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Débordements en marge de la manifestation contre les violences policières à Nantes : "La politique de maintien de l'ordre est en question"

"Les débordements n'ont pas été maîtrisés" malgré le dispositif policier important mis en place par la préfecture, a estimé l'adjoint communiste à la maire de Nantes Aymeric Seassau.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des barricades ont été érigées à Nantes, samedi 3 août 2019. (PAUL SERTILLANGES / RADIO FRANCE)

"La politique de maintien de l'ordre est en question" après les débordements qui ont eu lieu en marge de la manifestation contre les violences policières samedi à Nantes, a affirmé dimanche 4 août sur franceinfo Aymeric Seassau, adjoint communiste à la maire de Nantes. L'élu a estimé que Christophe Castaner devait "s'expliquer sur cette politique". Deux rassemblements étaient organisés samedi à Nantes, pour dénoncer les violences policières et la mort de Steve Maia Caniço, disparu le soir de la Fête de la musique à Nantes.

franceinfo : Les débordements en marge de la manifestation contre les violences policières ont-ils terni cette journée d'hommages ?

Aymeric Seassau : Oui, c'est une nouvelle journée de tristesse qui s'ouvre [ce dimanche] à Nantes après les événements de [samedi]. Il y a deux choses selon moi : d'une part, la politique de maintien de l'ordre est aujourd'hui en question. C'est ce sur quoi Christophe Castaner et Édouard Philippe ne répondent pas aujourd'hui. D'autre part, elle est inopérante puisque les débordements du centre-ville de Nantes [samedi] n'ont pas été maîtrisés, contrairement à ce que dit le ministre de l'Intérieur. Il y a eu encore de nombreuses dégradations à Nantes. [Cette politique de maintien de l'ordre] est brutale et souvent perçue comme violente.

Vous disiez être inquiet à cause de l'interdiction de manifester dans une partie du centre-ville mise en place par la préfecture pour la journée de samedi. Les débordements qui ont eu lieu n'ont-ils finalement pas donné raison au préfet ?

Le centre-ville a-t-il été protégé ? Avons-nous évité des violences et des dégradations avec ces mesures ? La réponse est non. Christophe Castaner nous a dit [samedi] dans une grande mise en scène que la violence a été contenue. Ce n'est pas vrai. Nous interrogeons donc aujourd'hui cette politique de maintien de l'ordre qui fait beaucoup de dégâts. J'ai la tristesse de constater que nous sommes un peu devenus une sorte de laboratoire de la tension. Depuis 2014, il n'est plus possible de manifester en famille à Nantes. Rappelons aussi une chose très simple : s'il n'y avait pas eu une intervention policière mal conduite et disproportionnée le soir de la Fête de la musique qui a conduit à un drame terrible et projeté une quinzaine de jeunes dans la Loire, il n'y aurait pas eu hier de manifestations contre les violences policières.

Christophe Castaner doit-il démissionner ?

Ce n'est pas à moi qu'il appartient de choisir le ministre de l'Intérieur. En revanche, il doit s'expliquer sur cette politique. Elle est contestée depuis le mois de février par des institutions comme l'ONU, le Conseil de l'Europe, le Défenseur des droits. Nous en avons une illustration à Nantes. Ce qui est perçu comme très violent, ici à Nantes, ce sont les réactions du gouvernement. Les ministres restent droits dans leurs bottes. Il y a eu un rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui dit qu'il n'y a pas de lien entre l'intervention policière et la disparition de Steve. Il a fallu six semaines à Christophe Castaner pour reconnaître qu'il y avait peut-être des questions avec l'utilisation de la lacrymo. Il faut qu'il rende des comptes sur cette politique-là.

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