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Double meurtre dans les Cévennes : le maire des Plantiers ressent "un grand soulagement", après l'arrestation du suspect

En fuite depuis quatre jours, l'homme suspecté du double meurtre dans les Cévennes a été interpellé vendredi.

Article rédigé par franceinfo
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Bernard Mounier (au centre), maire du village les Plantiers, lors de la recherche d'un homme qui a abattu deux personnes dans une scierie des Cévennes, le 12 mai 2021. (SYLVAIN THOMAS / AFP)

Bernard Mounier, le maire des Plantiers, a exprimé vendredi 14 mai sur franceinfo son "soulagement", après que l'homme suspecté du double-meurtre dans une scierie des Cévennes mardi a été interpellé. Bernard Mounier a pu voir les habitants "verser des larmes" pour "externaliser" la peur. À présent, le maire des Plantiers entend "trouver des éléments de langage" pour pouvoir "retrouver un relationnel apaisé, un devenir en construction".

franceinfo : Quel est votre premier sentiment après cette arrestation ?

Bernard Mounier : Mon premier sentiment a été d'être soulagé. Un grand soulagement et en même temps un grand bonheur de voir cette population s'embrasser, pleurer, verser des larmes, même les plus costauds. Ça a été un moment très fort parce que je pense que la peur était là. Elle n'était pas toujours verbalisée mais elle était vraiment là, et je l'ai vu ce soir. Elle a été externalisée.

Mais c'est une fin, certes, mais c'est aussi pour moi un début. Parce que tout le monde s'en va. Toutes les forces de l'ordre, les gendarmes, le GIGN, les pompiers, le Samu, tout le monde s'en va. Et demain, on sera cette petite collectivité rurale plantée au milieu des Cévennes qui devra retrouver un relationnel apaisé, un devenir en construction. Et il va falloir trouver des éléments de langage, les comportements adéquats pour que tout cela soit possible.

Comment avez-vous vécu ces trois jours de tension avec les habitants ?

Vous savez, quand quelqu'un a peur, il n'y a pas 36 000 solutions. C'est lui montrer que, certes, il y a des raisons d'avoir peur, mais qu'on est là et qu'à plusieurs, on pourra peut-être éviter que la peur se transforme en drame. Il faut à la fois de la parole et du silence. Il faut de la parole et de l'écoute. L'écoute est parfois plus pertinente que la parole. Donc, il faut être à côté, les entendre et les écouter, les laisser parler pour que les peurs s'externalisent, pour qu'il n'y ait pas de choses rentrées qui pourraient créer de petits traumatismes dans l'avenir. Je comprends qu'il y a une nécessité pour moi de m'investir dans ce domaine-là. Aujourd'hui, il peut y avoir potentiellement deux camps. Le camp de celui qui a commis les méfaits et le camp des victimes. C'est une réalité. On ne peut pas la nier. Mais il ne faut jamais oublier que les guerres prennent fin et qu'après la guerre, il y a la paix. Et aujourd'hui, mon rôle c'est de dire, la guerre a eu lieu, la guerre va cesser. Et il faut préparer la paix.

Quel message auriez-vous envie de dire aujourd'hui à ces gendarmes qui se sont mobilisés, les agents de l'Etat, et à vos habitants qui, à leur manière, ont participé à ces journées de de recherches et d'angoisse ?

Le message que je veux leur dire, c'est d'abord un grand merci, évidemment. Et ensuite, je voudrais aussi leur dire qu'ils ont fait de moi un témoin privilégié de ce qu'était leur métier, de ce qu'était leur travail. Jusqu'à présent, on regardait les événements au travers des médias. Et puis, on voit ce qui se passe ailleurs. On ne comprend pas toujours. On a des présupposés, des préjugés.

Aujourd'hui, je suis devenu un témoin privilégié, puisque j'ai assisté à tous les briefings. J'étais informé en permanence, je voyais comment il travaillait. Bien sûr, il y avait des secrets du terrain et de l'opérationnel. J'ai compris que ces personnes-là étaient des gens qui avaient le sens du devoir, le sens du service, le sens de la République. J'ai été touché, ému par leur dévouement et leur professionnalisme. Je crois honnêtement que sans eux, on aurait été perdus. On ne pouvait rien faire. Ils sont dans la sphère de l'indispensabilité. Et c'est aussi le moment de dire que, quand on participe au bien commun national, et qu'on paye une part de nos impôts, quelque part j'en ai mesuré la pleine utilité.

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