"C'est une véritable psychose ! Cela peut toucher n'importe qui !" : comme d'autres propriétaires de chevaux, Roxane vit dans l'angoisse d'une agression
Après une première agression dans les Côtes-d'Armor, Roxane s'est mise à organiser des rondes avec ses voisins la nuit pour protéger ses chevaux, quand elle ne dort pas carrément dans son champ, cachée sous les arbres pour ne pas être vue.
Dans cet enclos de Ploumilliau, près de Lannion, dans les Côtes-d'Armor, Roxane est sous le choc. ''C'était la surprise du matin : 25 points de suture...'', soupire-t-elle, amère. L'oreille de son poney a été tailladée pendant la nuit dernière. Une longue plaie saute aux yeux : 10 cm de longueur et 5 cm de profondeur. ''Ça a été la grosse surprise, confie Roxane. Cela a éte fait à l'arme blanche : couteau, scalpel, on ne sait pas trop. ''
Depuis une dizaine de jours, pourtant, Roxane se démène pour protéger ses chevaux. Après la première agression dans le département, elle s'est mise à organiser des rondes avec ses voisins la nuit, quand elle ne dort pas carrément dans son champ, cachée sous les arbres pour ne pas être vue.
Des moyens déployés, des nuits perturbées
Son cheval a été agressé la première nuit où Roxane s'est autorisé un peu de répit. ''Je culpabilise, c'était le seul jour où je n'étais pas avec eux, confie Roxane. "On en est arrivé à de la barbarie gratuite. Il va falloir que ça s'arrête parce que ça va mal finir, cette histoire.'' Désormais, Roxane va mettre tous les moyens possibles pour surveiller son box.
J'ai mon téléphone chargé à fond, le 17 précomposé au cas où, mais il ne s'est jamais rien passé. Jusque-là, je n'ai jamais eu de visite.
Roxaneà franceinfo
Un dispositif important que Nicolas, lui, à quelques kilomètres de Lannion, a déjà mis en place. Il a par ailleurs ajouté des projecteurs et des caméras anti-intrusion. La raison de tout ce matériel, au coût bien sûr important, c'est que la jument de Nicolas a été visitée à deux reprises ces derniers jours. Ses deux oreilles ont été entaillées. ''Depuis on ne dort pas, on la veille. On a mis une tente devant le champ de blé et dès qu'on a un doute on sort avec la lampe et on fait le tour du champ.''
Ça peut arriver jusqu'à 30 ou 40 fois dans la nuit : dès qu'il y a un aboiement, un doute, on sort...
Nicolasà franceinfo
Tout un milieu en proie à la panique
"On continuera cette garde éreintante tant qu'il le faudra", affirme Nicolas. Une surveillance recommandée par les autorités. Au groupement de gendarmerie des Côtes-d'Armor, on prend ces histoires au sérieux. Une enquête a été ouverte et trois enquêteurs dédiés. Mais l'adresse au propriétaire est claire : restez prudents, alerte le lieutenant colonel Kerdoncuff. ''Il ne s'agit pas de tomber dans la psychose, note le gendarme, ou de tomber dans une volonté de faire justice soi-même. La gendarmerie s'inscrit plutôt dans une logique de participation citoyenne, à charge pour elle d'exploiter et de vérifier les différents renseignements qui nous seront communiqués.''
Et les appels de signalement sont nombreux. Une vraie panique a envahi le monde équin, témoigne Bertrand Neveu, de la Ligue française pour la protection du cheval : "C'est une véritable psychose ! Cela peut toucher n'importe qui, n'importe quel type de cheval ! On a eu des ânes, des chevaux de course, des chevaux de sport, des chevaux de loisir dans des structures type centre équestre ou chez des éleveurs ou chez des particuliers. Malheureusement, je pense qu'il y a encore d'autres cas si l'on n'accélère pas nos enquêtes face à cette accélération des cas.'' L'Association se constituera partie civile quand il y a plainte, tout comme la Fédération française d'équitation.
En un peu plus de six mois, au moins 13 chevaux ont été mutilés et tués à l'arme blanche en France. A chaque fois, le ou les auteurs ont emporté l'oreille sectionnée. Par ailleurs, plus d'une vingtaine de chevaux ont été blessés.
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