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Adolescent soupçonné d'agression sexuelle roué de coups à Roanne : le père et ses trois amis jugés début 2023

Aidé de trois amis, un père avait retrouvé l'adolescent soupçonné d'avoir réalisé des attouchements sexuels sur sa fille de six ans. Il est suspecté de l'avoir roué de coups et fouetté à l'aide d'un câble électrique avant d'appeler la police.

Article rédigé par franceinfo, David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Roanne (Loire). (GOOGLE MAPS)

Le père d'une enfant de six ans et ses trois amis, soupçonnés d'avoir roué de coups un adolescent de 16 ans accusé d'avoir agressé sexuellement sa fillette à Roanne, seront jugés par le tribunal correctionnel au début de l'année 2023, a appris franceinfo de source judiciaire ce jeudi. Le parquet requiert leur placement sous contrôle judiciaire en attendant cette date.

>> Ce que l'on sait de l'affaire de Roanne, où un père a frappé un adolescent soupçonné d'agression sexuelle sur sa fille de 6 ans

La garde à vue des quatre hommes, commencée jeudi matin, va se poursuivre jusqu'à vendredi matin. À son issue, ils seront d'abord présentés au parquet de Roanne, puis à un juge des libertés et de la détention (JLD), qui se prononcera sur leur éventuel placement sous contrôle judiciaire en attendant leur procès.

Les quatre hommes sont soupçonnés d'avoir voulu se faire justice eux-mêmes, après que la mère de la fillette de six ans s'est retrouvée nez à nez avec un jeune homme sortant de la chambre de son enfant pendant la nuit de jeudi à vendredi. Il est soupçonné de lui avoir fait subir des attouchements.

L'adolescent a déposé plainte

La nuit suivante, le père et ses trois amis ont mis en place une sorte de surveillance du suspect, puis l'ont roué de "coups de pied", de "coups de poing" et l'ont "fouetté à l'aide d'un câble électrique alors qu'il gisait au sol", avant d'appeler la police, avait expliqué le procureur de la République de Roanne Abdelkrim Grini à franceinfo mercredi. L'adolescent "avait le corps lacéré. Les médecins lui ont délivré 10 jours d'ITT". L'adolescent a déposé plainte.

Pendant les premières heures de sa garde à vue, le père de 28 ans a reconnu les faits qui lui sont reprochés, mais a disculpé ses trois amis. Parmi ces derniers, l'un dit avoir juste maîtrisé l'adolescent, les deux autres assurent qu'ils n'ont pas participé à son passage à tabac. Leurs versions doivent encore être confrontées à celle des policiers qui sont intervenus. Les quatre suspects ont déjà un casier judiciaire. Le père, notamment, a déjà été condamné à quatre ans de prison dont un ferme pour le braquage d'un bar tabac de Roanne en 2014.

"La loi du talion n'a rien à faire dans notre pays"

Plusieurs voix se sont élevées mercredi pour condamner l'action du père de famille. "Dans une civilisation, il n'y a pas de place pour la vengeance privée", avait déclaré sur franceinfo la vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM). Un père qui roue de coups un adolescent qu'il soupçonne d'avoir agressé sexuellement sa fillette ne relève pas de la "légitime défense", avait souligné Cécile Mamelin. 

"En France, on ne se fait pas justice soi-même", s'était également offusqué le procureur Abdelkrim Grini"La loi du talion n'a rien à faire dans notre pays. C'est la justice qui doit sanctionner", a-t-il insisté, soulignant que l'adolescent, qui nie les faits, avait été interpellé par la police, puis mis en examen et placé en détention provisoire. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a aussi estimé que "l'État de droit [devait] primer", lors du compte-rendu du Conseil des ministres mercredi, même si, "évidemment, nous comprenons l'émotion de ce père de famille".

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