départ. Hier (jeudi), la presse a relayé toute la journée des sources policières indiquant que le fait que le véhicule de police était entré en collision avec la moto était une pure coïncidence.
Est-ce que vous confirmez que Sefa circulait à moto sans casque sur un trottoir ?
Moi, je vous confirme qu'il était sur une moto. Pour le reste, l'enquête pourra déterminer les choses. Ce qui est important, c'est de savoir que le véhicule de police a percuté volontairement cette moto et il n'est pas normal que des policiers soient remis en liberté sans aucune poursuite judiciaire après avoir causé un accident aussi grave avec peut-être un décès. Aujourd'hui, Sefa est en situation de mort cérébrale et malheureusement, nous craignons le pire. Ce n'est pas normal dans un État de droit qu'un policier qui percute la moto d'un jeune homme en ne respectant pas la loi se retrouve en liberté sans aucune poursuite judiciaire. C'est scandaleux et la famille demande à ce que la justice respecte le droit et que ces policiers fassent l'objet de poursuites judiciaires.
Sefa a d'abord été déclaré mort par le parquet de Versailles alors qu'il se trouvait en état de "mort cérébrale", que s'est-il passé ?
On a une procureure de la République de Versailles qui traite ce dossier d'une manière totalement scandaleuse et qui a affirmé très rapidement que le jeune homme était décédé, ce qui est totalement faux. On ne peut pas se tromper sur un élément factuel aussi important. Au moment où les médias indiquent que Sefa est décédé, la famille est à son chevet à l'hôpital. Donc il y a un moment où il faut arrêter de communiquer n'importe comment. J'ai d'ailleurs demandé un dépaysement de ce dossier parce que j'estime que le parquet de Versailles n'est pas apte à gérer ce dossier convenablement. Il faut savoir qu'aujourd'hui, il n'y a quasiment pas d'enquête. Le parquet de Versailles a décidé de garder cette enquête au lieu de la confier à un autre tribunal. Donc, aujourd'hui, nous avons malheureusement une justice qui ne respecte pas la loi.
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