Mort de Ronnie Biggs, une légende du crime organisé
On disait de lui qu'il était le cerveau du "coup du siècle ". Dans la nuit du 7 au 8 août 1963, il était parvenu à arrêter un convoi ferroviaire en trafiquant la signalisation, à blesser le conducteur du train, et à s'emparer, avec ses acolytes, de 120 sacs de billets de banque en petites coupures. 2,6 millions de livres (soit 54 millions d'euros aujourd'hui) plus tard, il avait réalisé ce qui était à l'époque le plus gros braquage de l'Histoire.
C'est sans doute en ces termes que l'on se souviendra de lui, puisque Ronnie Biggs est décédé ce mercredi à l'âge de 84 ans. Après ce fameux braquage, il avait été emprisonné. Mais le braqueur avait réussi à s'évader au bout de quinze mois de prison en escaladant un mur de 10 mètres de haut et en se cachant dans un camion de déménagement.
Une cavale de 36 ans
Sa rocambolesque cavale durera 36 ans, en Espagne, en Australie et au Brésil. Une cavale au cours de laquelle il avait eu recours à la chirurgie esthétique pour changer son apparence.
Ne pouvant être extradé, faute d'accord avec le Royaume-Uni, Ronnie Biggs gagnait sa vie en organisant des barbecues pour touristes à qui il racontait son aventure. Dans une vidéo mémorable, on le voit notamment recevoir chez lui, dans sa maison brésilienne, Albert Spaggiari, autre figure du grand banditisme, française cette fois-ci.
Aucun regret
En 2001, Ronnie Biggs était revenu de lui-même en Angleterre où il savait qu'il retournerait en prison. Son état était fragile, sa santé s'aggravait derrière les barreaux, si bien qu'il avait été libéré en 2009, et a terminé ses jours dans une maison de retraite de Londres.
En août dernier, à l'approche du cinquantième anniversaire du braquage, qui a coïncidé avec son 84e anniversaire, Ronnie Biggs avait prévenu: "Si vous voulez me demander si j'ai des regrets d'avoir fait partie du gang, ma réponse est non ". Sa dernière apparition publique remontait aux funérailles en mars dernier de Bruce Reynolds, cerveau de l'attaque du train postal.
Une légende outre-Manche
En Grande-Bretagne, sa mort a provoqué une vive émotion. Il bénéficiait outre-Manche d'une vive admiration d'une grande partie de la société. Son histoire avait donné lieu à de nombreuses adaptations, livresques ou cinématographiques, et même à une musique des Sex Pistols, sur laquelle il avait lui-même chanté, "No one is innocent".
"Il écrit sa propre légende" (Frédéric Ploquin, journaliste)
Ronnie Biggs a contribué à écrire son propre mythe, comme le raconte Frédéric Ploquin, journaliste d'investigation à Marianne et spécialiste du grand banditisme. "Comme d'autres voyous contemporains, il va prendre en main sa propre image. Une espèce d'entreprise en direction des médias bien avant l'époque actuelle. Il joue avec les médias, il vend sa propre histoire. (...) Il écrit sa propre légende ", explique-t-il.
"On a tous les ingrédients : une enfance dans l'Angleterre un peu nostalgique des années 40, une famille pauvre, premier vol à 14 ans, et ce gros braquage. On a un personnage qui démarre comme ça, et qui cumule tous les ingrédients : il s'évade au bout de quelques mois, un peu à l'ancienne, et puis cette cavale ", raconte Frédéric Ploquin.
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