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Crash de l'A320 : une perte d'altitude rapide "inexpliquée"

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses pourrait donner ce mercredi après-midi de premières informations sur la boite noire trouvée mardi après le crash de l'A320 qui a fait 150 morts. Cela pourrait permettre de commencer à comprendre ce qui s'est passé. Le point sur les hypothèses.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
  (Crash de l'A320 de Germanwings : on pourrait en savoir plus dès mercredi après-midi © Maxppp)

Les premiers éléments de la boîte noire sont espérés "en fin d'après-midi ", indique ce mercredi le procureur de Marseille Brice Robin. La boîte noire de l'Airbus A320 a été retrouvée mardi sur le site de l’accident. Elle devrait avoir enregistré les sons et conversations du cockpit, ce qui devrait permettre d’en apprendre davantage sur cette catastrophe qui a fait 150 victimes. Car pour l’heure les raisons de ce crash restent bien mystérieuses et toutes les pistes sont encore envisagées. 

Une descente régulière pendant huit minutes

Toutes les hypothèses sont sur la table. Il faut dire que la lente chute de cette avion semble bien mystérieuse. Notre spécialiste des questions aéronautiques, Michel Polacco, parlait mardi de l’"aspect insolite " de ce crash. La "perte d'altitude rapide de l'avion est pour l'instant inexpliquée ", a aussi indiqué le procureur de Marseille Brice Robin. Le vol n’aura duré que 37 minutes. Reprenons les faits autour de cette lente descente de huit minutes.

Peu après 10h, l’Airbus A320 décolle de l’aéroport de Barcelone avec un peu de retard sur l’horaire mais sans aucun incident. Trente minutes plus tard, il passe au-dessus de Toulon, à plus de 11.000 mètres d’altitude. Sa trajectoire est à ce moment-là enregistrée par deux aéroports, celui de Pise en Italie et celui de Cannes-Mandelieu sur la Côte d’Azur. Les relevés indiquent une vitesse normale de près de 900km/h.

La ministre Ségolène Royal a expliqué mardi qu’à 10h30, "l'avion est pris en charge par le centre de navigation aérienne d'Aix-en-Provence. Il est à ce moment-là à 11.400 mètres d'altitude au-dessus de Bandol (Var). Lors de ce dernier contact radio à 10h30, le contrôle aérien avait indiqué au pilote de maintenir le niveau de vol à 11.400 mètres et de le recontacter ultérieurement. Et à ce moment-là, le pilote a confirmé ".

Que se passe-t-il entre 10h30 et 10h31 ?

"Et une minute après, donc à 10h31 exactement, l'avion commence à descendre sans autorisation, donc il est rappelé par le contrôleur aérien, et à ce moment-là, il n'y a pas de réponse ", a ajouté Ségolène Royal. Que s’est-il passé entre 10h30 et 10h31 ? C’est une chute régulière qui commence, et non à pic, de 1.000 m par minute, trois fois plus rapide qu’une descente normale.

Dans les huit minutes qui suivent, aucun message de détresse, aucune réponse aux appels lancés par les tours de contrôle. Cette absence de réaction de l'équipage est troublante pour les experts : "Si les pilotes n'ont pas empêché l'avion d'aller s'écrasser conter les montagnes, c'est que soit ils étaient insconscients ou morts, soit ils ont décidé de mourir, soit on les a obligés à mourir ", indique l'un d'eux.

Les témoins racontent que l’avion a volé à basse altitude mais sans signe extérieur de détresse comme de la fumée par exemple. Nous sommes donc "à mi-chemin entre une descente d’urgence et une descente un peu poussée ", explique sur France Info notre spécialiste Frédéric Beniada, on ne peut donc pas parler de "décrochage" comme pour le Rio-Paris par exemple. C’est finalement un contrôleur aérien qui déclenche l’alerte après avoir perdu le contact radio avec l’appareil, probablement au moment du crash.

C’est donc cette chute mais aussi l’absence de réaction de l’équipage, que les enquêteurs vont tenter d’analyser. Parmi les hypothèses, la météo a été exclue. "Les conditions météo n'étaient pas spécialement mauvaises ", a indiqué le secrétaire d’Etat aux Transports Alain Vidalies. 

Contrôles techniques à jour

Alors pourrait-il s’agir d’un problème technique ? Le PDG de la compagnie Germanwings a assuré mardi après-midi que tous les contrôles étaient à jour : "L’appareil a été livré par Airbus Lufthansa en 1991, depuis il a été exploité de façon ininterrompue par Lufthansa, puis à partir de janvier 2014 par Germanwings. Le dernier contrôle de routine de l’appareil a eu lieu le 23 mars à Dusseldorff, il a été mené par les équipes techniques de Lufthansa. Le dernier grand contrôle lui a eu lieu comme le prévoient les recommandations d’Airbus, à l’été 2013 ", indiquait-il.

"Le dernier contrôle de routine de l’appareil a eu lieu le 23 mars" - Thomas Winkelman, le PDG de Germanwings

Ce mercredi matin également le patron du groupe Lufthansa a expliqué que cet avion était "techniquement irréprochable " et "les deux pilotes expérimentés ". "C'est pour nous tous inexplicable ", a dit Carsten Spohr à l'aéroport de Francfort (ouest). Vitesse, moteur, altitude, panne, toutes ces données figurent dans la deuxième boîte noire que les enquêteurs recherchent encore. Elle nous en dira davantage sur les aspects techniques.

Sur les aspects humains la boîte noire retrouvée va déjà livrer de précieuses informations : avec l’enregistrement des conversations et des bruits dans le poste de pilotage. Si il n’y a aucune conversation mais que des alarmes, on pourra se demander si les pilotes étaient conscients au moment de la descente. Peut-être ont-ils eu un problème de santé ?

L'hypothèse terroriste "pas privilégiée"

Enfin, "l'hypothèse terroriste n'est pas l'hypothèse privilégiée " a dit Bernard Cazeneuve ministre de l’Intérieur ce mercredi matin. Et ce pour plusieurs raisons. Les débris sont rassemblés sur une zone assez limitée, ça ne correspond pas à l’hypothèse d’une explosion en vol, les débris seraient beaucoup plus éparpillés. Les débris sont aussi très petits, ce qui plaide plutôt pour un choc à très vive allure de l’avion, entier au moment de l’impact. Reste l'hypothèse de l'irruption de personnes dans le cockpit, la première boîte noire pourrait permettre d'éclairer cette question.

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