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"Quand on perd ses effets personnels dans un incendie, on perd son identité" : le casse-tête des sinistrés après le drame de la rue Erlanger à Paris

Les sinistrés doivent maintenant chercher des solutions de relogement et entamer des démarches administratives afin de se faire rembourser par les assurances.

Article rédigé par Jérôme Jadot - édité par Julien Pasqualini
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'incendie d'un immeuble de la rue Erlanger, dans le 16e arrondissement de Paris, le 5 février 2019. (BENOIT MOSER / BSPP - BRIGADE DE SAPEURS-POMPIE)

Après le traumatisme, commence désormais le casse-tête du relogement et des démarches administratives pour les habitants de l'immeuble incendié de la rue d'Erlanger, à Paris. La mairie du 16e arrondissement est pour eux un passage obligé. C'est là qu'ils peuvent voir un psychologue, et entamer leurs démarches. 

Le reportage de Jérôme Jadot

Joabi, 22 ans, quelques légères brûlures au visage, est venue accompagnée de son père. Elle habitait au quatrième étage de l'immeuble incendié. "Quand on perd ses effets personnels dans un incendie, on perd tout. On perd son identité, plus de carte d'identité, plus de carte bleue, raconte le père. Quand elle a été sauvée par les pompiers, elle était en pyjama. C'est moi qui lui ai acheté des vêtements. Les assurances nous demandent le numéro de sociétaire pour prendre en charge le sinistre, mais on ne l'a pas appris par cœur. C'est lourd à gérer en tant que victime."  

Et si certaines assurances se sont montrées prévenantes, d'autres ont parfois réservé de mauvaises surprises. 

Pour l'instant ils m'ont dit qu'ils ne me remboursaient presque rien. 5 000 euros pour le dédommagement du mobilier. J'étais effondrée. Mais je dois les rappeler. J'imagine que ça ne peut pas rester comme ça.

Nathalie, habitante du troisième étage

à franceinfo

Entre toutes les démarches administratives, il est difficile de penser au retour au travail. Une résidente raconte avoir tout son projet de lancement d'entreprise dans son ordinateur resté à l'intérieur du bâtiment. Harry, 27 ans, habitait quant à lui l'immeuble juste en face. Cet architecte est trop choqué pour reprendre son activité. "Pour le moment, c'est en stand-by. Je ne sais pas trop. Je me repose, on verra. On ne peut pas trop dormir. Dès qu'on ferme les yeux, on revoit ce qui se passe." 

Une vingtaine de demandes de relogement

Harry n'imagine pas remettre un jour les pieds dans l'appartement depuis lequel il a tout vu de l'incendie. Il loge depuis deux jours chez ses parents. Comme pour de nombreux sinistrés, la solidarité joue beaucoup. "On a lancé une cagnotte sur une application pour pouvoir recevoir des dons, raconte Clément, qui habitait au troisième. Là, nous logeons chez l'ex-mari de ma compagne. On a de la chance d'avoir de la famille et des amis qui nous accueillent."

Mais pour certains, ce n'est pas aussi évident. Béatrice, les yeux cernés, vit désormais au jour le jour. "Mon assurance nous a proposé deux nuits d'hôtel, pour l'instant. Pour la suite, c'est le flou total, déplore-t-elle. La mairie va ouvrir un autre dossier, et voir si on a possibilité d'être relogés par le propriétaire de l'immeuble." À la mairie du 16e, on a reçu pour le moment une vingtaine de demandes de relogement. D'autres devraient encore arriver dans les jours qui viennent.

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