Comment la police utilise la vidéosurveillance pour mener ses enquêtes ?
Le temps d'une enquête, c'est quasiment
toute la brigade, une centaine de fonctionnaires, qui s'est mobilisée pour
retrouver le
tireur de BFM, Libération et
de la Société générale. Certains s'occupent des témoignages, d'autres des
traces ADN, de la balistique ou de la téléphonie. Une autre partie des
enquêteurs travaille autour de la vidéosurveillance, dans une salle que la
Brigade criminelle a accepté de nous faire visiter. Ils ont traqué le tireur
parisien sur le réseau vidéo de la Préfecture de police de Paris.
La vidéo permet d'accélérer
l'enquête
Ce réseau, dit PVPP, relie près de 1.100
caméras de surface à Paris depuis décembre 2010. Il peut aussi se connecter au
réseau des 9.000 caméras RATP et RER en Ile-de-France. Thomas de Ricolfis, le
chef d'Etat-major de la direction de la police judiciaire parisienne, nous fait
visiter cette salle. Pour lui, la vidéo permet d'accélérer l'enquête.
Sur l'affaire Dekhar, les enquêteurs de
la criminelle centrés sur la vidéo ont d'abord travaillé sur le signalement.
Avec un créneau horaire, le parcours supposé du tireur, ils ont extrait cette
excellente capture d'écran dans le métro Concorde. Ce
visage en gros plan, très net, d'Abdelhakim
Dekhar diffusé
partout en France et qui a permis d'obtenir un témoignage décisif. Le travail
sur la vidéo ne s'est pas arrêté là. Sans en parler au grand public, les
enquêteurs sont allés plus loin et ont retrouvé, grâce aux caméras du métro et
du RER, la trace du tireur dans les transports en commun jusqu'à la gare de
Courbevoie.
Une course contre la
montre
Dans le jargon des policiers, on appelle
cela "l a
cartographie criminelle" .
Une course contre la montre pour ces policiers puisque les images de la RATP et
du RER sont automatiquement effacées au bout de 72 heures.
Avant même qu'un proche de Dekhar ne le
dénonce, la vidéo a mené la brigade criminelle sur la trace du tireur. Mais, du
patron de la brigade criminelle jusqu'aux policiers de terrain, tous expliquent
que la vidéo ne fait pas tout.
Dans l'affaire Dekahr, ce n'est pas la
vidéo mais son ADN qui vont certainement l'amener aux assises. "La
vidéo est utile mais elle est souvent de mauvaise qualité ", explique
Germain Nouvion, chef de section à la brigade criminelle. "Ce
n'est qu'un élément de notre travail ". Les policiers nuancent donc l'impact
de la vidéo dans leur travail.
Exploiter la vidéo prend du
temps
Pourtant la vidéo est souvent le starter
ou l'élément surprise dans une affaire. En décembre 2012, par exemple, la
brigade de répression du banditisme est dans l'impasse après le meurtre d'un
fondeur d'or à Paris. Neuf mois plus tard, grâce aux réquisitions vidéo, ils
identifient une Mégane rouge qui porte un autocollant et remontent aux quatre
suspects. Sans la vidéo, pas d'affaire.
Mais comme le rappelle Alain Bauer,
professeur de criminologie au CNAM, "exploiter
la vidéo prend du temps aux policiers et dans ce genre d'affaire, les policiers
en manquent ".
En deux ans, à Paris, la
vidéosurveillance aurait permis d'aider à interpeller 3.500 suspects dans près
de 7.500 affaires. Un chiffre qui ne veut pas dire grand-chose, l'impact de
l'utilisation de la vidéo sur la résolution des dossiers n'a jamais vraiment été
étudié.
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