Scandale des enfants placés du Nord : devant le tribunal, le principal suspect nie les violences

Jusqu'à vendredi, 19 personnes sont jugées devant le tribunal correctionnel de Châteauroux. Mardi, le principal suspect était appelé à la barre.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'entrée du tribunal de Châteauroux (Indre). (REGIS HERVE / RADIO FRANCE)

Violentés, soumis à des travaux forcés, humiliés… Pendant sept ans, des dizaines d’enfants et d’adolescents confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du Nord ont été placés dans des familles sans agrément de l’Indre, de la Creuse et de la Haute-Vienne. Depuis lundi 14 octobre et jusqu’à vendredi, 19 personnes sont jugées devant le tribunal correctionnel de Châteauroux. Mardi après-midi, à la barre, le principal suspect a nié les violences. Il a préféré parler de recadrage.

Le président du tribunal a beau rappeler une à une les scènes de violences commises à l'encontre des enfants, à la barre Julien M., cheveux courts et veste noire, ne veut rien entendre. "Il y a une différence entre recadrer un enfant et le massacrer", lance le prévenu de 45 ans. Ancien policier, pendant sept ans, il s'est improvisé éducateur sans aucun diplôme : "Je n’ai jamais frappé un jeune. Donner une gifle, oui. Frapper, non."

Des récits accablants

"Alors pourquoi tous ces récits qui disent les mêmes choses ?", lance un avocat de parties civiles. "C'est l'effet de groupe. Ils se sont tous concertés", ose le prévenu. "Les enfants, le personnel hospitalier, les éducateurs, les personnes de tous horizons. Tous auraient menti ?", avance un autre avocat. "Je ne sais pas mais je m'excuse de les avoir frappés", fini par lâcher Julien M.

Les récits des enfants de l'ASE sont accablants. Il y a celui de Damien, mineur à l'époque et souffre douleur de Julien M. Il tente par quatre fois de fuguer pour échapper aux coups. "Après sa fugue, lance le président, vous l'avez saisi par la gorge et inondé de coups de poing, des coups de pied à terre, des coups de cravache. Aujourd'hui, il ne sort plus de chez lui, reste enfermé avec son fils. Vous comprenez que ça a des conséquences pour eux ?"

Il y a le récit de Sofiane. "Vous lui avez donné des coups de pied, des coups de poing. Vous avez plongé sa tête dans la cuvette des toilettes et vous avez tiré la chasse…" Il y a aussi Damien, Mario, etc. Sur les bancs des parties civiles, certains craquent, quittent la salle. Mercredi, ils seront plus nombreux que prévu à venir témoigner au tribunal. "J'ai hâte de faire face à mon bourreau, ça va être le grand déballage", confie une plaignante.

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