Cet article date de plus de sept ans.

Affaire Troadec : aux racines de la folie meurtrière, les haines recuites du beau-frère

Alors que le beau-frère de Pascal Troadec a reconnu avoir tué les quatre membres de la famille avec un pied-de-biche, son voisinage décrit un homme affable, sympathique, mais qui s’était subitement métamorphosé. En creux, dépression et haines recuites qui mèneront l'homme à la folie meurtrière.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La maison d'Hubert Caouissin, le beau-frère de Pascal Troadec. (?WILLIAM JOUBREL/WOSTOK PRESS / MAXPPP)

La mystérieuse disparition de la famille Troadec a connu lundi 6 mars un dénouement spectaculaire. Hubert Caouissin, le beau-frère de Pascal Troadec, a reconnu avoir tué les quatre membres de la famille avec un pied-de-biche. Cet homme de 47 ans était persuadé que son beau-frère lui avait volé une part d’héritage qui lui revenait.

L'homme coupe les ponts en 2010

Cet ingénieur à l’arsenal de Brest - cheveux bruns, visage rond, yeux noirs- passait une partie de son temps à Pont-de-Buis-lès-Quimerche (Finistère), un village de la côte nord du Finistère, dans une maison au jardin rempli d’herbes folles, un peu à l’écart, avec sa compagne, la sœur de Pascal Troadec. Les riverains, qui sont peu nombreux à l’avoir côtoyé, décrivent un homme affable, sympathique, parfois jovial, mais qui s’était subitement métamorphosé au début de l'année 2010. L'homme, à en croire le voisinage, change du tout au tout. "Il détournait le regard", explique Denise, qui s'est inquiétée pour Hubert Caouissin, et a voulu lui venir en aide, en vain. "Il a coupé toutes les relations du jour au lendemain", s'étonne un autre voisin, qui vit dans la maison située de l'autre côté de la rue.

Maladie et dépression

Difficile d’établir un lien formel entre ce brutal changement de comportement et un événement particulier, mais l’année 2010, que plusieurs voisins citent comme étant charnière, coïncide avec plusieurs événements : d’abord, la grave maladie dont a été victime la sœur de Pascal Troadec, la femme du beau-frère. C'est sans compter la dépression dont souffrira Hubert Caouissin pendant plusieurs années, qui l'obligera à quitter son travail pendant trois ans.

De la rancune à l'obsession du magot

Le dernier passage du couple dans la commune remonte à jeudi dernier, quinze jours après le quadruple crime. Hubert Caouissin et sa compagne étaient passés en coup de vent dans leur maison, avant de repartir. Les racines de son geste meurtrier sont à rechercher dans une histoire de famille larvée et un conflit au sujet de l’héritage laissé par le père de Pascal et Lydie Troadec. Le beau-frère s’estimait lésé, persuadé que Pascal Troadec avait empoché un magot. "Une véritable obsession", selon Pierre Sennès, le procureur de la République de Nantes.

Il espionne la famille, un stéthoscope collé aux fenêtres

Cette haine tenace, recuite depuis six ou sept ans, s'invitera aux réunions de famille et déchirera les Troadec. À la nuit tombée, ce 16 février-là, Hubert Caouissin débarque à Orvault avec un stéthoscope qu’il colle sur les fenêtres pour espionner les conversations. Il espère alors découvrir des informations sur le magot dont il estime avoir été floué. Il se cache dans le garage, puis s’introduit dans la maison. Réveillé par le bruit, Pascal Troadec descend alors avec un pied de biche. Une bagarre éclate. Le beau-frère se saisit de l’arme et frappe à mort les quatre membres de la famille.

Des indices éparpillés de la Loire-Atlantique au Finistère

Dans les heures et les jours qui suivent, Hubert Caoussin est de retour à Orvault pour effacer les traces de ses crimes : une fois son crime accompli, aidé par sa compagne, le beau-frère abandonnera ensuite la voiture sur le port de Saint-Nazaire pour brouiller les pistes. Le casse-tête des indices éparpillés de la Loire Atlantique au Finistère aura baladé les enquêteurs pendant de longs jours d'enquête. Aujourd'hui, les pièces de ce puzzle viennent enfin de s’assembler.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.