"On a tout perdu et on a aucune information" : un mois après l'incendie meurtrier de la rue Erlanger à Paris, la détresse des habitants non relogés
Un mois après l'incendie, une marche est organisée par les habitants pour rendre hommage aux victimes. Les survivants, eux, se sentent abandonnés : sur les soixante demandes de relogement déposées, seules dix-huit ont pu être satisfaites.
C'était il y a un mois, rue Erlanger dans le 16e arrondissement de Paris. Pour une querelle de voisinage, une femme psychologiquement instable mettait le feu à un immeuble, bilan tragique : 10 personnes tuées, 96 autres blessés. Mardi 5 mars, une marche est organisée par les habitants pour rendre hommage aux victimes, depuis la mairie du 16e jusqu'à la rue Erlanger où a eu lieu le drame.
Les habitants sinistrés traumatisés
Les habitants sinistrés, en attente d'un nouveau logement, sont encore sous le choc. Un mois après la situation reste difficile. "Voilà, vous êtes chez moi. L'assurance paye jusqu'à la fin du mois." Et après cette date ? Joséphine ne sait toujours pas où elle ira. Pour le moment, elle loge à quelques rues de son ancien appartement, dans un petit hôtel du 16e arrondissement, avec le strict minimum. Elle n'a même pas pu aller chercher quelques affaires chez elle. "Je n'ai rien pu récupérer pour le moment, explique-t-elle. Je sais que mon appartement n'a pas brûlé mais il est toujours sous le contrôle de la police judiciaire pour l'enquête jusqu'à la mi-mars."
J'ai juste mon sac et mon violon. On a rien pu prendre d'autre...
Joséphinefranceinfo
Il y a deux jours, la mairie du 16e arrondissement lui a proposé un appartement dans le 14e. Refus catégorique de Joséphine. "J'ai poussé un cri d'indignation, explique-t-elle. L'appartement appartient à la même société qui possédait celui qui a brûlé rue Erlanger. Ce n'est pas la peine de me proposer des appartements de cette société qui ne prend pas la peine de mettre l'immeuble aux normes de sécurité, pas un seul extincteur, de la moquette du sol au plafond."
Sa voisine du dessous, Béatrice, elle aussi en veut à la municipalité. Logée chez des amis, elle n'a pas eu de proposition de relogement. Elle se sent abandonnée. "On a tout perdu, on a plus d'identité et puis on a aucune information. L'ancienne habitante de la rue Erlanger est persuadée que la mairie est en mesure de leur proposer des logements. "J'en suis sûr que des logements il y en a. Paris est grand. On essaie de se battre pour ne pas baisser les bras."
J'ai perdu tout ma vie dans cet appartement. Et maintenant on est livrés à nous-mêmes.
Béatricefranceinfo
Béatrice essaie d'aller de l'avant, mais se sent fragilisée par la situation. "On fait des cauchemars et puis on pense surtout aux gens qui sont partis, qui ont été blessés, soupire-t-elle. C'est très douloureux." Du côté de la mairie du 16e, on assure travailler d'arrache-pied pour trouver des solutions.
Jacques-Frédéric Sauvage est l'adjoint au maire en charge du logement : "Dès qu'on parle de certains bailleurs, il y a des réticences. Quand on parle d'étage, il y a d'autres réticences et dès qu'on parle d'autres arrondissements, il y a aussi des blocages. C'est humain, mais le relogement ne se fait pas du jour au lendemain et y a un apect psychologique très important." Pour l'instant sur les soixante demandes de relogement déposées dix-huit ont pu être satisfaites. L'association "Paris aide aux victimes" accompagne psychologiquement cent quatre-vingt-treize sinistrés.
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