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Macron : quand la colère de certains notaires dégénère en menaces

Le ministre de l'Economie dit avoir reçu des menaces de mort. Francetv info tente de retracer leur origine.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, le 29 janvier 2015, à Paris. (ERIC PIERMONT / AFP)

Emmanuel Macron a porté plainte, lundi 2 février, après avoir fait l'objet de menaces de mort à l'occasion des débats sur la réforme du notariat. Quelques minutes après avoir évoqué l'affaire dans l'hémicycle, le ministre de l'Economie a regretté que "les menaces de mort font malheureusement partie de la vie politique", au micro de notre confrère de France 2, Thierry Curtet.

D'où viennent ces menaces ? Contactés par francetv info, les services de Bercy n'ont pas voulu commenter "une procédure en cours". Mais un tweet menaçant serait en cause, selon l'AFP.

Macron : "Les menaces de mort font malheureusement partie de la vie politique" (THIERRY CURTET - FRANCE 2)

Les "Notaires furibards" ont-ils dérapé sur Twitter ? 

Depuis plusieurs semaines, la profession mène une fronde pour dénoncer le projet de loi sur les tarifs des professions réglementées du droit. Au cœur de la contestation, le collectif des "Notaires furibards" est à l'origine de nombreuses actions, dont la publication de nombreuses vidéos sur une chaîne YouTube. Des dizaines et des dizaines de notaires ont également posé avec un écriteau portant leurs revendications, devant un fond utilisé pour les suspects.

Une photo retient l'attention. Un notaire corse tient un écriteau sur lequel est inscrit : "Titulaire Permis Chasse pour Plumes, Battues, MACRONS, R. FERRAND PLASTICAGES POSSIBLES".

Mais rien n'indique que ce soit le document ciblé par Emmanuel Macron. En tout cas, toujours rien mardi midi. "Il n'est pas difficile de voir qu'on est dans le second degré", estime par ailleurs Ambroise Véret, président de l'association pour la sauvegarde et la promotion du notariat (ASPN), une autre association engagée contre le projet de loi : "Le panneau débute avec une citation du film L'Enquête corse et le terme 'plasticage' fait référence aux discours stigmatisants [sur les Corses] qu'il endure depuis des années."

Des députés font part de menaces par e-mails et sur Twitter

Plus largement, le ministre n'est pas le seul dans le collimateur de la profession. Le rapporteur de la loi Macron, le député PS Richard Ferrand, est lui aussi ciblé par des messages. "Le ministre a choisi d'en parler, c'est son droit, mais c'est surtout le fait de quelques idiots, de quelques abrutis", résume l'élu. Contacté par francetv info, il évoque une "quantité industrielle" de messages sur les réseaux sociaux. Il précise toutefois ne pas avoir reçu de courrier. Et d'ajouter : "Cela ne m'a jamais empêché de dormir."

Rapporteur de ce volet du texte, Cécile Untermaier dénonce également la véhémence de certains notaires. "Choquée", la députée PS dénonce un "comportement inadmissible de la part de certains officiers de la République, dont les messages sont rédigés dans un esprit extrêmement violent". Elle a laissé tomber son compte Twitter depuis deux ou trois jours et n'exclut pas de porter plainte, après avoir reçu de nombreux e-mails "d'une violence inouïe" : "On verra, si ça s'amplifie, pourquoi pas", explique-t-elle à francetv info.

Pour sa part, le Conseil supérieur du notariat "déplore et condamne les quelques dérapages et interpellations directes et injurieuses qu'il y a pu avoir envers certains élus de la République, notamment sur les réseaux sociaux", dans un communiqué du 29 janvier. Avant d'ajouter qu'ils "sont le signe d'une profession extrêmement inquiète pour son avenir". De son côté, Cécile Untermaier regrette que le Conseil n'ait pas dénoncé plus tôt ces dérives.

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