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Xavier Jugelé, Imad Ibn Ziaten, Clarissa Jean-Philippe... Ces représentants des forces de l'ordre qui ont perdu la vie dans des attaques terroristes

Policiers, gendarmes ou militaires... Deux femmes et huit hommes, tous au service de la nation, ont été assassinés dans des attentats perpétrés sur le territoire français depuis 2012.

Article rédigé par Nicolas Enault
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
De gauche à droite et de haut en bas : Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, Xavier Jugelé, Clarissa Jean-Philippe, Ahmed Merabet, Mohamed Legouad, Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Arnaud Beltrame. (FRANCEINFO / AFP / SIPA)

Il y a un an jour pour jour, Xavier Jugelé perdait la vie dans un attentat sur l'avenue des Champs-Elysées, à Paris. Le 20 avril 2017, le capitaine de police, âgé de 37 ans, était tué par balles dans l'exercice de ses fonctions lors d'une attaque revendiquée par le groupe Etat islamique. Une plaque commémorative doit être dévoilée vendredi après-midi sur le lieu de son assassinat.

Au total, depuis 2012, dix membres des forces de sécurité – policiers, gendarmes ou militaires – ont, comme lui, perdu la vie dans des attentats perpétrés sur le territoire national. Franceinfo revient sur le parcours de ces femmes et de ces hommes.

Imad Ibn Ziaten, maréchal des logis-chef

Imad Ibn Ziaten. (AFP)

Imad Ibn Ziaten a été assassiné le 11 mars 2012 à Toulouse. Agé de 30 ans au moment de sa mort, ce membre du régiment parachutiste de Francazal est la première victime de la macabre série d'attentats en Haute-Garonne, une semaine avant la tuerie dans l'école juive Ozar Hatorah, le 19 mars 2012.

La première mission du jeune homme, engagé volontaire en mars 2004, avait eu lieu au début de l'année 2006 à Libreville (Gabon). En tant que chef de groupe spécialiste livraison par air, chargé d'assurer le transport du matériel militaire en avion et son envoi à terre pour les troupes au sol, il y avait alors obtenu une lettre de félicitations du commandant de la force aérienne de projection. Par la suite, il a participé à de nombreuses opérations, en République centrafricaine, au Sénégal ou encore au Tchad.

Depuis cet assassinat, Latifa Ibn Ziaten, la mère d'Imad, parcourt la France pour échanger avec les jeunes, notamment dans les écoles et les prisons. Le maître mot de l'association "Imad pour la jeunesse et pour la paix" est le "dialogue". Dialogues entre les religions, mais aussi et surtout entre les jeunes Français et les différents acteurs de la société – enseignants, policiers, juges... 

Abel Chennouf, caporal-chef

Abel Chennouf. (PHILIPPE COUTY / AFP)

Le 15 mars 2012, Abel Chennouf, un jeune parachutiste de 25 ans, est assassiné à Montauban (Tarn-et-Garonne) en compagnie de Mohamed Legouad, près de leur caserne du 17e régiment du Génie parachutiste. Il avait intégré ce régiment début 2007, après avoir suivi un apprentissage d'électricien à Nîmes.

Dans une interview accordée au quotidien Libération, son père indique qu'il avait souhaité s'engager "par goût de l'aventure" et pour ressembler aux copains de son frère aîné qui "rentraient rasés et musclés de Sarajevo et de la Côte-d'Ivoire". Lui embarque pour l'Afghanistan. "Je m'attendais à ce qu'il meure [là-bas]déclare son père dans un entretien à l'AFP. Il est mort chez lui, à la maison."

Le 21 juin 2014, à la suite d'une autorisation exceptionnelle du président de la République, sa compagne a pu épouser le caporal-chef à titre posthume. Elle était enceinte de sept mois au moment de l'assassinat d'Abel Chennouf.

Mohamed Legouad, caporal

Mohamed Legouad. (SIRPAT / SIPA)

Assassiné au côté d'Abel Chennouf le 15 mars 2012 à Montauban (Tarn-et-Garonne), Mohamed Legouad, 23 ans, était originaire de la cité des Plantées, à Meyzieu (Rhône), dans la banlieue de Lyon. Il était engagé depuis deux ans au sein du 17e régiment du Génie parachutiste, régiment avec lequel il avait effectué une mission en Nouvelle-Calédonie pendant six mois. Il avait également participé à une mission de trois semaines à l'aéroport de Roissy, dans le cadre du plan Vigipirate, et devait partir le mois suivant à Angers pour un stage d'aptitude au commandement, explique L'Express.

Lors des obsèques du jeune caporal, le chef de corps du 17e RGP a évoqué le souvenir "d'un para valeureux et solide, à l'avenir très prometteur", qui avait "l'esprit joyeux, plein d'humilité et de disponibilité". Avant sa carrière militaire, Mohamed Legouad était passionné de football et évoluait comme arrière latéral sous le maillot de l'US Meyzieu.

Franck Brinsolaro, brigadier

Agé de 49 ans, Franck Brinsolaro appartenait au service de protection des hautes personnalités (SPHP). Le 7 janvier 2015, il assurait la protection de Charb, dessinateur de Charlie Hebdo, lorsqu'il a été assassiné en même temps que dix autres personnes dans les locaux du journal, à Paris. Il avait exercé sa profession un peu partout dans le monde : au Liban, en Bosnie, mais aussi au Cambodge ou en Afghanistan en tant que garde du corps de l'ambassadeur de France.

"Empathie", "gentillesse", "attentif aux détails minutieux"... Les mots choisis par François Hollande pour lui rendre hommage font écho à ceux que la femme de l’ambassadeur au Cambodge a utilisés pour honorer sa mémoire. Elle a décrit "l'immense courage et le professionnalisme" de Franck Brinsolaro lorsqu'il s'était chargé de l'exfiltration d'une trentaine de ressortissants français réfugiés à l'ambassade de France à Phnom Penh, lorsqu'un coup d'Etat avait éclaté en juillet 1997 et que l'ambassade avait été prise sous le feu de deux camps rivaux.

Ahmed Merabet, gardien de la paix

Ahmed Merabet. (SIPA)

Assassiné le 7 janvier 2015 boulevard Richard-Lenoir à Paris pendant la fuite des terroristes responsables de l'attaque de Charlie Hebdo, Ahmed Merabet était âgé de 42 ans. Il était membre de la brigade VTT du commissariat du 11e arrondissement et avait gravi les échelons de la police. L'une de ses collègues du commissariat du 11e arrondissement se souvient, dans un entretien publié sur le site de 20  minutes, qu'il "adorait son métier et venait d'obtenir les examens pour devenir officier de police judiciaire". Elle le décrit comme quelqu'un "de toujours prêt à aider" et comme "un superbe collègue, toujours volontaire". Il devait être affecté dans une nouvelle brigade au mois de mars 2015.

Originaire de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), il avait débuté sa carrière six ans auparavant dans ce département. Lors d'un hommage rendu quelques jours après les attentats dans la ville natale du policier, Claude Bartolone, alors président de l'Assemblée nationale, déclarait qu'"il est aujourd'hui le visage de la République". Son portrait figure sur un boîtier électrique de la rue où s'est déroulée la tragédie, dans une œuvre d'art réalisée par l'artiste C215 à la demande des collègues d'Ahmed Merabet.

Clarissa Jean-Philippe, brigadier de police municipale

Clarissa Jean-Philippe. (SIPA)

Au lendemain de l'attaque de Charlie Hebdo, Clarissa Jean-Philippe est assassinée avenue Pierre-Brossolette, à Montrouge (Hauts-de-Seine), où elle s'était rendue pour intervenir sur un accident de la route. Cette Martiniquaise de 25 ans devait être titularisée la semaine suivante dans la police municipale de la ville, au sein de laquelle elle terminait un stage. "Clarissa était une jeune fille très motivée, très enthousiaste et désireuse de réussir", a confié à l'AFP un responsable de la mission qui l'avait accueillie en formation en 2008. Après une formation d'agent de sécurité et de sûreté, elle était partie pour la métropole en 2013.

"Elle est devenue notre héroïne à tous", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, lors d'un hommage rendu trois ans plus tard. Par ailleurs, l'artiste de rue C215 a également souhaité rendre hommage à la policière en réalisant un portrait. Interrogé à ce sujet par La 1ère, il déclarait que "ces policiers, ce sont des héros et des victimes comme les autres".

Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider

Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing. (ALAIN ROBERT / SIPA)

Agé de 42 ans, le commandant adjoint du commissariat des Mureaux (Yvelines) a été assassiné à son domicile de Magnanville le 13 juin 2016 en compagnie de son épouse, Jessica Schneider, 36 ans. "Deux fonctionnaires qui ne cherchaient ni gloire ni honneurs mais qui faisaient leur devoir avec discrétion et rigueur, deux héros du quotidien", a résumé François Hollande, alors président de la République, lors d'un hommage rendu quelques jours après le drame.

Jessica Schneider avait rejoint les forces de police en 2005, à l'âge de 24 ans, comme adjointe administrative à la direction centrale de la Sécurité publique. Elle avait ensuite poursuivi sa carrière au commissariat de Mantes-la-Jolie en 2009. Quant à son époux, originaire de Pézenas (Hérault), il avait passé l'essentiel de sa carrière dans le département des Yvelines et était en poste à Mantes-la-Jolie jusqu'en 2015. Il a été nommé "dans le corps de conception et de direction de la police nationale, au grade de commissaire de police" dix jours après son assassinat.

Xavier Jugelé, gardien de la paix

Xavier Jugelé. (AFP)

Le 20 avril 2017, Xavier Jugelé est tué par balles sur les Champs-Elysées, à Paris, à l'âge de 37 ans. Il allait être muté quelques jours plus tard et quitter la direction de l'ordre public et de la circulation pour rejoindre la police judiciaire au service de coopération technique internationale de police. Originaire de Bourges (Cher), Xavier Jugelé était adhérent du syndicat Alliance Police nationale et de l'association Flag ! (l'association des policiers lesbiennes, gays, bisexuels et trans, LGBT). Avant de rejoindre la police en 2010, Xavier Jugelé avait été gendarme plusieurs années.

Il avait assisté à un concert de Sting le 12 novembre 2016 pour la réouverture du Bataclan et s'était d'ailleurs exprimé à ce sujet. Dans un article du site People.com, il témoignait de sa présence de la façon suivante : "Je suis content que le Bataclan réouvre. C'est symbolique. Nous sommes ici comme des témoins. Pour défendre des droits civiques. Ce concert est pour célébrer la vie. Pour dire non aux terroristes". Son compagnon a quant à lui prononcé une allocution émouvante lors de l'hommage national organisé en sa mémoire, dans laquelle il proclamait à l'adresse des terroristes : "Vous n'aurez pas ma haine."

Arnaud Beltrame, colonel de gendarmerie

Arnaud Beltrame. (AFP)

Arnaud Beltrame a perdu la vie dans l'attentat au Super U de Trèbes (Aude), le 23 mars 2018. L'officier, âgé de 45 ans, est "tombé en héros" et mérite "respect et admiration de la nation tout entière" après s'être substitué aux otages auprès de l'assaillant, selon les mots d'Emmanuel Macron. Interrogée par RTL, sa mère assure que personne n'a été surpris d'apprendre qu'il avait pris la place d'un otage : "C'est sa raison de vivre, défendre la patrie".

Né à Étampes (Essonne), Arnaud Beltrame a gravi un à un les échelons de la gendarmerie, après s'être engagé il y a vingt-trois ans comme officier de réserve. Il était sorti major de Saint-Cyr en 1999, où ses supérieurs avaient décelé un militaire "qui se bat jusqu'au bout et n'abandonne jamais", selon l'Elysée, et également major de l'Ecole des officiers de la gendarmerie en 2001. Il avait été retenu en 2003 avec six autres gendarmes, sur 80 candidats, pour intégrer l'actuel GIGN. C'était un officier aguerri et habitué aux missions dans les zones de guerre, notamment en Irak.

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