La famille d'une victime du Mediator demande indemnisation à l'Etat
“L'Etat n'était pas nommément visé dans des procédures d'indemnisation, c'est le cas a partir d'aujourd'hui: les victimes que je représente demandent que l'Etat nous indemnise de leur préjudice né du défaut de vigilance ”, a déclaré Maître Charles-Joseph Oudin.
“Le ministre a deux mois pour répondre. S'il dit “non”, nous attaquerons ce refus devant le juge administratif”, a précisé Me Oudin, qui avait par ailleurs porté plainte devant le tribunal de Nanterre, en novembre 2010, pour“ tromperie aggravée” contre les laboratoires Servier.
_ La malade, qui avait consommé du Mediator durant deux ans, est décédée en 2004.
Antidiabétique largement détourné comme coupe-faim, le Mediator, commercialisé par Servier de 1976 jusqu'à fin 2009, date de son interdiction en France, aurait fait en 33 ans entre 500 et 2.000 morts.
“La responsabilité première est celle du laboratoire”, a jugé Me Oudin. Cependant “il y a un partage de responsabilités, le laboratoire a mis sur le marché une molécule dont on connaît la dangerosité depuis 1995. L''Etat s'est laissé berner” en ne “tirant pas les conséquences de toutes les alertes depuis 1995”.
Me Oudin a estimé notamment que l'Etat n'a “pas tiré enseignement des retraits” du Mediator du marché à l'étranger et n'a pas “mis en place de procédures de lutte contre les conflits d'intérêt”.C'est, selon lui, “ une faute majeure dans ce dossier ”.
_ Dans sa lettre au ministre de la Santé Xavier Bertrand, l'avocat estime que sans les dysfonctionnements de l'AFSSAPS, de la Haute autorité de santé (HAS) et du ministère de la Santé, “le Mediator aurait dû être retiré du marché en 1999 et que madame S. n'aurait jamais dû en consommer”.
Ces carences “caractérisent une faute au sens de la jurisprudence administrative”, écrit-il dans sa demande d'indemnisation.
Mikaël Roparz, avec agences
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