Délinquance : trois fois plus de vols que les chiffres officiels déclarés en 2010
Une enquête publiée mardi révèle le vécu de la délinquance par les Français, très éloigné des statistiques officielles. Vols, violences, sentiment d'insécurité… FTVi fait le tour des enseignements de cette étude.
Quelles différences entre la délinquance vécue et la délinquance connue ? L'enquête annuelle de l'Observatoire de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée mardi 22 novembre dresse un état des actes de vols et de violences déclarés et ressentis par les Français. Cette démarche va au-delà des statistiques officielles du ministère de l'Intérieur, qui prend en compte le nombre de plaintes déposées et d'actions menées par la police.
L'étude(Nouvelle fenêtre) (document en PDF), la quatrième depuis sa création en 2007, est menée par l'Insee. Quelque 17 000 personnes de 14 ans et plus ont été interrogées pour savoir si elles avaient subi des actes de délinquance en 2010. Voici ce qu'il faut en retenir.
• Les vols, en hausse et pas toujours dénoncés
Selon l'étude de l'ONDRP, les Français ont subi quatre millions de vols en 2010 alors que les chiffres officiels de la police et de la gendarmerie en rapportent 1,5 million sur la même période. Comment expliquer un tel écart ? "Le taux déclaré de plaintes par les Français est parfois très faible, observe Cyril Rizk, l'un des responsables de l'observatoire. Il y a parfois, pour certains délits, dix fois plus de victimes que de plaintes enregistrées et moins d'un Français sur dix déclarant déposer plainte."
Depuis deux ans, les cambriolages sont en hausse avec 456 000 victimes, de même que les vols avec violence (287 000 victimes), notamment les vols de portables.
• Violences physiques en baisse, violences sexuelles en stagnation
Les violences "gratuites" (bagarres de rue, gifles, coups, blessures à la suite d'un regard de travers…) sont en baisse par rapport aux enquêtes précédentes.
Les violences sexuelles restent élevées, avec 820 000 cas déclarés sur deux ans. Un "taux stable", selon l'ONDRP. Les agressions sexuelles commises par une personne habitant le même logement, déclarées par un peu moins de 2 % des sondés, sont, elles, en légère baisse.
En 2010, il y a eu 5 388 viols de mineurs pour lesquels 3 833 personnes ont été mises en cause, dont 1 566 mineurs. Parallèlement, il y a eu 4 720 viols de majeurs pour lesquels 2 995 personnes ont été mises en cause, dont seulement 3 % étaient des mineurs.
• Les femmes plus victimes de vols et de violences
Globalement, de plus en plus de femmes déclarent être victimes de vols et de vols avec violence. Le phénomène augmente de 35 % en deux ans, une hausse "significative" pour l'ONDRP.
En 2010, 174 personnes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, dont 146 femmes, contre 165 en 2009. Au total, 272 décès sont "imputables aux violences au sein du couple", mari, amant ou "petit ami". Plus de 48 000 violences non mortelles sur des femmes ont été commises au sein du couple en 2010. La répartition des sexes des victimes et auteurs n'apparaît pas dans les statistiques officielles.
• Gendarmes et médecins en première ligne
L'étude de l'ONDRP s'intéresse aux professions particulièrement exposées aux violences. Résultat : le nombre de gendarmes "agressés" est en augmentation de 32 % en un an. De même, les atteintes aux personnels hospitaliers sont en hausse, les médecins en intervention étant particulièrement touchés. Ces derniers ont déclaré 920 "incidents" en 2010, contre 512 en 2009, une augmentation de 79 %. En revanche, les atteintes aux policiers et à leurs biens sont en baisse pour la première fois depuis 2006.
• Un sentiment d'insécurité élevé
Autre phénomène peu ou jamais abordé par les statistiques officielles : le sentiment d'insécurité. Près de 15,8 % des Français le ressentent à domicile. Ce taux est, selon Cyril Rizk, "à son niveau le plus élevé" depuis 2008, où il était de 13,3 %.
S'agissant de leur perception de la délinquance, 16,4 % des personnes interrogées trouvent ce problème "préoccupant", plus que les années passées. C'est presque autant que la pauvreté (19 %), le chômage arrivant en tête (36,2 %).
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