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Francis Heaulme condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz

Le tueur en série comparaissait devant la cour d'assises de la Moselle, à Metz, depuis le 25 avril, pour les meurtres de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, commis le 28 septembre 1986. Les deux enfants étaient alors âgés de 8 ans.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Francis Heaulme dans le box des accusés, au premier jour de son procès, le 25 avril 2017.  (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

La peine maximale. Francis Heaulme a été jugé coupable, mercredi 17 mai, à l'issue de son procès, et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Le tueur en série comparaissait devant la cour d'assises de la Moselle, à Metz, depuis le mardi 25 avril, pour le meurtre de deux enfants de 8 ans. Cyril Beining et Alexandre Beckrich ont été tués à coups de pierres, le 28 septembre 1986, à Montigny-lès-Metz. Une affaire dans laquelle il n'y a ni certitudes ni preuves, mais que des convictions.

Le verdict a été rendu dans la soirée, au terme de six heures de délibéré. Cette condamnation est conforme aux réquisitions de l'avocat général, prononcées dans la matinée de mercredi. Il s'agit donc de la troisième condamnation à la perpétuité de Francis Heaulme. Avant ce verdict, le "routard du crime" a déjà été condamné pour neuf meurtres commis entre 1984 et 1992.

"Je ferai donc appel dès demain matin"

Au cours des quinze jours d'audience, étalés sur quatre semaines, Francis Heaulme n'a cessé de répéter, comme un refrain invariable : "Montigny, ce n'est pas moi !" Mais à l'énoncé du verdict, il n'a pas eu de réaction apparente. Il s'est entretenu plusieurs minutes avec ses avocats, tout particulièrement Liliane Glock, venue s'asseoir à ses côtés dans le box en verre qui lui était réservé.

L'avocate est ensuite sortie et a annoncé que son client lui demandait de faire appel. Francis Heaulme a formulé cette intention dans une lettre que Liliane Glock a brandie face aux journalistes.

"Maitre Glock faite appele de ma comendation par la cour d’assise de Metz le 17 mai 2017. Francis Heaulme (sic)", a écrit l'accusé au feutre noir sur une feuille blanche. Courrier qu'il a signé. "Je ferai donc appel dès demain matin", a annoncé l'avocate qui le défend depuis la fin des années 1990. "Il rentre à la maison de toute façon", a ajouté Liliane Glock, à propos de Francis Heaulme, qui retourne en prison dès ce soir.

"J'ai toujours ce doute"

Si cet appel était confirmé, Thierry Moser, avocat du couple Beckrich, les parents d'Alexandre, le regretterait. "Ce serait le recommencement et à nouveau ma plaie serait à vif." L'avocat s'est distingué mardi en plaidant à contre-courant de ses clients. "J'ai la conviction de la culpabilité de Francis Heaulme", a-t-il redit mercredi soir après le verdict. Tandis que ses clients ont encore en tête Patrick Dils, condamné en 1989 mais acquitté en 2002, l'une des plus grandes erreurs judiciaires françaises.

Dominique Beckrich n'a d'ailleurs pas assisté à l'énoncé du verdict. Son mari, Serge, et sa fille, Allison, étaient présents. Mais ce verdict ne les convainc pas. "J'ai toujours ce doute", réagit Serge Beckrich, resté dans la salle d'audience. "S'il y a un appel, non, je n'irai pas", indique-t-il. Allison se dit simplement "fatiguée" après ces quatre semaines de procès.

"Voilà, je sais qui a tué mon fils"

Ce n'est pas le cas de Chantal Beining. La mère de Cyril s'est battue pour que ce procès ait lieu, notamment après un non-lieu prononcé en faveur de Francis Heaulme en 2007, avec l'aide de son avocate. Dominique Boh-Petit a décrit sa réaction mercredi soir. "Elle m'a dit : 'Voilà, je sais qui a tué mon fils.'" Secouée par ce verdict, Chantal Beining a ensuite fondu en larmes. Et elle est partie. 

"Plus personne ne dira : 'on a un coupable de substitution'", se satisfait Dominique Boh-Petit. La lettre de Francis Heaulme ouvre la voie à un procès en appel. Soit le sixième dans ce dossier hors norme, vieux de trente ans. Peu importe, pour Chantal Beining : elle n'a pas peur. C'est son avocate qui le raconte. "Elle m'a dit : 'maître, s'il y a un appel, on ira en appel.'"

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