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Essonne : "Les rixes entre bandes ont augmenté à la fois en nombre, en intensité et en gravité", selon le préfet

Après deux rixes meurtrières survenues ces dernières 24 heures dans son département, Éric Jalon, le préfet de l’Essonne, décrit sur franceinfo mercredi des phénomènes "plus ou moins organisés", "plus ou moins structurés", qui peuvent se déclencher "très vite".

Article rédigé par franceinfo
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Éric Jalon, alors préfet de Charente-Maritime, le 25 janvier 2015, à La Rochelle. (XAVIER LEOTY / AFP)

"Les rixes entre bandes ont augmenté à la fois en nombre, en intensité et en gravité", assure mercredi 24 février sur franceinfo Éric Jalon, le préfet de l’Essonne, après deux rixes meurtrières survenues ces dernières 24 heures dans son département. "En nombre, on en a recensé 91 en 2020 contre 56 l'année précédente", avec "en gravité, deux décès à l'été 2020", précise le préfet de l'Essonne. Il réunira lundi les élus locaux du département pour, dit-il, "généraliser le dispositif anti-rixe" déjà mis en place dans le département entre les forces de l'ordre, les établissements scolaires, les services sociaux et les transports publics. "Une boucle de réseau entre les acteurs concernés qui fonctionne 24 heures sur 24 et qui, dès la détection par l'un des acteurs de signaux faibles, permet aux autres de se mobiliser", explique Eric Jalon.

franceinfo : Comment décririez-vous le phénomène de bandes dans le département de l'Essonne ?

Éric Jalon : Ce sont deux drames qui sont d'une extrême gravité et je veux d'abord m'associer à la douleur des familles et à la colère que chacun peut ressentir devant la mort de deux jeunes de 14 ans. Ces rixes entre bandes ont augmenté à la fois en nombre, en intensité et en gravité. En nombre, on en a recensé 91 en 2020 contre 56 l'année précédente. En gravité, parce qu'avant ces deux décès déplorés avant-hier et hier, il y en avait eu deux à l'été 2020 à Massy et à Draveil. On est dans des phénomènes qui sont plus ou moins organisés, plus ou moins structurés, qui peuvent se déclencher très vite et qui entretiennent des rivalités ou des haines entre quartiers ou entre secteurs, parfois, sans qu'on puisse en connaître les raisons. Ils utilisent des armes simples. Hier, par exemple, la procureure a parlé d'un couteau de poche, ce sont aussi parfois des béquilles, de barres de fer, des marteaux, donc on est sur un phénomène qui est en progression dans ces conditions-là.

C'est un phénomène qui n'est pas nouveau, alors pourquoi n'a-t-on pas réagi plus tôt ?

On a réagi plus tôt, notamment depuis les incidents de l'été dernier. Un certain nombre d'actions ont été mises en place autour de grands principes comme de décloisonner l'information. La géographie de ces rixes, ce n'est pas la géographie classique administrative des communes, elle est la géographie des établissements scolaires, des lignes de transport, puisque ces affrontements ont parfois lieu près des gares ou des arrêts de bus. Il faut donc absolument décloisonner l'information entre tous les acteurs. Par exemple, dans le secteur de Draveil, Montgeron et Vigneux-sur-Seine, où il y a eu un décès cet été, nous avons mis en place un partenariat avec la police nationale, les polices municipales, les services sociaux, les responsables des établissements scolaires et les transporteurs publics. Il existe un renforcement des échanges d'informations et de la surveillance aux abords des établissements scolaires. Nous avons également mis en place un dispositif d'alerte qui, depuis cet automne, a déjà été activé une quinzaine de fois et qui nous a permis de prévenir ou du moins d'arriver avant que les choses ne dégénèrent. C'est une boucle de réseau entre les acteurs concernés qui fonctionne 24 heures sur 24 et qui, dès la détection par l'un des acteurs de signaux faibles, permet aux autres de se mobiliser.

C'est ce qui a été mis en place et qui n'a pas empêché malheureusement la mort de ces deux adolescents en début de semaine. Quelles solutions, à votre avis, peuvent se dessiner avec les élus locaux que vous vous apprêtez à réunir lundi prochain ?

Hier, je suis allé à une première réunion à Dourdan avec les élus et les acteurs du secteur. Je fais de même, ce mercredi matin, dans le secteur de Boussy-Saint-Antoine, Quincy-sous-Sénart et Epinay-sous-Sénart et je réunirai l'ensemble des maires les plus concernés par ces problématiques lundi. D'abord, nous devons généraliser ce dispositif d'alerte anti-rixe qui a prouvé son efficacité. Il ne permet pas toujours de tout éviter mais il nous permet de réagir plus vite, plus rapidement, en faisant circuler l'information le plus tôt possible.

La veille sur les réseaux sociaux joue-t-elle un rôle important ?

C'est une de nos difficultés. Effectivement, il peut y avoir des choses, comme des clips provocateurs d'un quartier à un autre, qui sont diffusées via les réseaux sociaux mais, en réalité, beaucoup de choses passent par des messageries cryptées qui, aujourd'hui, ne nous sont pas accessibles en termes de renseignements. D'où la nécessité de développer un réseau de renseignements, un réseau d'alerte avec l'ensemble des acteurs, parce que nous avons des limites en termes de renseignements techniques.

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