: Reportage "Il faut que ça cesse, ces histoires" : à Elancourt, l'émotion et l'inquiétude après la collision entre un adolescent à moto et une voiture de police

Les marques de l'accident sur la chaussée sont encore visibles, à l'intersection avec l'une des principales avenues d'Élancourt, dans les Yvelines. C'est là, dans le quartier des Nouveaux Horizons, à la limite de la commune voisine de Maurepas, que la collision a eu lieu entre un jeune homme de 16 ans qui circulait en deux-roues un véhicule de police, mercredi 6 septembre. Il est en état de mort cérébrale.

>> Ce que l'on sait de la collision entre un adolescent sur un deux-roues et une voiture de police dans les Yvelines

A Elancourt, il est très difficile de trouver des témoins directs de l'accident. Tout simplement parce que l'intersection où a eu lieu le drame, entre une petite rue qui mène à une zone résidentielle et une avenue, est cachée par des arbres. Karine, depuis son immeuble qui est à une soixantaine de mètres de là, a tout entendu : "Il y a eu un impact, assez fort. Je n'ai pas vu ce qui s'était passé, mais c'est vrai que j'ai entendu le bruit. Du coup, je suis allée tout de suite voir ce qui se passait et j'ai pu constater qu'il y avait une moto qui était renversée sur la route. Deux ou trois voitures de police qui étaient directement sur place. Tout de suite, des policiers ont commencé un massage cardiaque."

De source policière, l'adolescent avait été repéré vers 18h20 par une patrouille de police alors qu'il conduisait une mini moto sans casque. Les policiers ont alors décidé de le suivre à distance avec le gyrophare allumé, mais sans sirène. C'est alors que le jeune homme, qui circulait à grande vitesse, a percuté de plein fouet une seconde voiture de police qui débouchait d'une intersection. Blessé lors du choc, l'adolescent s'est trouvé un temps en arrêt cardiaque respiratoire, avant d'être réanimé par les secours sur place puis dirigé vers un hôpital. Il s'y trouve en état de mort cérébrale, a annoncé le parquet jeudi, après avoir dans un premier annoncé sa mort, dans la soirée de mercredi.

Deux enquêtes ouvertes

"D'après une version, il y a eu une course-poursuite avec un petit et il s'est fait renverser par la police, avance un habitant. Et d'après une autre version, c'est le petit qui a foncé. Je ne sais pas laquelle est la vraie. Il y aura une enquête qui devra décider de qui a tort ou a raison." L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie, a appris franceinfo de source judiciaire. Les deux policiers conducteurs des deux véhicules impliqués ont par ailleurs été placés en garde à vue. Celle-ci a été levée jeudi et une enquête pour homicide involontaire a été ouverte par le parquet de Versailles. Une autre enquête a été ouverte pour refus d'obtempérer, confiée à la Sûreté territoriale des Yvelines. 

Rien ne permet en effet de dire à ce stade que le jeune homme faisait des acrobaties ou conduisait dangereusement. Des doutes existent également sur le fait de savoir s'il avait conscience d'être suivi par les policiers. "Cela ne devait pas mener à la mort du petit, poursuit cet habitant. C'est un triste événement pour Elancourt. Il y a eu l'affaire du petit Nahel, ce serait bien que ça cesse, ces histoires de rodéo, et à la fin qu'il y ait un mort." 

Après ce drame, un escadron de gendarmes mobiles a été envoyé à Elancourt pour prévenir d'éventuels troubles dans cette ville de 25 000 habitants, selon une source policière. Jeudi après-midi, la CRS 8, unité de police spécialisée dans les violences urbaines, sera déployée à Elancourt, à la demande de Gérald Darmanin. Mercredi, une centaine de personnes s'étaient rassemblées sur les lieux de l'accident. Les équipages de police locaux ont été invités à ne pas se rendre sur le terrain pour éviter les tensions, ont appris France Inter et franceinfo de source proche de l'enquête. Il y a eu quelques incidents à Trappes, à quelques kilomètres d'Elancourt, mais sans que l'on puisse forcément faire un lien avec le drame.

À Elancourt, l'affaire est évidemment dans toutes les conversations. La perte d'un jeune homme de 16 ans est "toujours un drame", souligne une grand-mère. On attend bien sûr beaucoup de l'enquête pour savoir exactement ce qui s'est passé. Certains font déjà le rapprochement avec ce qui est arrivé au jeune Nahel, il y a un peu moins de deux mois. Mais tout le monde, évidemment, espère qu'il n'y aura pas les mêmes conséquences.