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Procès "Air Cocaïne" : cinq questions sur la condamnation de quatre Français à 20 ans de prison

Les pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, le passager Nicolas Pisapia, et l'apporteur d'affaires Alain Castany, ont été reconnus "coupables du crime d'association en vue de (...) posséder des drogues illicites".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 4 min
Des policiers dominicains posent devant les 680 kg de cocaïne saisie à bord du Falcon 50 des quatre Français, le 21 mars 2013. (ERIKA SANTELICES / AFP)

Le jugement est tombé dans le procès "Air Cocaïne". Quatre Français ont été condamnés en République dominicaine, samedi 15 août, à 20 ans de prison pour trafic de drogue. En première instance, les pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, le passager Nicolas Pisapia, et l'apporteur d'affaires Alain Castany, ont été reconnus "coupables du crime d'association en vue de (...) posséder des drogues illicites".

Que leur reproche-t-on exactement ? Cette condamnation est-elle définitive ? Comment réagissent leurs proches ? Francetv info répond aux questions autour de ce jugement.

De quoi sont-ils accusés ?

L'affaire remonte à la nuit du 19 au 20 mars 2013. Renseignée notamment par les Etats-Unis, la police dominicaine intercepte sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana un Falcon 50, avec à son bord 26 valises contenant pas moins de 680 kg de cocaïne. L'avion, qui devait s'envoler pour Saint-Tropez (Var), est piloté par Pascal Fauret et Bruno Odos.Nicolas Pisapia et Alain Castany se trouvent à bord. Comme le rappelle 20minutes.fr, l'avion appartient au lunetier Alain Afflelou. Il le loue à une compagnie SN THS, qui compte parmi ses clients un certain Nicolas Sarkozy, ce qui vaudra à l'ancien chef de l'Etat de voir son nom cité en marge de cette affaire.

Dès le départ, la ligne de défense des quatre Français est claire : ils assurent n'avoir pas su qu'il y avait de la drogue à bord. Mais vendredi 14 août, lors des réquisitions, le procureur Milciades Guzman a une nouvelle fois affirmé le contraire, assurant que les valises contenant la drogue étaient "arrivées par un trou percé dans le grillage (longeant le tarmac) jusqu'à l'avion, en présence des pilotes".

En France, une enquête a également été ouverte après l'interception de l'avion en République dominicaine. Mais dès janvier 2013, les gendarmes enquêtaient sur des "comportements suspects" de passagers d'un Falcon 50 ayant atterri un mois plus tôt à Saint-Tropez.

Le 9 décembre 2012, un douanier en poste à Toulon (Var), soupçonné aujourd'hui de complicité, était allé accueillir l'avion, avec à son bord Pascal Fauret, Bruno Odos et Nicolas Pisapia. Il avait fait entrer sur le tarmac deux véhicules, qui avaient emporté dix valises déchargées de l'appareil. Selon l'enquête, deux autres déchargements identiques avaient eu lieu en 2012. Un autre était prévu pour le 18 mars 2013. Mais la défense des Français a fait feu de tout bois, pour que ces faits ne soient pas utilisés par l'accusation durant le procès dominicain.

Qui sont les autres personnes condamnées ?

Dans la foulée de l'opération de police du 19 mars 2013, pas moins d'une quarantaine de personnes — agents des douanes, de la police et des services de sécurité aéroportuaires — avaient été arrêtées à Punta Cana.

La majorité d'entre elles ont été relâchées au fil des mois. Sur les 10 Dominicains finalement poursuivis pour complicité, six ont été acquittés, quatre autres écopant de peines allant de cinq à dix ans de prison.

Cette condamnation est-elle définitive ?

Après l'annonce, les avocats des accusés français ont immédiatement indiqué qu'ils allaient faire appel. Les quatre hommes, qui comparaissaient libres après 15 mois de détention provisoire dans un quartier de haute sécurité, le resteront jusqu'à ce que la sentence soit définitive. Mais ils ne pourront pas quitter la République dominicaine.

"Vingt ans de prison, c'est l'absurde de l'absurde, a réagi sur BFMTV l'un de leurs avocats, Me Jean Reinhart. Il est hors de question que l'on s'incline devant une décision aussi absurde."

Comment réagissent leurs proches ?

Pour leurs proches, cette condamnation est un "coup de massue""Je suis en colère, accablée, révulsée, tous les mots que je peux employer sont faibles", a déclaré Christine Odos, la soeur de Bruno Odos. "Tout est illégal dans ce procès. On a affaire à un pays où la justice ne peut pas porter ce nom", a regretté Sabine Fauret, l'épouse de Pascal Fauret, interrogée sur France Info. Les deux femmes réclament l'intervention des autorités pour sortir les pilotes de ce mauvais pas.

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Le sénateur UDI des Français de l'étranger, Olivier Cadic, a  lui dénoncé sur RTL un "procès à charge contre des Français". "Le Quai d'Orsay doit réagir vigoureusement. C'était de la responsabilité des autorités dominicaines de contrôler les bagages qui sont dans l'avion. C'est un délire absolu", estime l'élu.

Quelle est la réponse des autorités françaises ?

Quelques heures après le jugement, le ministère français des Affaires étrangères a qualifié de "très lourde" la peine prononcée. Le Quai d'Orsay promet de "suivre cette affaire avec la plus grande attention", et de "continuer à assurer une protection consulaire active" aux quatre hommes. Le communiqué relève au passage que cette condamnation "n'est toutefois pas définitive".

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