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Couple attaqué par des centaines d'abeilles : "Elles étaient probablement énervées par le passage de l'apiculteur peu de temps auparavant"

Franceinfo a interrogé Gérard Arnold, spécialiste de la biologie et du comportement de l'abeille domestique, après que deux promeneurs ont subi l'assaut de ces hyménoptères lors d'une randonnée en Haute-Loire, mardi. 

Article rédigé par Vincent Matalon - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des abeilles étudiées à l'université Johannes Gutenberg de Mayence (Allemagne), le 24 mai 2019. (MAXPPP)

Une scène digne d'un film d'horreur. Un homme de 70 ans se trouve en état d'urgence absolue, mercredi 3 juillet, après avoir été attaqué la veille par des abeilles lors d'une randonnée sur le lieu-dit Les Rozières au Brignon, au sud du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Une femme de 52 ans qui l'accompagnait est plus légèrement touchée.

Les deux promeneurs ont été retrouvés par les pompiers non loin de ruches qui bordaient le chemin de randonnée. Ils étaient en grande partie recouverts d'un "nuage d'abeilles agressives". Le capitaine des pompiers a raconté avoir "demandé l'aide d'un apiculteur qui prélevait son miel à proximité", pour porter secours au promeneur et à son amie. Le premier a reçu entre 200 et 300 piqûres, et la seconde entre 150 et 200.

Pour en savoir plus sur cette spectaculaire attaque, franceinfo a interrogé Gérard Arnold, directeur de recherches émérite au CNRS et spécialiste de la biologie et du comportement de l'abeille domestique.

Franceinfo : Comment expliquer que des nuées d'abeilles puissent s'en prendre ainsi à de simples passants ?

Gérard Arnold : Lorsqu'elles sont dérangées et "énervées" par quelque cause que ce soit, les abeilles se mettent à défendre leur territoire et peuvent s'attaquer sans distinction à tout ce qui passe à proximité d'elles.

En l'occurrence, les abeilles étaient probablement énervées par le passage de l'apiculteur peu de temps auparavant. Mais lui était protégé par une tenue adaptée.

Il semble que les ruches concernées aient été positionnées à proximité immédiate du chemin emprunté par les randonneurs. Que vous inspire cette situation ?

J'ignore si ces faits pourront être qualifiés juridiquement, mais ne pas placer ses ruches à côté d'un chemin relève du bon sens ! Peut-être que cela permet à l'apiculteur d'accéder plus facilement à ses ruches, mais ce serait bien là le seul avantage ! En général, mieux vaut les placer loin des lieux de passage, justement pour éviter une situation comme celle-là.

J'ignore si cela a été fait, mais le minimum consiste à placer un panneau d'avertissement annonçant la présence d'abeilles aux randonneurs, et de faire en sorte que l'ouverture des ruches se fasse du côté opposé au chemin.

Existe-t-il des précautions à prendre pour éviter une telle situation ?

Les abeilles ne s'intéressent qu'aux fleurs, et pas aux humains. Il s'agit donc d'une situation inhabituelle. Si une ou plusieurs abeilles vous paraissent donc agressives (c'est-à-dire en cas de piqûre, de bourdonnement plus intense qu'habituellement, où encore de contacts répétés sur votre corps), le mieux reste de filer assez loin le plus rapidement possible.

Selon leur espèce ou leur lieu de vie, les abeilles ont une zone de défense de leur territoire plus ou moins grande. S'éloigner de plusieurs dizaines de mètres permet souvent de se mettre à l'abri.

Gérard Arnold, directeur de recherches émérite au CNRS

à franceinfo

Si vous approchez d'une ruche dont les abeilles vous semblent énervées, mieux vaut vous en écarter le plus possible, ou le cas échéant, passer plutôt derrière les ruches que devant. Le tout de manière très calme, sans faire de bruit ou s'agiter, car il semble que faire de grands gestes renforce leur agressivité.

En outre, les abeilles sont moins agressives en présence de vêtements de couleurs claires que de vêtements sombres. Mais malheureusement, si vous êtes submergé par des dizaines d'abeilles comme cela a visiblement été le cas en Haute-Loire, il n'y a pas grand-chose à faire à part tenter de se protéger la tête pour éviter les piqûres à la bouche, aux yeux ou à la gorge.

Dans quelles situations les piqûres d'abeilles peuvent-elles être mortellement dangereuses ?

Il y a deux cas. Si vous êtes allergique aux piqûres d'abeilles, une simple piqûre peut vous être fatale en provoquant un choc anaphylactique [c'est-à-dire une réaction allergique sévère]. Dans cette situation, il est impératif d'avoir toujours à portée de main une trousse de secours contenant notamment une seringue d'adrénaline.

Si vous n'êtes pas allergique, quelques dizaines de piqûres risquent de vous "secouer", mais pas de vous tuer, à moins d'avoir été piqué dans la bouche, où les gonflements peuvent provoquer un étouffement. Pour que la quantité de venin délivré par les abeilles soit suffisante pour provoquer un empoisonnement mortel, il faut vraiment se faire piquer plusieurs centaines de fois, ce qui semble avoir été le cas dans ce cas précis.

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