Viols dans le milieu du porno : 17 personnes renvoyées devant la cour criminelle de Paris
17 personnes, soupçonnées de violences sexuelles sur l'ancienne plateforme de vidéos pornographiques "French Bukkake", sont renvoyées devant la cour criminelle départementale de Paris, selon l’ordonnance de mise en accusation à laquelle franceinfo a eu accès jeudi 31 août. Les deux juges d'instruction chargés des investigations menées depuis octobre 2020 se sont prononcées en faveur de la tenue d'un procès.
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Mi-juillet, le parquet de Paris avait requis ces renvois, pour que ces 17 acteurs, réalisateurs et producteurs soient jugés pour "viols", "viols en réunion", "traite d'être humain en bande organisée" ou encore "proxénétisme aggravé". Les deux principaux accusés, le dirigeant du site et réalisateur Pascal OP et son associé Mathieu L, font bien partie des 17 personnes renvoyées devant la cour criminelle de Paris. "L'instruction peut reprendre en partie les éléments relevés par le parquet pour démontrer l'existence de faits de traites des êtres humains en bande organisée", est-il écrit dans l'ordonnance de mise en accusation. L'instruction explique également avoir retenu 27 viols en réunion, entre 2016 et 2020.
La défense comme les parties civiles indiquent déjà vouloir faire appel
"Il résulte des déclarations concordantes et réitérées des plaignantes qu’il y avait une discordance entre les actes sexuels accomplis sur leurs personnes et ceux auxquels elles avaient consentis lors d’échanges succincts et uniquement oraux avec les réalisateurs", poursuit l’ordonnance de mise en accusation. "Elles décrivent avoir été dans un état de sidération sur les tournages en raison du nombre de partenaires masculins qu’elles découvraient sur place. Les actes sexuels s’enchaînaient sur leurs personnes, par surprise, sans qu’elles soient en mesure de les appréhender et donc d’y consentir".
Joint par franceinfo, Me Antoine Ory, l’avocat de Célian V., l'un des producteurs mis en cause, indique qu’il va faire appel de cette ordonnance de renvoi. "C’est une ordonnance sans surprise qui vient conclure des investigations menées exclusivement à charge contre notre client qui a travaillé pendant vingt ans dans ce milieu où il bénéficiait d'une réputation irréprochable".
De son côté, l’avocate de plusieurs parties civiles, dont l’association "Le mouvement du nid", Me Lorraine Questiaux, indique à franceinfo qu’elle va également faire appel de cette ordonnance, évoquant "un déni de justice car des infractions comme la torture, le racisme et le viol en raison du genre ne sont pas retenues". "Je n’ai pas d’autre mot, dans cette affaire, que de parler de crime contre l’humanité contre les femmes", a-t-elle ajouté sur franceinfo.
Cet ancien site pornographique "French Bukkake" tenait son nom d'une pratique sexuelle à plusieurs partenaires. Ses dirigeants sont notamment soupçonnés d'avoir piégé de jeunes femmes précaires, sans leur préciser le nombre de partenaires masculins. Plus d'une quarantaine de victimes, ainsi que des associations, se sont constituées parties civiles dans ce dossier.
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