Incendies en Gironde : le point sur la situation, après sept jours de progression des flammes
Cela fait une semaine que les deux incendies de la Teste-de-Buch, sur le Bassin d'Arcachon, et de Landiras, au sud de Bordeaux, se sont déclarés en Gironde. Depuis, ils ont réduit en cendres 19 370 hectares de forêt, l'un des pires bilans en France depuis 30 ans.
Dans le ciel girondin, depuis une semaine, les jours se suivent et se ressemblent. Les panaches de fumée noire occultent le ciel bleu au-dessus de La Teste-de-Buch, au pied de la dune du Pilat, et à Landiras, une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux. Le ballet des Canadair dans les airs et celui des camions de pompiers au sol marque l'ampleur des incendies qui frappent depuis sept jours le département.
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Et les chiffres du dernier bilan de la préfecture sont impressionnants : plus de 19 000 hectares réduits en cendres, soit près de quatre fois la superficie de Bordeaux, 37 000 personnes évacuées, dont 16 000 seulement sur la journée de lundi 18 juillet, 1 700 pompiers et 9 avions mobilisés... "Je ne vous cache pas que ce bilan va s'aggraver dans les prochaines heures", prévenait lundi la préfète de la Gironde Fabienne Buccio. On fait le point sur ce que l'on sait.
À La Teste-de-Buch, 6 500 hectares, 18 000 évacuations et une origine accidentelle
C'est la piste accidentelle qui est pour l'instant privilégiée dans cet incendie, au pied de la dune du Pilat. Une expertise doit encore être menée sur la camionnette qui serait à l'origine de l'incendie, mais la zone n'est pas encore suffisamment sécurisée pour permettre aux enquêteurs de s'y rendre.
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Il faut dire que le feu de la Teste semble continuer inexorablement sa progression, favorisée par des conditions météorologiques qui rendent extrêmement difficiles le travail des sapeurs-pompiers, notamment le vent. Selon le dernier point de la préfecture à 8h mardi 19 juillet, 6 500 hectares de forêt ont déjà brûlé et "la situation reste très défavorable".
De très nombreuses évacuations ont eu lieu dans le secteur, particulièrement touristique. Ainsi, depuis le début du feu, 18 000 personnes ont été évacuées, dont 8 000 sur la seule journée du lundi 18 juillet. Le zoo de la Teste-de-Buch est en cours d'évacuation, précise aussi la préfecture.
Cinq campings ont déjà été détruits par le feu, ainsi qu'un restaurant et deux maisons, comme le rapportait France Bleu Gironde vendredi 15 juillet.
À Landiras, 12 800 hectares brûlés, 14 000 personnes évacuées et un homme en garde à vue
"La situation reste très défavorable, le feu progressant sur différents fronts", écrit la préfecture dans son dernier communiqué. Au total, 12 000 hectares ont été dévorés par les flammes dans cette zone à une quarantaine de kilomètres au sud de Bordeaux, faisant de cet incendie le plus important que la France ait connu en trente ans.
La progression des flammes a conduit la préfecture à procéder le lundi 18 juillet à 8 000 évacuations supplémentaires. Six communes ont même été entièrement évacuées "à titre préventif", selon la préfecture. Trois maisons et un mobil-home ont été détruits.
Sur ce feu de forêt, qui a dévoré à lui seul deux fois la surface de la ville de Bordeaux, c'est la piste criminelle qui est privilégiée. Un homme a été placé en garde à vue le 18 juillet en fin de journée. Un témoin a assuré aux enquêteurs avoir "vu un départ d'incendie et une voiture quitter précipitamment les lieux", indique le parquet. Une enquête est ouverte pour "destruction par incendie de bois, forêt, lande, maquis ou plantation d'autrui pouvant causer un dommage aux personnes", indique dans son communiqué la procureure de Bordeaux, Frédérique Porterie, précisant que "d'autres départs de feux [ont été] constatés sur la même zone le même jour".
Des températures moins élevées dans les prochains jours, mais du vent
"La seule façon pour que les incendies s'arrêtent durablement, c'est un changement des conditions météorologiques", prévenait sur franceinfo Sébastien Lahaye, ancien pompier, coordinateur de projets européens autour de la gestion des feux, pour qui "on peut dire que ces feux ne sont plus contrôlables".
La galerne, un vent venu de l'océan, devrait se lever dans la journée, faisant chuter les températures mais compliquant encore un peu plus le travail des 1 700 pompiers mobilisés. Hier soir, 9 avions étaient également présents en Gironde – 6 Canadair et 3 Dash – mais certains d'entre eux pourraient être envoyés sur les récents départs de feux, comme ce fut le cas lundi 18 juillet après-midi dans les Landes où les avions ont été détournés à Vert, près de Mont-de-Marsan. "Chaque fois que nous avons un feu naissant, c'est lui qui a priorité. On ne veut pas, que ce soit dans les Landes ou en Gironde, avoir un troisième feu important", expliquait la préfète.
Pour éviter que le feu ne se propage, des "couloirs" de 40 mètres de larges sont déboisés. Mais avec les sautes de combustibles incandescents, c'est insuffisant. On envisage des pistes de 400 voire 800 mètres de large. pic.twitter.com/9oKt0wEIhv
— Gilles Gallinaro (@GallinaroG) July 18, 2022
En attendant un changement des conditions météo - même si aucune goutte de pluie n'est prévue dans le département par Météo France pour les 15 prochains jours – l'accès aux forêts du département est temporairement interdit. Les pompiers procèdent à des coupes rases et des feux "tactiques". L'objectif ? Réussir à au moins stopper la progression des flammes, que rien pour l'instant n'a semblé pouvoir arrêter.
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